Bientôt un plan d'action pour la sécurisation des transports en France

Un plan d'action pour la sécurisation des transports en France est sur le point d'être lancé. Un rapport du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) émanant de travaux interministériels réalisés depuis six mois, a été remis mercredi en conseil de défense de l'Elysée. Il sera présenté prochainement au gouvernement.
Fabrice Gliszczynski
Ce plan d'action se décline en 52 actions transverses et actions par mode de transport, dont le suivi est assuré par la SGDSN.

Après la tentative d'attentat qui a échoué de peu dans le Thalys en août 2015, après celles qui, hélas, ont atteint leur cible, comme à Bruxelles en mars 2016 dans le métro et le hall de départs de l'aéroport Zaventem, ou à Istanbul fin juin 2016 à l'aéroport Atatürk, un plan d'action pour la sécurisation des transports en France est sur le point d'être lancé.

Un rapport du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), émanant de travaux interministériels réalisés depuis six mois, a été présenté mercredi en conseil de défense de l'Elysée. Il sera également présenté prochainement au gouvernement.

Le secteur maritime a fait de très gros progrès

Si les propositions touchent l'ensemble des transports, elles concernent majoritairement les transports terrestres, en raison de leur retard en par rapport au transport aérien, (dont les mesures vont néanmoins être renforcées), et au transport maritime, qui a fait de gros efforts pour améliorer son niveau de sûreté avec la mise en œuvre, en 2016,  de mesures inspirées de celles du transport aérien, comme le renforcement des contrôle des passagers, des bagages, des véhicules embarqués dans les ferries, ou encore de la mise en place de "Sea Marshalls" à bord et de patrouilles armées sur les traversées transmanche  en collaboration avec le Royaume-Uni.

Lire aussi : Ces innovations qui vont améliorer la sûreté sans gêner les passagers

Pas de portiques de détection des métaux et de scanners à rayon X généralisés

Dans le ferroviaire, à part quelques mesures d'urgence prises dans la foulée de la tentative d'attentat dans le Thalys, les efforts restent encore à optimiser. Une chose est sûre : les déclarations fracassantes de Ségolène Royal en décembre 2016 sur son intention d'installer des portiques détecteurs de métaux et des scanners au rayon X pour le contrôle des bagages dans toutes les gares ne seront pas suivies d'effet.

Le rapport ne recommande pas en effet cette mesure préconisée par la ministre de l'Environnement. Vu la configuration des gares et du réseau ferré, cette mesure ne peut être envisagée. Installées sur les quais de la gare du Nord à Paris pour les trains Thalys, de tels portiques seront néanmoins maintenus.

Lire ici : Ségolène Royal veut des portiques pour tous les trains de France

«Dans le ferroviaire, il y a toujours un besoin de hiérarchiser les priorités car on ne peut sécuriser l'ensemble du ferroviaire. Il faut prioriser les grandes gares, les nœuds d'interconnexion, les nœuds d'interconnexion aéroports et gares (ferroviaire ou RER) et apporter un certain nombre de moyens qu'on va développer dans ce plan d'actions », explique Thierry Gautier, secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale.

Par ailleurs, évoqué fin 2015, le projet d'installer des portiques de sûreté à l'entrée des gares a très vite été abandonné.

Lire ici : Le projet de portiques de sûreté à l'entrée des gares tombe à l'eau

Loi Savary contre le risque d'attentats

Promulguée en mars 2016, la loi Savary contre le risque d'attentats, la fraude et les incivilités dans les transports collectifs étend fortement les prérogatives des agents de la SNCF et de la RATP.  Elle autorise en effet les agents de la police ferroviaire à être non seulement armés mais aussi à procéder à des inspections visuelles, des fouilles et des palpations de sécurité sur les voyageurs et leurs bagages.

