Après avoir interdit en mars aux passagers aériens en provenance de dix aéroports dans huit pays arabes et en Turquie de transporter en cabine des ordinateurs, tablettes et autres appareils électroniques d'une taille supérieure à celle d'un téléphone portable, Washington réfléchit à étendre cette mesure à tous les vols à destination des Etats-Unis a indiqué ce dimanche le ministre de la Sécurité intérieure, John Kelly.
"Il y a une menace réelle (...) C'est vraiment l'obsession des terroristes : abattre un avion en vol, particulièrement un avion américain, bondé d'Américains à bord", a déclaré John Kelly sur la chaîne Fox News.
Les Etats-Unis disposent d'informations de services de renseignement selon lesquelles un ordinateur portable pourrait être utilisé pour déclencher une bombe à bord d'un avion.
Les experts américains et la Commission européenne multiplient les contacts pour discuter des conditions de cette éventuelle interdiction, qui pourrait semer la pagaille dans les aéroports européens. Plus de 3.250 vols par semaine sont prévus cet été entre les pays de l'Union européenne et les Etats-Unis.
Le précédent de Daallo Airlines
La réflexion ne fait que renforcer la menace d'introduction à bord d'explosifs dissimulés dans des objets. Il y a hélas deux précédents. L'explosion en novembre 2015 de l'avion russe Métrojet au-dessus du Sinaï. Les groupes terroristes qui avaient revendiqué l'attentat avait indiqué avoir introduit un explosif dans une cannette. L'autre cas a été moins médiatisé. C'est celui de l'A321 de Daallo Airlines au départ de Mogadiscio. Un explosif avait été dissimulé dans l'ordinateur mais l'explosion était, par chance pour les passagers, survenu pendant la phase de décollage, quand l'avion n'était pas encore pressurisé et, malgré le trou dans le fuselage dans lequel avait été aspiré le terroriste, l'avion avait pu se poser à l'aéroport sans faire de victime.
Le plus inquiétant dans cette histoire c'est que l'explosif n'avait pas été dissimulé à la place de la batterie (c'est pour cette raison que des agents de sûreté peuvent demander au passager d'allumer leur ordinateur) et qu'il n'avait pas été repéré par l'agent de sûreté qui avait bien fait son boulot, selon un spécialiste des questions de sûreté qui a vu la bande vidéo du passage au poste d'inspection filtrage du terroriste.
La problématique du contrôle des explosifs
Si des examens de détection d'explosifs ont été mis en place lors de l'inspection filtrage (les molécules recueillies sur un sac à main ou un ordinateur sont examinées par un appareil capable de reconnaître les molécules d'explosifs), la question de la détection au rayon X reste toujours posée.
« A la base, ce n'est pas fait pour la détection d'explosifs mais pour celle des métaux », rappelle un expert.
Mais l'installation dans les postes d'inspection filtrage de détecteurs d'explosifs (EDS) comme cela a été imposé par Bruxelles pour le contrôle des bagages de soute, n'est pas encore jugée suffisamment fiable par les autorités et pose aussi des questions de génie civil de renforcement des dalles des aéroports (ces engins sont très lourds) et de coûts dans la mesure où le prix d'un EDS est environ 10 fois plus élevé que celui d'un rayon X.
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