Comment Uber veut se réconcilier avec les chauffeurs VTC

La compagnie de voitures de transport avec chauffeur, en conflit depuis plusieurs mois avec ses partenaires en France autour notamment des tarifs, a annoncé lundi un "changement stratégique", qui doit permettre de rétablir une relation de confiance.
Mounia Van de Casteele
Uber a décidé de transformer sa proposition d'une enveloppe financière de deux millions d'euros en un "dispositif sans plafond financier", a expliqué Steve Salom, le nouveau DG d'Uber France.

La filiale française du géant du VTC (voitures de transport avec chauffeur) Uber, en conflit depuis plusieurs mois avec ses partenaires chauffeurs notamment à cause des tarifs et des commissions prélevées a annoncé lundi un "changement stratégique", afin d'améliorer la situation.

"Ce changement stratégique, c'est passer de la croissance et d'une logique d'efficacité et d'efficience, vers une approche de croissance pérenne", a expliqué le nouveau directeur France d'Uber, Steve Salom, succédant à Thibaut Simphal, qui dirige désormais la zone Europe, lors d'une conférence de presse. Uber France "se donne les moyens aujourd'hui de faire ce qui est nécessaire pour rétablir la confiance avec les chauffeurs", a-t-il assuré.

Pour la compagnie, l'enjeu est de taille, tant en termes d'image auprès de ses clients, que de départs de ses chauffeurs qui privilégient d'autres plateformes VTC, comme Chauffeur-Privé, Marcel ou Allocab pour trouver des courses mieux rémunérées.

Restaurer la confiance perdue

Les effectifs des centres d'accueil ont ainsi été doublés et Uber a créé une équipe spécialement dédiée aux relations avec les chauffeurs. "La priorité pour l'équipe, c'est de restaurer la confiance avec les chauffeurs", a indiqué Julie Touyarot, qui la dirige.

La grogne était montée chez les chauffeurs en décembre dernier, lorsqu'Uber avait annoncé la hausse de sa commission pour les courses UberX, qui est passée de 20% à 25%. Uber l'avait justifiée en expliquant que ce ratio devait être homogène dans tous les pays où l'application est présente. Et avait dans le même temps annoncé une hausse des tarifs censée contenter les chauffeurs, qui se plaignaient de la baisse arbitraire imposée par l'entreprise en 2015. Mais la pilule n'est pas bien passée. Si bien que cela avait débouché sur une médiation gouvernementale, sous l'égide de Jacques Rapoport, qui avait abouti en février à une proposition d'Uber d'aider financièrement les chauffeurs en difficulté. Ce qui n'avait toutefois pas satisfait les syndicats.

Si bien que le précédent gouvernement avait annoncé le lancement de travaux sur la fixation d'un tarif minimum applicable au secteur, comme c'est le cas pour la profession réglementée des taxis. Une solution vivement saluée par les syndicats VTC, mais pas par Uber, bien entendu.

Lire: Pourquoi la médiation Rapoport a échoué selon les syndicats VTC

Du coup, Uber a décidé de transformer sa proposition d'une enveloppe financière de deux millions d'euros en un "dispositif sans plafond financier", a expliqué Steve Salom. Quelque "1,8 million d'euros ont été investis déjà. On va dépasser très allègrement l'enveloppe de deux millions d'euros dans les prochaines semaines", a indiqué le directeur France d'Uber. Cette somme a servi à financer l'accompagnement par un prestataire extérieur de "plusieurs centaines de chauffeurs" qui rencontraient des difficultés financières.

Financer la transition des chauffeurs Loti en VTC

Par ailleurs, la compagnie s'est engagée à financer une partie de la formation des chauffeurs Loti (transport collectif à la demande), qui devront à partir du 1er janvier 2018 être titulaires de la carte VTC et donc être reçus à l'examen.

Rappelons à cet égard que l'autorité de la concurrence a récemment mis en garde contre certaines curiosités de la loi Grandguillaume censée réguler le secteur du transport particulier de personnes à la demande, et qui risque de mettre sur le carreau ces quelque 15.000 conducteurs "Loti" travaillant pour des centrales de réservation de VTC dans des agglomérations de plus de 100.000 habitants. Et pour éviter une telle situation, l'Autorité préconise dans son avis de prévoir, pour quelques cas particuliers, une dérogation permettant de ne requérir que 3 mois d'expérience professionnelle (et non pas 1 an) pour les Loti exerçant avant l'entrée en vigueur de la loi Grandguillaume, dans le but de leur éviter d'être licenciés.

En attendant, Uber a préféré prendre les devants. Et accompagne les chauffeurs, entre autres en les aidant financièrement dans cette transition. "On s'est engagé à hauteur de 200 euros par chauffeur", soit jusqu'à 3 millions pour les 15.000 chauffeurs Loti que compte l'Hexagone, "nous sommes prêts à le faire, si nous pouvons aider ces chauffeurs à pérenniser leur activité et devenir VTC", a assuré Steve Salom.

D'ailleurs depuis fin mai, l'entreprise ne recrute plus que des partenaires chauffeurs ayant la carte professionnelle de VTC ou étant inscrits à l'examen. De quoi se prémunir d'une potentielle pénurie de chauffeurs, qui ont jusqu'à la fin de l'année pour devenir VTC, en leur montrant que leur conversion est possible. Encore faut-il la préparer.

Lire aussi: L'autorité de la concurrence étrille la loi Grandguillaume

Mounia Van de Casteele

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Commentaires 2
à écrit le 20/06/2017 à 9:33
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Il faut libéraliser le marché : rendre la licence des VTC disponible pour tous ceux qui ont plus de 6 points de permis, moyennant contribution (pas de vente ni de don de licence mais location à l'état) Par contre il faut que les acteurs du marché res...

à écrit le 19/06/2017 à 22:06
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Avec 25 % de comision pas d intérêt de travailler avec uber. Les vtc devrait tous devenir des taxis. Et suprimer les vtc

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