Article publié le jeudi 16 août 2017 à 11h05, mis à jour à 14h
C'est Thomas Winkelmann lui-même, le président du directoire d'Air Berlin en dépôt de bilan depuis mardi, qui le révèle : pour la reprise de ses actifs, la compagnie discute non seulement avec la première compagnie allemande, Lufthansa, mais également avec deux autres entreprises du secteur de l'aviation.
Dans un entretien publié jeudi 17 août par le Frankfurter Allgemeine Zeitung (la "FAZ" est le quotidien allemand le plus diffusé dans le monde), le patron d'Air Berlin assure que les trois compagnies aériennes engagées dans la négociation "n'ont rien à démontrer pour ce qui concerne leur situation financière et sont d'une taille suffisante pour assurer à Air Berlin un avenir sûr et souhaitent en outre conserver l'Allemagne comme base opérationnelle".
L'occasion pour Lufthansa de contrer Ryanair et Easyjet
La compagnie aérienne déficitaire a déposé son bilan mardi et Lufthansa tente d'en profiter pour consolider ses positions face à des compagnies telles que Ryanair et Easyjet .
Selon Winkelmann, les discussions portent sur les actifs de sa filiale Niki. Etihad, principal actionnaire d'Air Berlin avait rachetée en décembre 2016 à Air Berlin 49,8% du capital de la compagnie fondée par l'ancien triple champion du monde de F1 Niki Lauda en 2003 au prix de 300 millions d'euros. Pour mémoire, en injectant ces 300 millions d'euros, Etihad comptait utiliser Niki pour créer la compagnie low-cost commune au groupe TUI (numéro un européen du tourisme), un projet qui a finalement avorté en juin dernier.
| Lire : Etihad fera-t-il avec Lufthansa l'alliance qu'il rêvait avec Air France-KLM ?
Moisson de créneaux horaires pour Eurowings et Condor
La FAZ précise que Winkelmann veut conclure un accord avec deux acheteurs voire plus d'ici à la fin septembre, rapporte Reuters. RedaktionsNetzwerk Deutschland (RND), un organisme représentant la presse allemande, cite des sources gouvernementales suivant lesquelles Lufthansa, sa filiale à bas coûts Eurowings et Condor, compagnie aérienne du voyagiste Thomas Cook, récupéreraient les créneaux les plus intéressants d'Air Berlin.
Selon l'AFP, le britannique Easyjet ainsi que Condor, une compagnie allemande appartenant au groupe de tourisme britannique Thomas Cook, sont cités par plusieurs médias.
Plainte de Ryanair, mais approbation du ministre des Transports
Pour le ministre des Transports Alexander Dobrindt, l'opération est une bonne opportunité pour le secteur de l'aviation allemand.
"Il faut saisir l'occasion de placer stratégiquement les 140 avions, les capacités et le personnel d'Air Berlin et de renforcer la position du secteur de l'aviation de l'Allemagne dans le marché international", a-t-il dit au quotidien Bild.
Quelques créneaux pourraient revenir à Ryanair. Des miettes qui, semble-t-il, n'ont pas réussi à calmer les récriminations de la compagnie low-cost puisque celle-ci a déposé deux plaintes contre la procédure de dépôt de bilan d'Air Berlin, .
Berlin a en effet accordé à Air Berlin un crédit-relais de 150 millions d'euros pour lui permettre d'assurer les vols d'Air Berlin (et de sa filiale autrichienne Niki) pendant trois mois et préserver 7.200 emplois pendant que le déroulement des négociations.
"C'est clairement un jeu de dupes" (Michael O'Leary)
Cette intervention du gouvernement fédéral, à quelques semaines des élections générales allemandes du 24 septembre, a conduit Ryanair à déposer deux plaintes : une devant la Commission européenne et une autre devant l'office allemand des cartels, ceci afin de bloquer la reprise d'Air Berlin par Lufthansa.
Michael O'Leary, le patron de la compagnie irlandaise à bas coûts qui avait dénoncé une "conspiration" entre Berlin, Lufthansa et la compagnie en crise, s'est dit intéressé par la reprise des activités d'Air Berlin en cas de "processus de liquidation normal et équitable", dans un entretien accordé au journal Handelsblatt, publié hier après-midi et titré : "Ceci est clairement un jeu de dupes".
Dans un autre article paru dans la soirée dans le même journal, Matthias Machnig, secrétaire d'État au ministère fédéral de l'Économie et de l'Énergie, se voyait obligé de se justifier pour réfuter les accusations de Michael O'Leary qui voit dans ce dépôt de bilan "une mise en scène pour avantager Lufthansa".
(avec Reuters et AFP)
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