Mobilité : Heetch roule toujours, mais autrement

La jeune pousse de mobilité nocturne qui avait suspendu son service suite à sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris a relancé son appli avec une offre de VTC destinée aux jeunes.
Mounia Van de Casteele
Le prix se situe entre l'offre la plus compétitive du marché (mais pas forcément la plus rapide) UberPool (service de VTC partagé d'Uber) et UberX.

Nouveau départ pour Heetch. La plateforme de transport entre particuliers destinée aux jeunes la nuit, qui avait provisoirement fermé boutique après une condamnation de justice, a décidé de rouvrir avec deux services différents : une offre de VTC, disponible depuis la fin de semaine passée et une autre de covoiturage courte distance, dont les modalités restent à définir.

Pour rappel, le tribunal correctionnel de Paris a lourdement condamné la startup de mobilité nocturne le 2 mars dernier. Il a estimé que la société, Teddy Pellerin et Mathieu Jacob, ses deux fondateurs, s'étaient rendus coupables de complicité d'exercice illégal de la profession de taxi, de pratique commerciale trompeuse et d'organisation illégale d'un système de mise en relation de clients avec des chauffeurs non-professionnels. Au terme de ce procès, Heetch a été condamné à 200.000 euros d'amende, dont 150.000 euros avec sursis. Quant à Mathieu Jacob et Teddy Pellerin, ils ont écopé chacun de 10.000 euros d'amende, dont la moitié avec sursis. En outre, la startup devra verser 441.000 euros de dommages et intérêts aux plus de mille parties civiles. A cela s'ajoutent enfin 91.000 euros au titre des frais de justice.

Devenir un acteur international de poids

De quoi vider les caisses de la startup qui réalisait 500.000 euros de chiffre d'affaires par mois, mais restait déficitaire. "Heetch est une startup qui n'a jamais été rentable car notre objectif est de devenir un acteur international de poids, donc nous réalisons de forts investissements technologiques et humains, notamment à l'international", précise Teddy Pellerin, le cofondateur de l'entreprise qui emploie une soixantaine de personnes en France. Outre Paris, l'entreprise est également présente à Lille, Lyon, Nice, Stockholm, Varsovie, Bruxelles et Milan.

Dans un premier temps la jeune pousse a donc suspendu pendant deux semaines son service de transport entre particuliers, qui fonctionnait le soir entre 20h et 6h, et principalement du jeudi au samedi. Mais ses fondateurs ne baissent pas les bras. Et si l'objectif reste de faire reconnaître son modèle d'origine et obtenir un cadre légal pour opérer, en attendant, ils ont, en accord avec leurs actionnaires Kima Ventures (lancé par Xavier Niel, le fondateur de Free en 2010), Alven Capital et Via ID, contrôlé par Mobivia (Norauto, Midas), décidé de relancer l'application avec deux nouveaux services, compatibles avec la récente décision de justice. Teddy Pellerin explique ainsi:

"Aujourd'hui, sans revenu, nous perdons plusieurs centaines de milliers d'euros par mois, en plus des lourdes amendes. Il est donc essentiel de relancer rapidement une offre et d'avoir des revenus pour assurer le développement de l'entreprise".

Un service de VTC accessible pour les jeunes

Un premier service professionnel de VTC (voitures de transport avec chauffeurs) a ainsi été lancé jeudi dernier, afin de séduire une nouvelle clientèle, les 25/35 ans. Avec un tutoiement de rigueur, en adéquation avec les codes de la communauté Heetch, une préférence pour le siège avant, à côté du conducteur, et toujours la possibilité de payer en cash ou en carte bleue.

Mais comment attirer les chauffeurs actuellement très remontés contre les tarifs appliqués par de telles plateformes, dénonçant notamment les commissions prélevées, qu'ils jugent trop élevées ? En proposant des conditions plus avantageuses. Côté conducteur, Heetch annonce ainsi une commission de 12%. Ce qui est inférieur à ce que propose la concurrence. Les "frais de service" des plateformes les plus importantes oscillent en effet entre 15% pour Marcel et 25% pour UberX voire 35% pour le service de VTC partagé d'Uber, UberPool (sur le deuxième passager). Pas mal pour allécher les chauffeurs. Surtout que la demande est au rendez-vous. Le nombre de 90.000 trajets par semaine, qui était sorti lors du procès en décembre, en témoigne. "Le mois dernier on était plutôt autour de 5.000" relativise-t-on toutefois du côté de la jeune pousse, comptant 500.000 utilisateurs en France. Au moment de son procès, Heetch revendiquait alors 30.000 conducteurs occasionnels, gagnant en moyenne 1.800 euros par an.

Côté passager le prix se situe également sur la fourchette basse de ce qui se fait sur le marché, entre l'offre la plus compétitive du marché (mais pas forcément la plus rapide) UberPool (service de VTC partagé d'Uber) et UberX.

Pour ce qui est du service de covoiturage de courte distance, il doit voir le jour d'ici le mois de mai. Cependant les modalités restent encore à définir. Et les fondateurs sont conscients que cette nouvelle offre entre particuliers, conforme à la décision du tribunal, ne pourra pas absorber les pics de demande du week-end et répondre pleinement aux attentes de sa cible, les jeunes fêtards de 18/25 ans.

Mounia Van de Casteele

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