Sans surprise, les pertes d'Air France-KLM au cours du deuxième trimestre (avril-juin) sont très lourdes. Pendant ces trois mois au cours desquels l'activité était quasiment arrêtée, le groupe a essuyé une perte d'exploitation de 1,55 milliard d'euros, en baisse de 1,9 milliard d'euros par rapport au bénéfice de 423 millions d'euros dégagé l'année dernière. En raison d'une dépréciation des Airbus A380 et A340 et d'une provision pour restructuration de 227 millions d'euros, la perte nette s'élève quant à elle à 2,612 milliards d'euros, le tout pour un chiffre d'affaires de 1,182 milliard d'euros, en chute de 83%.
Sur les six premiers mois de l'année cette fois, les recettes se sont élevées à 6,2 milliards d'euros, pour une perte d'exploitation de 2,6 milliards d'euros et une perte nette de 4,4 milliards d'euros.
"Les résultats du deuxième trimestre traduisent l'impact sans précédent de la crise du Covid-19 sur l'activité du groupe et de l'ensemble des compagnies aériennes mondiales", a souligné Ben Smith, le directeur général du groupe, dans un communiqué.
Dans le détail, Air France a essuyé une perte d'exploitation de 1,056 milliard d'euros au deuxième trimestre (1,6 milliard sur le semestre), KLM de 493 millions (768 millions sur le semestre), et Transavia de 111 millions (193 millions sur le semestre).
La reprise d'activité est lente
"La visibilité sur la courbe de reprise de la demande est limitée car le comportement de réservation des clients est beaucoup plus orienté vers le court terme qu'avant la crise du Covid-19, en particulier sur le réseau long-courrier" soumis aux politiques gouvernementales d'ouvertures de frontières.
Les vols domestiques ont pu reprendre ainsi qu'en Europe entre la plupart des pays mais la situation est plus complexe pour les vols long-courrier alors que la pandémie de coronavirus a franchi jeudi un nouveau cap avec plus de 17 millions de contaminations, dont plus de la moitié dans trois pays (États-Unis, Brésil, Inde).
Les voyageurs préfèrent attendre la dernière minute pour faire leur réservation et le "rétablissement de la classe affaires s'engage de manière plus lente que le tourisme", a expliqué le directeur financier du groupe Frédéric Gagey, au cours d'une conférence téléphonique.
Pour le mois de septembre par exemple, le groupe avait, l'an dernier à la même période, déjà vendu 52% des sièges moyen-courrier contre seulement 18% cette année, a-t-il précisé.
Au troisième trimestre, le groupe va proposer une offre de seulement 45% par rapport à la même période l'année dernière et de 65% au quatrième trimestre.
"Mais ces capacités seront revues à tout moment en fonction de l'évolution de la crise", a prévenu Frédéric Gagey.
Le scénario de base du groupe prévoit d'exploiter en 2021 une offre réduite d'au moins 20% par rapport à 2019.
Recapitalisation
Au 30 juin, Air France-KLM disposait de 14,2 milliards de liquidités ou de lignes de crédits dont les 10,4 milliards de prêts directs ou garantis accordés par la France et les Pays Bas (7 milliards par la France et 3,4 milliards par les Pays Bas). Mais la consommation de cash est importante. Au deuxième trimestre, le goupe a essuyé un cash-flow libre opérationnel ajusté négatif de 1,5 milliards d'euros. Il aurait dépassé les 2,2 milliards sans la réduction d'investissements.
En outre, "des éléments exceptionnels sont prévus avec un impact sur la trésorerie au second semestre 2020", explique Air France-KLM, qui mentionne "le risque sur le fonds de roulement dû aux remboursements des recettes des billets prépayés, estimé à 1,6 milliard d'euros" ou le remboursement des lignes de crédit renouvelables déjà tirées de KLM soit 700 millions d'euros.
Au regard de la reprise du trafic extrêmement lente, une recapitalisation semble inévitable. Air France-KLM ne cache pas étudier le sujet et explique "poursuivre ses réflexions initiées en avril dernier sur le plan de renforcement des fonds propres et quasi-fonds propres d'ici mai 2021, sous réserve des conditions de marché".
Suppressions de postes
La direction d'Air France-KLM a engagé un plan de "reconstruction" du groupe après la crise du Covid-19 qui passera par une réduction de 40% du réseau intérieur français - sur lequel Air France a perdu 200 millions d'euros en 2019 - et la suppression de 7.580 postes d'ici fin 2022, soit 16% des effectifs d'Air France et 42% de ceux de Hop! qui assure les liaisons domestiques.
Aux Pays-Bas, "le plan de restructuration de KLM prévoit une réduction significative" du nombre d'emplois et la compagnie néerlandaise "a déjà lancé un plan de départ volontaire auquel 2.000 employés (en équivalent temps plein) ont souscrit à la date limite de clôture", a précisé le groupe jeudi. Ce vendredi, la compagnie néerlandaise a annoncé qu'elle supprimerait jusqu'à 5.000 emplois d'ici fin 2021.
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