French Blue, cette low-cost long-courrier qui veut secouer le marché

La nouvelle compagnie aérienne du groupe Dubreuil va débuter ses vols en juillet. Elle compte débouler sur la République dominicaine et La Réunion avec des tarifs au moins inférieurs de 10% à ceux en vigueur aujourd'hui.
Fabrice Gliszczynski

C'est désormais officiel. Comme nous l'annoncions le 12 février dernier, la compagnie low-cost long-courrier que lance le groupe Dubreuil, également propriétaire d'Air Caraïbes, s'appelle French Blue. Ce projet a été dévoilé ce jeudi à l'occasion d'une conférence de presse. Il s'agit de la première création de compagnie aérienne française long-courrier depuis L'Avion en 2006. Juste auparavant, la liquidation d'Air Lib en 2003 avait provoqué le lancement de l'activité long-courrier d'Air Caraïbes et d'Air Austral (tous deux opérateurs régionaux, à l'époque), et la création ex-nihilo d'Air Bourbon, laquelle a vite disparu.

Il s'agit surtout de la première compagnie aérienne française low-cost long-courrier.

Profiter de la croissance touristique en République dominicaine

Si elle débutera ses vols cet été en effectuant des vols vers Pointe-à-Pitre pour le compte d'Air Caraïbes, French Blue fera ses grands débuts en septembre en ouvrant, en propre, des vols sur Punta Cana, en République dominicaine, un axe sur lequel la direction mise énormément en espérant rafler, à terme, 20% de parts de marché. «Les prévisions de croissance touristique de la République dominicaine dépassent les 15% par an », a justifié Marc Rochet, président de French Blue. La compagnie espère exploiter rapidement quatre fréquences sur Punta Cana.

Par ailleurs, French Blue, va assurer pour le compte d'Air Caraïbes des vols vers Saint-Domingue (la capitale de la République dominicaine) et vers Port-au-Prince, la capitale de la République de Haïti (toute proche, les deux pays se partageant la même île). Ces vols seront assurés en Airbus A330 de 378 sièges, dont 350 en classe économique et 28 en classe Premium.

Dans l'océan Indien, la guerre des prix s'annonce sans merci

Côté océan Indien, Jean-Paul Dubreuil, le président du conseil de surveillance du groupe, a par ailleurs annoncé le lancement de vols entre Paris et La Réunion en mai 2017 mais aussi sur l'île Maurice, sous réserve de droits de trafic.

Avec déjà quatre opérateurs entre Paris et La Réunion (Air France, Air Austral, Corsair et XL Airways), l'arrivée de French Blue va entraîner de facto une guerre tarifaire sans merci. Si les prix (et celui des options payantes) ne seront pas communiqués avant le 7 juin prochain, French Blue promet néanmoins des tarifs au moins inférieurs de 10% aux tarifs pratiqués aujourd'hui par les concurrents. « Il faut qu'il y ait un décrochage de tarifs par rapport à ce qui existe aujourd'hui au départ de Paris », a indiqué Marc Rochet.

Trois niveaux de tarifs

A terme, cette route pourrait également intéresser la low-cost norvégienne Norwegian.
S'inspirant d'Eurowings, la filiale low-cost de Lufthansa, et de Hop, filiale d'Air France, French Blue proposera trois niveaux de tarifs : un tarif "Basiq" pour les passagers qui n'ont pas de bagages en soute (un bagage de 12 kilos est autorisé à bord, les repas seront en option), le tarif "Smart Basiq Plus" qui inclut un bagage de 23 kg en soute, un repas, la sélection du siège) et un tarif Premium qui autorise deux bagages et inclut « de nombreux privilèges ».

Les places seront commercialisées sur le site de la compagnie mais aussi par Air Caraïbes qui placera son code sur chacune des destinations assurées par French Blue.
Pour desservir l'océan Indien, French Blue utilisera deux Airbus A350. « L'A330 sera positionné sur les lignes de 9 heures de vol, l'A350 sur celles de 13 heures », a expliqué Muriel Assouline, la directrice générale de French Blue. Ces A350 disposeront de 415 sièges et seront également configurés en deux classes.

