VTC : Pourquoi quelques chauffeurs manifestent (surtout contre Uber)

Ce n'est pas la première mobilisation de la part d'une poignée de chauffeurs. Ceux-ci veulent montrer leur mécontentement aux plateformes, Uber en tête, avec lesquelles ils collaborent.
Mounia Van de Casteele
Cette mobilisation tombe au moment où des plateformes comme Uber et Marcel annoncent justement des mesures concrètes de dialogue et d'écoute avec leurs partenaires et clients chauffeurs.

Ils étaient environ 200 véhicules de transport avec chauffeur (VTC) rassemblés ce jeudi porte Maillot à Paris pour réclamer une meilleure rémunération  et dénoncer "l'humiliation" que leur infligent, selon eux, les plateformes de réservation - Uber en tête, a constaté un journaliste de l'AFP. Le cortège, censé rassembler, selon les organisateurs (Unsa SCP-VTC, Actif-VTC et Capa-VTC), quelque 3.000 chauffeurs mécontents, devait ensuite se diriger vers le siège d'Uber France, rue de Cambrai dans le 19e arrondissement. D'autres actions étaient prévues aux abords des aéroports d'Orly et Roissy, essentiellement "pour informer les clients", selon Jean-Luc Albert, d'Actif VTC, interrogé par l'AFP, (et qui n'a pas roulé avec Uber depuis plus d'un an), ainsi qu'à Nice et Toulouse. Une source policière évoquait une centaine de voitures réparties sur les deux aéroports parisiens.

Les chauffeurs sont venus dire stop "aux commissions excessives, à la déconnexion abusive des chauffeurs par la plateforme, à l'humiliation", selon l'Unsa SCP-VTC, qui dénonce également la politique tarifaire en oeuvre dans la profession.

Une mobilisation en période de dialogue

Cependant, cette mobilisation tombe au moment où des plateformes comme Uber et Marcel annoncent justement des mesures concrètes de dialogue et d'écoute avec leurs partenaires et clients chauffeurs. C'est pourquoi, la CFDT, elle, a choisi de ne pas appeler à manifester mais préfère soutenir l'appel à la déconnexion massive des chauffeurs, pour tenter de "peser" sur les plateformes et obtenir une hausse du prix au kilomètre parcouru. Or en la matière, c'est le géant Uber qui mène la danse, ses concurrents doivent s'aligner. C'est ce qui s'est passé en octobre 2015, au moment où la filiale française du géant américain avait imposé une baisse de tarifs de 20% (sans toucher à sa propre commission), du moins, pour les plateformes qui ont pu suivre.

De son côté, Joseph François, le président de l'AMT (Association Mobilité Transport) qui fédèrerait plus de 170 entreprises et environ 1.500 chauffeurs salariés, n'appelle "pas du tout" à la mobilisation. En revanche, le chef d'entreprise évoque un phénomène de déconnexion forcée pour ses chauffeurs. Et pour cause, ceux-ci préfèrent ne pas travailler aujourd'hui, par crainte de représailles de la part "d'un groupuscule de chauffeurs radicaux extrêmement violents qui ne travaillent plus avec les applications depuis un an", mais "ont proféré beaucoup de menaces physiques et de dégradation de véhicules" à l'encontre des chauffeurs qui ne suivraient pas le mouvement, explique-t-il. "Ils commandent des VTC et tabassent les chauffeurs", dénonce Joseph François:

"C'est la terreur! On a peur!"

En effet, dans des vidéos partagées sur les réseaux sociaux et que La Tribune a visionnées, certaines organisations se sont montrées particulièrement agressives, menaçant de violences les personnes qui tenteraient de faire capoter la mobilisation.

Des revenus en légère hausse

Notons en outre que cette manifestation était prévue de longue date, comme l'a d'ailleurs précisé à La Tribune un porte-parole d'Uber France, selon lequel  "ce mouvement est sans rapport avec les récents changements tarifaires" de l'entreprise, affirmant que depuis cette évolution de la grille, le 8 décembre, "les revenus des partenaires chauffeurs d'Uber ont d'ores et déjà augmenté d'environ 5%" .

