Ryanair se démène pour contrer la reprise d’Air Berlin par Lufthansa

Alors qu'une vente par appartements d'Air Berlin se dessine dans laquelle Lufthansa se taillerait la part du lion, Ryanair se dit intéressée par le lancement d'une offre sur la totalité de la compagnie allemande qui a déposé le bilan la semaine dernière. A condition d'avoir accès à davantage de données financières d'Air Berlin.
Fabrice Gliszczynski
Michael O'Leary au Paris Air Forum 2016

Michael O'Leary, le directeur général de Ryanair, continue son lobbying médiatique pour dénoncer le processus de de reprise d'Air Berlin, en redressement judiciaire depuis la semaine dernière, qui favorise Lufthansa. Alors que les actifs de la compagnie devraient être vendus à deux ou trois acheteurs selon le président du directoire d'Air Berlin Thomas, parmi lesquels Lufthansa se taillerait la part du lion, Ryanair se dit prêt à racheter la totalité d'Air Berlin à condition d'avoir accès à davantage de données financières de la compagnie allemande, a dit à Reuters Michael O'Leary.

"Nous serions très heureux de soumettre une offre sur la totalité d'Air Berlin, qui est essentiellement un transporteur concentré sur le court-courrier intra-européen", a-t-il ajouté lors d'un entretien à Reuters. "Mais nous ne connaissons pas l'ampleur de la restructuration qu'il faudra mettre en oeuvre ni combien d'argent perd la compagnie et ni non plus pourquoi elle perd autant d'argent sur un marché où nous en gagnons", a poursuivi Michael O'Leary.

Depuis 2008, Air Berlin a quasiment fini tous ses exercices dans le rouge. En 2016, elle a affiché une perte record de 782 millions d'euros, soit plus de deux millions par jour.

Pour autant, faire une offre sur la totalité d'Air Berlin semble compliqué au vu de l'extrême complexité du modèle économique de la compagnie allemande présente à la fois sur les vols domestiques de point-à-point, le charter, le long-courrier, les vols en correspondance...

La part du lion pour Lufthansa

En évoquant une offre sur la totalité d'Air Berlin, Michael O'Leary tente ainsi de démontrer qu'une offre de reprise de la compagnie allemande par Ryanair serait la mieux-disante par rapport au schéma de vente qui se dessine avec une reprise d'un gros morceau d'Air Berlin par Lufthansa. Cette dernière seule, dans un premier temps, à être autorisée à participer aux discussions relatives à l'avenir d'Air Berlin. L'un des scénarios présentés par le président du directoire de Lufthansa, Carsten Spohr, vise à racheter jusqu'à 90 des quelque 140 appareils d'Air Berlin, a indiqué des proches du dossier à Reuters Ce chiffre inclut les 38 avions que Lufthansa loue déjà à Air Berlin, et tous les avions exploités par sa filiale Niki.

Berlin favorable à Lufthansa

Ceci avec la bénédiction du gouvernement allemand, qui bien tout en assurant se tenir à l'écart des négociations, a apporté un soutien sans ambiguïté à Lufthansa.

"Il nous faut un champion national dans l'aviation internationale", avait déclaré le 17 août le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, dans un entretien accordé au quotidien régional Rheinische Post, ajoutant que "c'est la raison pour laquelle il est urgent que Lufthansa puisse reprendre des parts importantes d'Air Berlin". Un soutien dénoncé par Ryanair qui a déposé plainte devant la Commission européenne et l'office allemand des cartels "pour bloquer la reprise d'Air Berlin par Lufthansa.

"Qu'est-ce qui restera une fois que Lufthansa aura terminé ces discussions ?", s'est interrogé Michael O'Leary, pour qui la procédure de faillite d'Air Berlin est un "coup monté" censé favoriser Lufthansa.

Jouer un rôle actif dans la consolidation

Quatorze ans après le rachat de Buzz, la filiale low-cost de KLM, Ryanair veut « jouer un rôle dans la consolidation du transport aérien européen étant donné que nous sommes la première compagnie en Europe", a souligné Michael O'Leary. D'après lui, d'ici cinq ans, il ne restera que quatre ou cinq groupes dans le secteur en Europe : Ryanair, Lufthansa, Air France-KLM, IAG (la maison mère de British Airways) et, vraisemblablement EasyJet.

Fin juillet, la compagnie a lancé une offre non-contraignante sur Alitalia, ajoutant alors qu'elle ne la maintiendrait que sous réserve d'une restructuration du transporteur en grande difficulté et d'une rupture de ses liens avec l'Etat italien.

Fabrice Gliszczynski

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