Un niveau de services "au top de l'industrie"

La direction mise sur le confort. Les sièges en classe économique sont ceux de Lufthansa et de Singapore Airlines. Tous disposeront d'un écran individuel de 25 centimètres (30 cm en Premium), d'une prise USB et pour PC. Les cabines sont configurées en rangées de 9 sièges en classe économique (7 de front en Premium) avec un espacement entre les sièges de 32 pouces en classe économique et 36 pouces en Premium. L'inclinaison des sièges sera de 6,5 pouces contre un standard de 4 pouces pour l'industrie. Le wifi (payant) sera disponible sur toute la flotte. « Nous nous sommes mis au top de l'industrie », a déclaré Marc Rochet.

Ce niveau de services permet d'éviter un écueil que rencontre une compagnie « no frills » (sans chichis) sur le long-courrier: ne pas arriver à vendre des billets au-delà du prix d'appel en raison d'un niveau de confort insuffisant par rapport à des concurrents.

"Tous les coûts sont revisités"

Pour pouvoir baisser les prix et arriver à l'équilibre financier dès le deuxième exercice, French Blue compte sur la légèreté de sa structure de coûts. Celle-ci sera plus basse que celle d'Air Caraïbes, laquelle compagnie est déjà le transporteur français le plus compétitif aujourd'hui (XL Airways n'est pas loin).

« Tous les coûts sont revisités. Nous avons fait un balayage de tous les coûts liés à l'exploitation », a expliqué Marc Rochet.

En partant d'une feuille blanche, la compagnie low-cost débutera en effet avec des règles d'utilisation et des conditions de travail pour le personnel dénuées de tout l'héritage d'accords d'entreprises qui pèse sur les compagnies historiques. «Avec un mille-feuille d'accords d'entreprises (c'est ce qui plombe le transport aérien français), on ne peut pas disposer de quelque chose de moderne et d'efficace », déclare Marc Rochet.

Les navigants voleront entre 800 heures et 850 heures par an, un niveau atteint aujourd'hui par certains équipages d'Air Caraïbes (mais aussi par certains d'Air France, sur 777 selon des réactions de certains pilotes sur Twitter).

Les syndicats d'Air Caraïbes s'interrogent

French Blue va permettre de créer 400 postes en deux ans. Pour le premier appareil, les 9 commandants de bord et sept copilotes ont été recrutés. « Ils ont tous une grande expérience du long-courrier », fait valoir Muriel Assouline (un pilote vient de chez Etihad, un autre était pilote de l'avion du chef de l'Etat). Les PNC (personnel navigant commercial) sont en cours de recrutement.

Reste à voir l'entente avec Air Caraïbes, où les syndicats s'inquiètent du développement de French Blue. Jean-Paul Dubreuil a assuré qu'il n'y avait pas de risque de cannibalisation. Et qu'Air Caraïbes continuerait à se développer.

   | Lire ici : French Blue fait des vagues chez Air Caraïbes

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 3
à écrit le 19/03/2016 à 16:49
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Lyon-St-Exupery vous ouvre grand les bras pour des liaisons LYS-PAP, LYS-FDF ou LYS-RUN !!! Et si AirFrance veut faire de même, vous êtes tous les bienvenus à Lyon !!!(même sous Transavia long courrier...)

à écrit le 19/03/2016 à 11:53
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..." qui veut secouer le marché ..." et nous nous allons etre de rires , ou de sanglots si c'est ...avec nos impots !

à écrit le 18/03/2016 à 7:34
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Excellente nouvelle ! voici qu'une compagnie française se positionne face aux opérateurs étrangers , allemands, norvégiens et autres pour sortir un nouveau produit et rentrer dans ce nouveau marché du low cost long courrier ! Superbe pour une fois qu...

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