Lufthansa dans les starting-blocks pour repartir très fort cet été

Ce jeudi, à l'occasion de la publication des résultats financiers 2020 marqués perte d'exploitation de 5,5 milliards d'euros, le groupe Lufthansa s'est dit prêt à remettre jusqu'à 70% de sa capacité cet été. Un tel niveau serait très élevé dans la mesure où, contrairement aux low-cost spécialisées sur le moyen-courrier, il est plus difficile pour les compagnies assurant une forte activité long-courrier de remettre rapidement de l'offre en raison d'une reprise sur ce segment de marché qui s'annonce beaucoup plus lente.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Kai Pfaffenbach)

L'an dernier, dès le début de la crise du coronavirus, Lufthansa avait été l'un des premiers groupes de transport aérien à réduire fortement ses capacités, bien avant que cette issue ne devienne inévitable pour l'ensemble des compagnies aériennes dans le monde. Avec la reprise qui se profile, le groupe va-t-il faire le chemin inverse en prévoyant une remise en service de ses capacités relativement élevée par rapport au contexte sanitaire et aux prévisions de l'association internationale du transport aérien?

Prêt à positionner 70% de ses capacités d'avant-crise à court terme

En tout cas, le groupe est dans les starting-blocks. Ce jeudi, à l'occasion de la publication des résultats financiers 2020 marqués par une perte d'exploitation de 5,5 milliards d'euros, le groupe Lufthansa composé de la compagnie éponyme mais aussi de Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines, s'est dit prêt à remettre jusqu'à 70% de sa capacité cet été.

"À partir de l'été, nous prévoyons une reprise de la demande dès que les limites de voyage restrictives seront réduites par un nouveau déploiement de tests et de vaccins. Nous sommes prêts à offrir à nouveau jusqu'à 70 % de notre capacité d'avant la crise à court terme, à mesure que la demande augmentera", a déclaré Carsten Spohr, le président du directoire du groupe Lufthansa.

Un tel niveau serait très élevé dans la mesure où, contrairement aux low-cost spécialisées sur le moyen-courrier, il est plus difficile pour les compagnies assurant une forte activité long-courrier comme Lufthansa, Air France-KLM ou British Airways, de remettre beaucoup d'offre rapidement en raison d'une reprise sur ce segment de marché qui s'annonce beaucoup plus lente.

40 à 50% de l'offre sur l'année

Sur l'ensemble de l'année, le groupe Lufthansa prévoit de remettre en ligne 40 à 50% de son offre (contre 31% en 2020), sachant qu'un niveau de 50% de capacités lui permettrait de générer à nouveau du cash. Après avoir consommé un million par heure au plus fort de la crise, le groupe ne brûle plus aujourd'hui "que" 300 millions d'euros par mois.

Pour la reprise, Carsten Spohr mise lui aussi sur la vaccination et les passeports vaccinaux pour pouvoir ouvrir les frontières. "Les certificats numériques de vaccination et de test, reconnus au niveau international, doivent remplacer les interdictions de voyager et la quarantaine", a-t-il indiqué. Bruxelles doit présenter le 17 mars un projet en ce sens.

Fonctionner avec 100 000 salariés contre 140 000 avant-crise

Pour autant, sur le long terme, les prévisions de Lufthansa rejoignent celles de IATA. Un retour à la normale n'est pas attendu avant plusieurs années puisque Lufthansa compte assurer 90% de son offre au milieu de la décennie. La flotte va être réduite, passant de 800 avions aujourd'hui (mais 500 sont cloués au sol) à 650 appareils en 2023. Les effectifs fondent comme neige au soleil. Après avoir supprimé 28.000 postes l'an dernier (sur 140 000), le groupe entend faire partir 10.000 personnes supplémentaires en Allemagne, pour fonctionner avec 100 000 salariés à long terme.

Encadré : Reprise moins forte que prévu en 2021

Selon l'association internationale du transport aérien (Iata), le trafic aérien mondial ne devrait représenter en 2021 qu'entre 33% et 38% de ce qu'il était en 2019. L'organisation, qui regroupe 290 compagnies aériennes dans le monde, tablait jusqu'ici pour cette année sur un trafic de 51% de ce qu'il était avant la pandémie. Mais l'émergence de nouveaux variants du coronavirus responsable du Covid-19 a conduit à de nouvelles mesures de restrictions aux voyages internationaux et le trafic, au lieu de se stabiliser au niveau de celui de fin 2020, s'est détérioré. Conséquence de cette reprise anémiée du trafic, les compagnies aériennes vont continuer à consommer leur trésorerie, leurs frais excédant leurs revenus. Alors que l'Iata estimait en décembre qu'elles "brûleraient" un total de 48 milliards de dollars de trésorerie sur les trois premiers trimestres avant un équilibre au dernier trimestre, ce scénario semble dorénavant "improbable". La faiblesse attendue du trafic au premier semestre devrait conduire les compagnies à "brûler" entre 75 et 95 milliards de dollars en 2021, selon la vitesse de reprise du trafic. En 2020, pire année dans l'histoire du trafic aérien, les compagnies aériennes ont consommé "plus de 150 milliards de dollars de trésorerie", selon lui. Les compagnies aériennes, qui ont perdu 510 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2020, ont obtenu 160 milliards de dollars d'aides l'an passé pour survivre à la crise.

Fabrice Gliszczynski

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 05/03/2021 à 12:06
Signaler
Pendant ce temps la, en France on baille.

à écrit le 04/03/2021 à 15:31
Signaler
La France avec sa réticence unilatérale à imposer le carnet de vaccination à jour du vaccin Covid, va une fois de plus être à la remorque des autres pays pour la reprise du trafic aérien. On aura décidément tout raté.

à écrit le 04/03/2021 à 14:32
Signaler
Enfin ! Il était temps hein, la belle mère de l'oligarque va enfin pouvoir faire ses emplettes à New-York en BOEING 747... Le "monde" retrouve ses repéres il était temps ! :-)

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.