Joseph François, président de l'AMT confirme une légère augmentation de la rentabilité des chauffeurs, bien que celle-ci ne soit pas "significative" à ce jour, soit tout juste une semaine après le changement de la grille tarifaire. Il faut bien entendu attendre plusieurs semaines avant de pouvoir se prononcer sur la question, reconnaît-il.

Reste à voir combien de chauffeurs auront suivi le mouvement, et si cette méthode est la bonne pour instaurer un climat propice à la négociation avec les plateformes. Car, rappelons encore une fois que plateformes et chauffeurs ont besoin les unes des autres pour fonctionner. "Si personne ne gagne sa croûte, le modèle ne peut pas fonctionner", insiste Bertrand Altmayer, co-fondateur de Marcel qui a annoncé depuis le 2 novembre des cycles de discussions avec les chauffeurs.

Et surtout, ce secteur du VTC manque d'organisations syndicales représentatives des chauffeurs - certains sont salariés et d'autres indépendants -, comme a pu le constater le député socialiste de Cote d'Or Laurent Grandguillaume qui s'est évertué à rencontrer tous les acteurs qui l'ont sollicité afin de comprendre les arguments des uns et des autres, pour rédiger un texte qui soit équilibré. Avec l'objectif de défendre les pots de terre (les chauffeurs) contre les pots de fer (les plateformes). Le texte définitif doit être voté le 19 décembre à l'Assemblée puis début janvier au Sénat.

Mounia Van de Casteele

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Commentaires 8
à écrit le 16/12/2016 à 9:24
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c'est un truc que je n'utilise pas mais je constate que pour mettre la sisanie il suffit de faire venir les syndicats ceux qui veulent travailler pour ces organismes esperent travailler peu dans des belles voitures et gagner beaucoup d'argent !!!!! f...

à écrit le 15/12/2016 à 21:35
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Marrant cette manif, justement la semaine ou la première uber sans chauffeur a été testée aux états-unis.

à écrit le 15/12/2016 à 20:29
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Concernant l'augmentation des tarifs uber merci de ne pas dire n'importe quoi s'il vous plaît. Le kilomètre est passé de 1€ à 1,05€ soit cinq centimes de plus. En même temps la commission uber est passée de 20% à 25% Avant on avait 1€ moins 2...

à écrit le 15/12/2016 à 16:09
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Mieux vaut utiliser le VTC français LeCab comme client ou comme chauffeur que Uber .

à écrit le 15/12/2016 à 14:55
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Interviewer le président de l'amt esclavagiste en chef a la solde d'uber et le faire parler au nom des Vtc je trouve cela hallucinant, pourquoi ne pas allez chercher directement un responsable d'uber et le faire parler en notre nom ce sera beaucoup p...

à écrit le 15/12/2016 à 14:36
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C'est le seul article que j'ai lu sur ce thème dans les journaux qui soit autant de partie pris pour les plateformes! Les chauffeurs se déconnecteraient parce qu'ils ont peur d'une poignée de chauffeurs qui comme les taxis dont taxés de voyous dès q...

à écrit le 15/12/2016 à 14:08
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Il faut rappeler que Mr Joseph"anaconda"François est un esclavagiste lui même et est de mèche avec uber car ce Monsieur "emplois" 170 chauffeurs indépendant et grace à sont statue de Loti peux employer des gens qui ne sont pas formez, pour infos il ...

le 15/12/2016 à 20:22
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Deux type de chauffeur ? Les LOTIS ont suivit une formation qui elle est sanctionné par un examen. Les vtc avaient juste à aller à la préfecture avec 100€ pour avoir leur cartes au tout début donc aucune qualification. Puis ce sont ces mêmes vtc...

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