Cette nouvelle procédure ne sera possible qu'avec le consentement de la personne. En cas de refus, les agents SUGE (police ferroviaire) ont la possibilité d'interdire à cette personne l'accès à bord et à la gare. Les agents SUGE peuvent expérimenter depuis le 1er janvier( et pour une période de trois ans), des dispositifs de «caméra-piéton ». Ces caméras devront être portées de façon apparente et les agents auront l'obligation de prévenir la personne avant de déclencher un enregistrement.

Vidéosurveillance

Le rapport préconise toute une série de mesures pouvant le plus souvent s'appliquer à différents modes de transport. C'est le cas des nouvelles technologies de vidéosurveillance qui, grâce à des algorithmes, permettent de détecter des comportements inhabituels, et remonter le tracé d'un colis abandonné. D'autres algorithmes permettent quant à eux de connecter des systèmes de reconnaissance faciale à des fichiers de personnes à risque.

Par ailleurs, pour optimiser le protocole des démineurs de colis abandonnés, un système de cloches résistantes aux explosifs est également envisagé. S'ajoute aussi la formation de chiens renifleurs capables de détecter des explosifs indétectables aux détecteurs d'explosifs, ou encore des portiques capables de détecter une quantité de métal similaire à celle d'une kalachnikov.... Au total, ce plan d'action se décline en 52 actions transverses et actions par mode de transport, dont le suivi est assuré par la SGDSN.

Plateformes de tests

Surtout, pour tester ces technologies dans un environnement opérationnel, le SGDSN recommande la mise en place d'une plateforme d'évaluation qui permettrait également "aux administrations et aux opérateurs d'avoir accès, à coûts partagés, à une panoplie de solutions techniques et d'orienter les travaux des industriels de manière à prendre en compte les contraintes des opérateurs".

"Un appel à projets a été lancé en octobre par BPIFrance dans le cadre de l'action "projets industriels d'avenir" du deuxième programme du programme d'investissements d'avenir (PIA) pour mettre en place une plateforme chargée de mutualiser les travaux des opérateurs, industriels et utilisateurs finaux", indique le SGDSN. La remise des offres est attendue le 17 février.

Organiser la commande

L'un des objectifs de cette plateforme consiste notamment à organiser les demandes des différentes entreprises qui ont souvent besoin des mêmes technologies.

«Si vous voulez qu'un industriel investisse, il doit être assuré, si son dispositif est homologué, qu'il puisse l'amortir sur des commandes importantes », explique Thierry Gautier.

Or la demande est éclatée entre les opérateurs, l'Etat, les collectivités locales. La SGDSN va donc chercher à les mettre en relation dans le but d'organiser la commande.

Pour autant, de l'aveu même de Thierry Gautier, il manque une pièce dans le puzzle:

"Je pense qu'un jour, il y aura besoin au sein de l'Etat, d'un service interministériel capable au moins d'exprimer l'étendue du besoin et d'aider à le finaliser". A la manière de que fait la Direction générale de l'armement (DGA) dans la Défense.

Criblage massif

Enfin, le rapport préconise tout un système de criblage des personnels des sociétés de transport, inscrit dans la Loi Savary sur le renforcement des mesures de sûreté dans le ferroviaire. Le ministre de l'Intérieur a lancé un service qui va se focaliser sur ces enquêtes administratives, à la manière de celui qui existe pour les personnels des centrales nucléaires. La mission est de taille. Le potentiel de personnes criblées est estimé entre 200.000 et 250.000 personnes.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 3
à écrit le 27/01/2017 à 2:24
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De quoi degoutter le voyageur lambda de faire du tourisme dans le pays de Descartes.

à écrit le 26/01/2017 à 17:36
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Bravo, on n'a que les revendications, souvent incompréhensibles ,même pour les intéressés , des grève des cheminots, et il ne faut pas compter sur les syndicats qui les défendent, contre les intérêts des autres travailleurs, qui cherchent à rejoindre...

à écrit le 26/01/2017 à 11:20
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Le marché de la sécurité se porte très bien c'est un fait, mais est-ce une bonne nouvelle ?

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