Réunion au sommet. Plateformes et représentants de chauffeurs VTC doivent être reçus au secrétariat d'Etat au Transport ce lundi matin, alors que l'Assemblée nationale examinera en seconde lecture le projet de loi du député socialiste de Côte d'Or Laurent Grandguillaume, qui vise entre autres à "pacifier" les relations entre les différents acteurs du transport public de personnes, notamment entre taxis et VTC (voitures de transport avec chauffeur) donc, tout en luttant contre l'emprise des plateformes sur les chauffeurs et en durcissant l'accès à cette dernière profession.
Un rendez-vous pris en hâte
Cette réunion de médiation a été annoncée samedi soir dans un communiqué du ministère pour apaiser les tensions. Et pour cause, depuis jeudi, le mouvement contestataire lancé par trois associations de chauffeurs (Scp-VTC, Capa-VTC et Actif-VTC) a dérivé sur des violences (passagers sortis de force des véhicules) et des agressions de chauffeurs ne prenant pas part au mouvement qui a rassemblé, selon l'AFP entre 100 et 300 chauffeurs (sur les 22.000 chauffeurs recensés sur le territoire).
Dans un montage vidéo diffusé sur Internet, Helmi Mamlouk de Capa VTC et Sayah Baaroun de Scp VTC faisaient part de leur souhait de séquestrer la direction d'Uber lundi, si une solution satisfaisante n'était pas trouvée . "Imaginez-vous le buzz", dit l'un. Quand l'autre prévient : "on n'est pas Air France les gars, on n'est pas Goodyear, on ne va pas arracher juste une chemise malheureusement". Cependant, si, à l'issue de la réunion au ministère, "les négociations n'aboutissent pas à des décisions concrètes et actées sur place, nous appellerons à la reconduite du mouvement dès la fin de la réunion", a toutefois prévenu Capa-VTC.
Uber porte plainte
Si bien que la société Uber a porté plainte dimanche contre les trois syndicats (Capa-VTC, Scp-VTC et Actif-VTC) ainsi que contre une dizaine de leurs représentants, dont deux leaders de Scp-VTC et de Capa-VTC. La plainte, que La Tribune a pu consulter, vise des faits de "diffamation" et de "menaces", notamment par le biais des "réseaux sociaux", a indiqué Uber, qui précise que plusieurs de ses chauffeurs ont déjà déposé des mains courantes.
Selon Uber, les personnes mises en cause ont appelé "à commettre des actes de violence sur les employés et les chauffeurs partenaires ainsi que certains passagers ayant recours à la plateforme", par le biais notamment de Facebook, Twitter et Youtube.
Ces menaces ne sont en outre "pas seulement proférées par le biais d'internet mais également mises à exécution dans la rue, comme nous pouvons le constater en regardant des reportages ou des vidéos circulant sur internet", selon la plateforme californienne.
Quelles revendications ?
Scp-VTC, syndicat affilié à l'Unsa, a de son côté précisé attendre de la réunion une "augmentation immédiate des tarifs", ainsi qu'un "calendrier de réunions sous la tutelle du ministère pour la rentabilité, les commissions discipline et différents aspects techniques du métier". Une mise en garde dont le calendrier peut surprendre étant donné que le dialogue social semble justement progresser chez certaines plateformes.
Rappelons à cet égard qu' Uber vient justement d'augmenter ses tarifs - certes, ainsi que sa commission (25% pour UberX) - et de mettre en place des cycles de discussions réguliers avec chauffeurs et syndicats comme la CFDT qui a salué l'initiative. La plateforme Marcel (dont la commission est de 15%), elle aussi soucieuse de la rentabilité de ses chauffeurs, a entrepris la même démarche.
Lire : Chez Uber et Marcel, le dialogue avec les chauffeurs se concrétise
Uber participera à la réunion, a précisé à La Tribune un porte-parole. "Cela va permettre de clarifier les positions. Car à présent, on ne sait pas vraiment ce que veulent les manifestants", dont certains "ont réclamé la fermeture pure et simple des plateformes", a-t-il dit. Ce qui est sûr en revanche, c'est que dans un entretien au Parisien publié dimanche, le patron d'Uber France, Thibaud Simphal, a dit être prêt à des concessions, tout en condamnant les débordements constatés dans la nuit de vendredi à samedi, qui s'étaient soldés par six gardes à vue et deux blessés. Uber se dit à l'écoute des chauffeurs et des difficultés inhérentes au statut d'autro-entrepreneur, et plus largement de celui d'indépendant, caractéristique de la profession de chauffeur (VTC bien sûr, mais également taxi !). C'est pourquoi l'entreprise espère que cette situation sera l'occasion de mettre un coup de projecteur sur ce statut qu'il estime être "le parent pauvre de la protection sociale en France". Si Uber permet en effet de faire évoluer ce modèle social dans le bon sens, tant mieux.
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