Premier trimestre record pour CMA CGM, avec 75 millions d'euros de bénéfices... par jour

L'armateur français CMA CGM continue de présenter des résultats financiers exceptionnels, à la faveur des tensions du transport maritime. Au premier trimestre 2022, le groupe a réalisé 7,2 milliards de dollars de bénéfices, un chiffre en augmentation de près de 243% ! L'entreprise française dégage ainsi plus de bénéfices que des golgoths comme TotalEnergies. CMA CGM profite de sa santé financière pour poursuivre sa stratégie d'acquisition, avec l'objectif de devenir un leader mondial de la logistique de bout en bout.
(Crédits : FABIAN BIMMER)

Départ tonitruant en 2022 pour l'armateur français CMA CGM. Au premier trimestre, le groupe affiche un bénéfice net de 7,2 milliards de dollars (6,7 milliards d'euros), soit près de 80 millions de dollars (75 millions d'euros) par jour !

La société marseillaise avait déjà bouclé 2021 de façon impressionnante, avec 18 milliards de dollars (16,8 milliards d'euros) de bénéfices, pour un chiffre d'affaires de 56 milliards de dollars (52,2 milliards d'euros). Mais elle part sur des bases encore meilleures, son bénéfice net du premier trimestre étant 3,5 fois supérieur à celui de 2021, tandis que son chiffre d'affaires, à 18,2 milliards de dollars, a augmenté de 70%.

CMA CGM continue de profiter de la surchauffe du transport maritime et de la désorganisation des chaînes logistiques mondiale du monde post-Covid, qui tire le prix de ses services à la hausse. Malgré une baisse des volumes transportés de 3%, son activité maritime historique -qui représente 81% de son chiffre d'affaires- est en progression de 73% par rapport au premier trimestre 2021. Afin d'appuyer sa croissance, l'entreprise a agrandi sa flotte de 3 navires neufs, ainsi que 5 autres affrétés, en plus de 14 navires d'occasion, rien que sur le premier trimestre. Et elle a déjà commandé 69 navires neufs supplémentaires.

Prudence sur l'avenir

Les chiffres du groupe sont au beau fixe, mais le PDG Rodolphe Saadé continue d'appeler à la prudence, comme lors de son bilan de 2021. "La permanence de fortes tensions sur les chaînes logistiques continue à peser sur la capacité effective de la flotte mondiale depuis le début de l'année 2022 et sur les opérations du groupe. La généralisation des congestions portuaires dégrade la qualité de service, limitant les volumes transportés par la flotte maritime", résume-t-il.

Parmi les risques au cœur des préoccupations du groupe se trouve l'augmentation de ses coûts, de 16% sur un an. Mais pour l'instant l'augmentation des prix liée aux délais d'attente du transport maritime croît encore plus rapidement, ce qui lui permet d'encaisser ses nouveaux coûts.

Plus généralement, le dirigeant s'inquiète du "risque de dégradation de la situation économique mondiale, liée à la pandémie, la hausse de l'inflation et la guerre en Ukraine". "La forte hausse du coût de l'énergie, conjuguée à (celle) du prix de nombreuses matières premières, pèse sur la consommation des ménages et pourrait dégrader la situation économique et les perspectives de croissance du commerce mondial", précise l'entreprise dans son communiqué.

Malgré tout, le groupe au 150.000 salariés "reste confiant quant à ses perspectives de performance financière pour l'année 2022".

La diversification commence à porter ses fruits

Parallèlement à son activité maritime, le groupe continue sa politique de diversification, dans l'objectif de devenir un des leaders mondiaux de la logistique à 360°, capable de gérer la livraison de bout-en-bout.

Sa compagnie dans le fret aérien CMA CGM Air Cargo, lancée début 2021, vient de recevoir le 1er juin le certificat de transporteur aérien auprès de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) le 1er juin. Pour développer cette activité, elle s'appuiera sur son partenariat stratégique de long terme signé avec Air France-KLM en mai, lié à son entrée au capital de la compagnie aérienne. Elle prévoit la création d'une flotte de 12 avions de transport "d'ici 2026".

Son entreprise de logistique Ceva Logistics -renforcée par l'acquisition fin 2021 de l'activité CLS d'Ingram Micro- a de son côté vu son chiffre d'affaires augmenter de 57% entre janvier et mars, à 3,4 milliards de dollars (3,2 milliards d'euros). Mais sa rentabilité est moins élevée que prévue en raison du contexte inflationniste.

CMA CGM continue d'aller de l'avant dans sa stratégie d'acquisition. Le groupe marseillais a racheté le transporteur français d'automobiles Gefco en avril, profitant de l'éviction de son actionnaire russe dans le contexte de la guerre en Ukraine. Il avait aussi mis la main sur le Français Colis Privé en début d'année, pour se développer sur la logistique du dernier kilomètre, une corde qui manquait à son arc. L'armateur a également apporté 25 millions d'euros d'argent frais à Brittany Ferries, contribuant ainsi au sauvetage de la compagnie bretonne. En échange, il a obtenu un partenariat commercial pour utiliser des espaces de fret sur ses navires.

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Commentaires 3
à écrit le 05/06/2022 à 8:38
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Les prix des conteneurs ont été multipliés par 5, c'est pas étonnant que leurs bénéfices explosent. Par contre moi qui utilise leurs services depuis la Chine mon bénéfice a été divisé par 4. C'est très choquant, ils profitent de la crise, car leur...

à écrit le 04/06/2022 à 20:38
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Le prix du transport augmente et les marges aussi mais la demondialisation est en route et tout cela va se tasser.

à écrit le 04/06/2022 à 10:40
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Cocorico … une ste française qui se débrouille bien … cependant on peut s interroger sur l évolution de la marge de 12, à 30 % / ça … sur le dos des consommateurs in fine …elle profite bien de la « crise «  les prix internationaux de fret maritime é...

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