Et si le « digital » amputait les marges des aéroports ?

Selon une étude du cabinet Roland Berger, le digital favorise le développement de concurrents qui mettent en risque les revenus des aéroports provenant des ventes en duty free et des parkings. Si rien n'est fait, les aéroports pourraient perdre entre 2,5 et 5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.
Fabrice Gliszczynski

Des applications d'enregistrement sur smartphone avec des cartes d'embarquement « numériques », des services de dépose bagage, de géolocalisation..., si le « digital » permet d'apporter toute une kyrielle de services aux passagers dans les aéroports, apporte-t-il autant d'avantages aux gestionnaires d'aéroports ?

Ubérisation des deux vaches à lait

Pas sûr selon le cabinet Roland Berger, qui pointe les menaces « d'uberisation » que font peser les technologies digitales sur deux des vaches à lait achats de tous les gestionnaires aéroportuaires, en l'occurrence les commerces et des parkings. Pour rappel, les aéroports vivent sur deux pieds : les revenus aéronautiques provenant des redevances prélevées sur les compagnies aériennes pour l'utilisation des infrastructures, et les revenus des commerces, des bars, des restaurants, mais aussi des parkings. Ce dernier volet génère des marges très élevées.

«Les aéroports pourraient perdre entre 2,5 et 5 milliards de dollars de recettes au cours des cinq prochaines années s'ils ne réagissent pas. 3 à 6% de la marge opérationnelle est à risque », explique Roland Berger.

De nouveaux concurrents

Le plus gros risque concerne les ventes en duty free. En effet, si les aéroports ne seront que marginalement impactés par le transfert de passagers de l'aviation commerciale classique vers de nouvelles formes de voyages aériens, comme le coavionnage par exemple, ils seront davantage menacés par la baisse des dépenses des passagers en aéroports, liées à la mise en place d'offres concurrentes. La manne est considérable. Dans les aéroports parisiens par exemple, chacun des 97,2 millions de passagers accueillis l'an dernier a dépensé 18,7 euros en moyenne. À Londres Heathrow ou Amsterdam Schiphol, c'est encore plus.

L'étude pointe deux types de concurrents sur les ventes en duty free, sur lesquelles les aéroports règnent en maître avec 58% des ventes. Les compagnies aériennes tout d'abord qui sont en train de développer, grâce à Internet, des offres beaucoup plus larges que celles proposées jusqu'ici dans les catalogues à bord et les chariots des hôtesses et stewards. Certaines créent des plateformes Internet permettant de précommander les achats en amont du vol et de les récupérer soit à bord soit à l'arrivée sur le lieu de destination, soit enfin au domicile du passager. La logique est là même quand d'autres compagnies proposent sur les écrans vidéos à bord des avions ou sur les smartphones, ordinateurs portables/tablettes... connectés au sol grâce à la généralisation du wi-fi dans les avions.

«Nous prévoyons que les compagnies capteront entre 3 et 7% des ventes, une part prise sur les aéroports », explique l'étude de Roland Berger.

En installant dans les aéroports des machines permettant de récupérer des achats à l'aéroport commandés en ligne, de nouveaux entrants tels que DHL Amazon ou Post NL peuvent aussi concurrencer les ventes en duty free des aéroports, souligne l'étude.

Nouveaux usages de la voiture

L'autre gros risque concerne les parkings des aéroports avec l'émergence de nouvelles mobilités comme l'autopartage, les entreprises de VTC, ou demain la voiture connectée qui permettra de déposer les passagers à l'aéroport et de retourner se garer au domicile de ces derniers. S'ajoutent aussi dans le cas français les solutions permettant à un passager aérien étant de venu à l'aéroport avec sa propre voiture de la louer durant le temps de son voyage.

Face à ces menaces, des réponses existent, selon Roland Berger. Certes, si des mesures défensives peuvent être décidées comme fermer la porte des aéroports aux comme Google ou Amazon ou aux gens comme Uber, l'étude met également l'accent sur des possibilités de partenariat avec ces nouveaux concurrents pour partager les revenus. Ces alliances pourraient concerner un pool d'aéroports pour travailler sur une application commune ou des aéroports, mais aussi des compagnies aériennes qui possèdent un stock de données clients autrement plus important que les aéroports, mais qui sont très peu présentes dans les ventes en aéroport, sans oublier les GAFA en créant des liens entre leur application d'orientation et celles des aéroports.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 2
à écrit le 01/04/2017 à 12:09
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Il est urgent d'imposer la "clause MOLIERE" aux journalistes qui ne maîtrisent ni le français et encore moins l'anglais

à écrit le 31/03/2017 à 18:40
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Digital renvoie aux doigts, en français.( ex : empreintes digitales). Pour éviter le ridicule, il faut donc utiliser le terme numérique, sans les guillemets. Car digit = anglais = chiffre d'où digital = numérique...

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