Les employés d'Uber ont pu traquer des milliers de personnes

Des milliers d'employés pouvaient consulter les trajets des utilisateurs de l'application et avoir accès à leurs données de géolocalisation, selon l'ancien enquêteur judiciaire de la startup. Uber a déclaré être en règle avec les lois sur la protection des données privées.
Laszlo Perelstein
Après la dernière mise à jour de son application, la startup la plus valorisée au monde est déjà sous le feu des critiques des défenseurs des données privées.

Les données personnelles des utilisateurs d'Uber n'ont pas toujours été bien protégées. Les trajets empruntés par des célébrités, comme la chanteuse Beyoncé, ou même des personnes lambda ont par le passé été communiqués à des tiers par des employés de l'application de mise en relations de chauffeurs et passagers, d'après une déclaration à la court de l'ancien enquêteur judiciaire de la startup, Samuel W. Spangenberg, datée d'octobre et révélée le 12 décembre par le Center for Investigative Reporting (Centre pour le journalisme d'investigation) sur son site Reveal News.

D'après le CIR, citant des anciens employés d'Uber, des milliers d'employés de l'entreprise avaient accès aux informations de voyage de chaque client et ce même après que la startup a été inquiétée par la justice pour ne pas avoir assez protégé ses données. Arrivé en mars 2015 dans l'entreprise, Samuel W. Spangenberg, 45 ans, a été remercié après 11 mois, non sans avoir signalé à maintes reprises les manquements à la réglementation gouvernementale en matière de protection des données, selon sa déclaration. Il poursuit désormais Uber pour discrimination fondée sur l'âge et représailles après lancer d'alerte.

Dans une déclaration, Uber a expliqué "avoir des centaines d'experts en sécurité et confidentialité s'efforçant constamment de protéger [ses] données". Le géant du transport de personnes a souligné suivre des règles strictes pour protéger les données de ses utilisateurs et respecter les procédures légales.

Des pratiques douteuse récurrentes

Pour Uber, l'affaire tombe mal. Après la dernière mise à jour de son application, la startup la plus valorisée au monde est déjà sous le feu des critiques des défenseurs des données privées. Celle-ci récolte en effet les données de ses utilisateurs même lorsqu'ils l'ont fermée. Auparavant, cela n'était possible que lorsque l'application Uber était lancée. Sur iPhone, le système de permissions d'utilisation des données ne permet pas de bloquer cette possibilité puisque Uber a fait le choix de n'activer que deux options - accéder aux données de géolocalisations ou non -, qui n'en sont en fait qu'une puisque la seconde empêche tout bonnement d'utiliser l'appli.

Mais surtout, ces révélations surviennent deux ans après la polémique "God View", un outil interne qui permettait aux employés d'Uber de voir la position de toutes les voitures en service et des utilisateurs connectés à l'application attendant un chauffeur. Le logiciel avait été utilisé dans le but de suivre les mouvements d'utilisateurs spécifiques, comme l'avait révélé en novembre 2014 la journaliste de Buzzfeed Johana Bhuiyan, dont la position avait été espionnée par le directeur général d'Uber New York, Josh Mohrer. En janvier 2016, après une enquête de 14 mois sur la politique de confidentialité de la startup, un accord a été trouvé avec le procureur général New York. Outre les 20.000 dollars d'amende qu'elle a dû régler, la startup s'était également engagée à améliorer la protection des données pour inclure sécurisation des mots de passe, encryptage des données de géolocalisations ou encore une authentification à plusieurs niveaux. L'avertissement ne semble pas avoir servi à Uber et le bureau du procureur général de New York se penche déjà, selon The Verge, sur les déclarations de Samuel W. Spangenberg pour voir si cela constitue un manquement à l'accord fraîchement signé.

Laszlo Perelstein

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