Malgré les attentats, les profits des compagnies aériennes s'envolent (Iata)

La chute spectaculaire du prix du pétrole porte les bénéfices des compagnies aériennes à des niveaux records. Par rapport à 2014, leur facture carburant va chuter de 91 milliards de dollars selon l'Association internationale du transport aérien (Iata). En 2016, leur profit opérationnel s'élèvera à près de 60 milliards de dollars. L'impact des attentats à Paris ne devrait pas avoir d'effets significatifs selon l'Iata.
Fabrice Gliszczynski
"Malgré le ralentissement de l'économie chinoise, la croissance du trafic aérien en Chine reste fort", explique Brian Pearce, chef économiste de l'Iata.

Les compagnies aériennes n'ont pas fini de profiter de la chute du prix du baril, lequel est passé cette semaine sous la barre des 40 dollars. Si 2015 devait être une année record en termes de profits pour le secteur, ces derniers seront supérieurs aux attentes de l'Association internationale du transport aérien (Iata) en raison d'un prix moyen du baril de Brent (55 dollars) sur l'année inférieur aux prévisions.

Doublement des bénéfices

Ce jeudi, en effet, l'Iata a révisé à la hausse ses objectifs de bénéfices nets en 2015 pour les porter à 33 milliards de dollars, contre 29,3 milliards initialement prévu. Une performance de taille puisque ces bénéfices sont quasiment deux fois plus gros que ceux enregistrés l'an dernier (17 milliards de dollars) et qu'ils constituent un record dans l'histoire du transport aérien ! Les résultats opérationnels sont encore plus impressionnants puisqu'ils pointent à 55 milliards de dollars.

Le record de 2015 sera d'ailleurs battu l'an prochain puisque l'Iata table pour 2016 sur un bénéfice net de 36 milliards de dollars et un bénéfice opérationnel de 58,6 milliards. La marge opérationnelle devrait grimper à 8,2% (contre 7,7% en 2015) et la marge nette à 5,1% (contre 4,6% de marge nette en 2015).

Chute de la facture carburant

La raison principale de ce bond des profits s'explique par la chute du prix du baril. Pour 2016, l'Iata table sur un prix moyen de 51 dollars, le prix le plus bas depuis... 2004.

Après quatre années où il a fallu compter avec un pétrole à plus de 100 dollars (2011, 2012, 2013, 2014), cette chute spectaculaire allège de facto les coûts des compagnies. Par rapport à 2014, la facture kérosène du secteur a reculé de 46 milliards de dollars en 2015 et de 91 milliards en 2016. L'an prochain, elle ne représentera "plus" que 21% des coûts contre plus de 30% en 2016.

Baisse de 48 milliards de dollars du chiffre d'affaires

Cette baisse du prix du baril est telle qu'elle a absorbé l'impact des effets de change négatif sur le chiffre d'affaires. Ce dernier a en effet chuté de 6,3% cette année par rapport à 2014, à 710 milliards de dollars. L'an prochain, il devrait légèrement progresser de 0,9%, à 717 milliards, sans retrouver le niveau de 2014 (758 milliards de dollars).

"Ce recul s'explique uniquement par l'impact de la hausse du dollar par rapport aux autres monnaies", a expliqué à "La Tribune" Brian Pearce, le chef économiste de l'Iata.

Hausse continue du trafic passagers

Car la demande de transport aérien reste très forte. Le trafic passagers a augmenté de 6,7% en 2015 et devrait encore progresser de 6,9% en 2016 pour atteindre près de 3,8 milliards de passagers. Ce trafic dynamique s'explique à la fois par la baisse des prix qui accompagnent la chute du prix du baril, mais aussi par la croissance économique mondiale.

Le directeur général de l'Iata, Tony Tyler, a néanmoins appelé à la prudence:

"Ces résultats ne sont pas exceptionnels, ils sont normaux en termes de retour sur investissement. En moyenne, les compagnies gagnent moins de 10 dollars par passager transporté."

Surtout, ces résultats diffèrent selon les régions économiques. La moitié des bénéfices proviennent notamment des compagnies américaines.

Les compagnies américaines au top de la rentabilité

En effet, comme c'est le cas depuis plusieurs années, les compagnies américaines sont les championnes de la rentabilité : par rapport aux 11,2 milliards dégagés en 2014, leurs bénéfices nets passeront à 19,4 milliards en 2015 et 19,2 milliards l'an prochain.

Une performance qui s'appuie sur une économie américaine forte, l'appréciation du dollar, la baisse du prix du carburant et les conséquences de la restructuration du secteur intervenue après les fusions entre Delta et Northwest en 2008, puis entre United et Continental en 2010, et enfin entre American Airlines et US Airways fin 2013.

Concernant le baril, dans la mesure où le baril s'achète en dollars, la baisse du prix du brut n'est pas compensée par le recul de l'euro par rapport au dollar, comme le subissent les compagnies européennes.

 Les compagnies européennes retrouvent la forme malgré les attentats

Néanmoins, les compagnies relèvent la tête, après des années de difficultés. Après avoir dégagé collectivement 2,1 milliards de bénéfices net en 2014, elles devraient générer 6,9 milliards de bénéfices nets en 2015 et 8,5 milliards en 2016. L'Europe est même, avec les Etats-Unis, la seule région du monde à améliorer sa marge opérationnelle depuis 2010, selon l'Iata.

S'il reconnaît un impact des attentats du 13 novembre à Paris sur les vols à destination de la capitale française, notamment en provenance d'Asie, le chef économiste de l'Iata, Brian Pearce, estime que l'effet sur le secteur "ne sera pas significatif", en raison notamment de l'impact de la baisse du prix du pétrole et de la croissance économique mondiale en général - et de la zone euro en particulier. Pour autant, pour Air France, l'impact s'élève déjà à 50 millions d'euros de perte de chiffre d'affaires en novembre.

Les compagnies latino-américaines et africaines en difficulté

Les compagnies d'Asie-Pacifique augmentent également leurs profits, lesquels passent de 2,1 milliards en 2014 à 5,8 et 6,6 milliards respectivement en 2015 et 2016.

"Malgré le ralentissement de l'économie chinoise, la croissance du trafic aérien en Chine reste fort", explique Brian Pearce.

Les compagnies du Moyen-Orient comme Emirates, vont quant à elles dégager un bénéfice de 1,4 milliard de dollars en 2015 (900 millions en 2014), tandis que celles d'Amérique latine vont accuser une perte de 300 millions de dollars en 2015 (200 millions de profits en 2014), en raison notamment des difficultés du marché brésilien.

Les compagnies africaines seront également en perte de 300 millions de dollars cette année.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 4
à écrit le 10/12/2015 à 18:23
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Tiens, en parlant de pétrole : les titres émis par les compagnies exploitant le gaz de schiste sont arrivés à 300 milliards de dollars : même montant que les subprimes de 2008.

à écrit le 10/12/2015 à 17:53
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En parlant de pétrole, l'Algérie abandonne le dollar pour ses échanges avec la Chine.

à écrit le 10/12/2015 à 16:56
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On publie que les profits augmenteraientmais on a aussi une hausse du chômage, a-t-on un souci de compétence au niveau des dits_rigeants alorsqu'on aurait des dits_plômés qui seraient pômés dans l'administration. Il existerait des dits_plômés qui s...

à écrit le 10/12/2015 à 16:20
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Intéressant !

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