Pas de taxe CDG Express pour Air France avant 2024

Alain Vidalies, le secrétaire d'Etat aux transports, a indiqué que la taxe sur les billets d'avions pour financer la liaison ferroviaire directe entre l'aéroport de Roissy et la gare de l'Est ne sera pas introduite dès l'an prochain comme cela était envisagée, mais en 2024 au moment de la mise en service de cette ligne. Une victoire pour le PDG d'Air France-KLM Jean-Marc Janaillac qui ne cesse de rappeler le rôle que doit aussi jouer l'Etat dans la compétitivité du transport aérien français.
Fabrice Gliszczynski
Le projet d'ajouter une nouvelle taxe pour financer la liaison rapide entre Paris et l'aéroport CDG avait suscité un tollé au sein d'Air France.

Pas de taxe à court terme pour Air France pour financer CDG Express. Cet après-midi, lors de l'examen au Sénat du projet de loi concernant cette liaison ferroviaire directe entre l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle et le centre de Paris prévue en 2024, Alain Vidalies, le secrétaire d'Etat aux transports, a certes confirmé cette taxe sur les voyageurs aériens, mais a précisé qu'elle ne serait pas introduite avant la mise en service de la liaison en 2024, et non l'an prochain comme cela avait été envisagé.


« Parmi les solutions visant à boucler ce financement, une taxe dédiée prélevée sur les voyageurs aériens est à l'étude. Elle aurait vocation à ne s'appliquer qu'aux seuls passagers de l'aéroport Paris-Charles de Gaulle, hors correspondances. Je peux vous informer dès aujourd'hui et en priorité d'une première décision du gouvernement. La taxe sur les billets d'avion ne sera perçue qu'à compter de la mise en service du CDG Express au début de l'année 2024. Le gouvernement fera connaitre dans les prochains jours le mode de financement alternatif  qui viendra se substituer à la taxe initialement prévue pour la période entre 2017 et 2023. Ces dispositions seront intégrées dans le Projet de loi de finances rectificatif », a déclaré Alain Vidalies.

ADP a de son côté maintes fois indiqué qu'une ressource affectée était nécessaire.

"Sans ressource affectée, il n'y aura pas CDG Express", a récemment déclaré Edward Arkwright, le directeur général exécutif du groupe ADP.

Attentif à la situation d'Air France

« Le gouvernement est attentif, notamment aux observations qui sont faites sur la situation d'Air France. Nous recherchons donc une solution qui permettra à toutes les parties d'être satisfaites. Je considère que le travail aujourd'hui doit prendre en compte la situation d'Air France, en tous les cas pendant la période des travaux puisque c'est une période pendant laquelle la compagnie, par définition, ne bénéficiera pas de l'infrastructure. Et donc nous prenons en compte l'ensemble des observations », a ajouté le secrétaire d'Etat.

Le projet d'ajouter une nouvelle taxe avait suscité un tollé au sein d'Air France. Direction et  syndicats en avaient fait le symbole de la taxation excessive qui pèse sur le transport aérien français. Alors que de nouveaux efforts vont être demandés aux salariés, Jean-Marc Janaillac, le PDG d'Air France-KLM, avait fustigé cette nouvelle taxe. Jeudi dernier, lors de la présentation de son plan stratégique il avait rappelé le rôle que devait jouer l'Etat dans le retour à la compétitivité du groupe.

"Je me bats pour qu'il n'y ait pas de nouvelles taxes", avait-il dit.

Sur la base d'un euro par passager, cette taxe devait représenter environ 40 millions d'euros par an, dont une vingtaine pour Air France (l'équivalent de deux jours de grève font remarquer les mauvaises langues).

Pour autant, aussi symbolique soit-elle, la non application de cette taxe ne changera pas la donne. Car le gouvernement ne semble pas disposé à remettre en cause d'autres taxes qui irritent l'ensemble des acteurs du transport aérien. Notamment la fameuse taxe de solidarité, dite "taxe Chirac", laquelle sert à financer des traitements de santé dans les pays en développement. Alors qu'Air France demandait l'élargissement de son assiette aux TGV internationaux, le gouvernement ne bougera pas sur ce point.

"Le gouvernement n'entend pas remettre en cause, ni l'assiette ni le taux, de cette taxe, qui est une œuvre de solidarité. Il n'y aura pas d'initiative de ce type », avait indiqué Alain Vidalies le 26 octobre dernier.

Le coût de la sûreté

Rien n'est dit, en revanche, sur les sommes qui ont dépassé le plafond inscrit dans la loi (10 millions d'euros). Idem sur les 26 millions du budget de l'aviation civile qui alimente le budget général.

Mais le véritable enjeu est probablement ailleurs. Le gouvernement doit faire face à un mur d'investissements de la sûreté aéroportuaire d'ici à 2020 (800 millions d'euros) et ne sait comment le financer. En gardant le système actuel du financement (via la taxe d'aéroports),la facture serait insoutenable pour pour les passagers et les compagnies aériennes.

« Il y a une limite au prélèvement fiscal sur le monde aéronautique. Elle est sans doute atteinte », expliquait récemment le sénateur Vincent Capo-Cannelas, en présentant ses recommandations pour améliorer la sûreté en France.

>> Lire aussi : Sûreté aéroportuaire : qui va payer l'explosion de la facture?

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 3
à écrit le 08/11/2016 à 15:39
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A une entreprise confrontée à la sauvage concurrence internationale déloyale, on a chargé la taxe Chirac, et maintenant la taxe Liason Express ? À coup de un euro par ci, cinq par là, l'état va tuer cette belle boîte. On y ajoute sept ou vingt de grè...

à écrit le 07/11/2016 à 21:33
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A chartres nous avons moins de chance, notre cher Député Maire (qui se presente en candidat libre à la presidentielle) a fait voter une taxe sur les billets de train pour financer les travaux de renovation de la gare. En tant que contribuable je rè...

le 08/11/2016 à 10:01
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@delahaut: les taxes, c'est ce qu'on enseigne dans les écoles pour "futurs élites" :-)

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