Uber, rival jugé crédible des groupes de messagerie en Europe

Déjà confrontés à la concurrence d'Amazon, les groupes européens de services postaux et de livraison express de colis, comme Deutsche Post ou Royal Mail, risquent de devoir faire face à celle d'Uber et d'autres startups intéressées par ce marché.
Les acteurs historiques commencent à prendre en compte dans leurs calculs de valorisation l'impact à long terme de cette nouvelle concurrence, pour l'instant incarnée par Amazon avec le lancement de son propre service de messagerie express dans certaines régions d'Europe.

Il n'y a pas qu'aux taxis que le géant Uber fait peur. Du moins UberRush, qui permet de trouver via une application non pas une voiture de transport avec chauffeur (VTC) mais un coursier, et de nouveaux entrants tels que PiggyBaggy ou Nimber, pourraient bien venir grignoter des parts de marché aux opérateurs historiques, estiment des analystes financiers et des gérants interrogés par Reuters. Déjà confrontés à la concurrence d'Amazon, les groupes européens de services postaux et de livraison express de colis, comme Deutsche Post (en Allemagne), PostNL (aux Pays-Bas) ou Royal Mail (au Royaume-Uni) risquent en effet de devoir faire face à celle d'Uber et d'autres startups intéressées par ce marché.

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Les acteurs historiques commencent à prendre en compte dans leurs calculs de valorisation l'impact à long terme de cette nouvelle concurrence, pour l'instant incarnée par Amazon avec le lancement de son propre service de messagerie express dans certaines régions d'Europe. Pour eux, cette initiative du géant américain du commerce en ligne pourrait bien n'être qu'une première étape de ce qui attend le marché.

Plongeon du chiffre d'affaires à prévoir sur le marché des colis

Le britannique Royal Mail a reconnu que l'initiative d'Amazon allait réduire de plus de moitié pendant plusieurs années le potentiel de croissance de son activité de livraison de colis, laquelle représente la moitié de ses 9,5 milliards de livres (12,2 milliards d'euros) de chiffre d'affaires. De leur côté, les analystes de Credit Suisse estiment que, si Amazon assurait lui-même la livraison de la moitié de ses propres colis d'ici trois à cinq ans, cela se traduirait par une perte de chiffre d'affaires de 3% à 5% pour DHL, la filiale spécialisée de Deutsche Post.

La possibilité de voir Uber se lancer dans la livraison de colis en Europe, comme c'est déjà le cas dans certaines villes américaines, et l'émergence d'autres nouveaux acteurs s'appuyant sur un réseau de travailleurs indépendants pourraient ainsi peser sur les cours de Bourse de Royal Mail, de Deutsche Post et de PostNL, qui accusent déjà un repli de 3% à 20% depuis le 1er janvier.

Des startups déjà présentes sur le marché

"UberRush serait un concurrent potentiel supplémentaire qui voudrait prendre sa part du gâteau, ce qui ne manquerait pas d'accroître la pression sur des entreprises comme Royal Mail alors même que la livraison en moins de 24 heures prend de l'importance", a commenté David Kerstens, analyste de Jefferies chargé du secteur des transports et de la logistique.

Uber dit n'avoir "pour l'instant" aucun projet de lancement d'UberRush au Royaume-Uni mais selon les analystes, son implantation sur d'autres marchés n'est qu'une question de temps au vu de l'essor de son service de VTC.

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Parmi les startups intéressées par le marché figurent le finlandais PiggyBaggy, qui s'intéresse déjà au Danemark et à l'Allemagne, et le norvégien Nimber. L'un et l'autre mettent en relation leurs clients avec des particuliers prêts à assurer la livraison de colis. Nimber revendique 27.000 utilisateurs enregistrés depuis son lancement sur le marché britannique il y a sept mois et il en vise environ 100.000 d'ici la fin de l'année.

Interrogés à ce sujet, DHL, PostNL et Royal Mail affichent leur confiance face à cette nouvelle concurrence potentielle, certains d'entre eux expliquant avoir déjà commencé à développer des services comparables.

"Les entreprises postales traditionnelles ne vont pas disparaître mais, avec la concurrence qui arrive, je ne vois pas comment elles pourront maintenir leur emprise sur le marché", prévient néanmoins David Battersby, gérant de Redmayne-Bentley.

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Commentaires 3
à écrit le 23/02/2016 à 19:55
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On cite dans l'article Nimber et PiggyBaggy, il existe également des initiatives de crowdshipping francaises comme Cocolis

à écrit le 17/02/2016 à 16:09
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Comme il y a des tournées de postiers quotidiennes à toutes les adresses pour le courrier, la presse, les colis, quel intérêt qu'un représentant de commerce se déroute pour se charger d'une livraison, sauf gain pour Uber sur du travail au noir.

à écrit le 17/02/2016 à 14:41
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Uber propose des solutions écologiques et pertinentes. Pourquoi faire faire 50 km à un camion pour livrer un colis lorsque un représentant de commerce va dans la même direction et peut s'en charger ? Il est souhaitable que la concurrence puisse s'éta...

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