Sortie de Macron sur les "Amish" : que vont devenir les propositions de la Convention Climat ?

Alors que la pandémie de Covid a plongé la France et le monde dans la récession, les clivages ont vite repris le dessus sur certaines propositions -moins consensuelles que la rénovation énergétique ou la promotion du vélo- comme celles sur les transports routier et aérien, gros pollueurs mais aussi gros employeurs et très fragilisés par la crise. La Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) jugera la loi sur pièces.
Le président de la République lors d'une séance de la Convention citoyenne sur le climat, le 10 janvier 2020 à Paris.
Le président de la République lors d'une séance de la Convention citoyenne sur le climat, le 10 janvier 2020 à Paris. (Crédits : Reuters)

L'application des propositions de la Convention citoyenne pour le climat crée déjà des remous, entre "consultations" contestées pour les traduire dans la loi et déclarations d'Emmanuel Macron renvoyant à la "lampe à huile" les inquiets de la 5G.

Le président de la République a déclenché un tollé en ironisant lundi soir sur "le modèle Amish" des signataires d'une tribune réclamant un moratoire sur le déploiement de cette nouvelle technologie mobile.

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Les 150 membres de la CCC, voulue par M. Macron, avaient pourtant fait la même proposition dans les 149 propositions remises en juin au président à l'Élysée. Propositions qu'il s'était engagé à reprendre, à l'exception de trois, sans citer la 5G.

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Neuf mois de travail, huit thèmes, 149 propositions

Certaines devaient trouver place dans le plan de relance (comme la rénovation énergétique des bâtiments), d'autres dans un projet de loi spécifique. Initialement annoncé pour la fin de l'été, il l'est maintenant "d'ici à la fin de l'année", selon le ministère de la Transition écologique qui a lancé en fin de semaine dernière une série de "concertations" pour le préparer.

Sur huit thèmes - allant de la rénovation écologique à l'agriculture en passant par la publicité -  elles réunissent administration, acteurs des secteurs, ONG et représentants des "citoyens" qui ont planché neuf mois pour proposer des solutions visant à réduire "d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre (...) dans un esprit de justice sociale".

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Boycott "un processus biaisé"

Mais alors que la pandémie de Covid a plongé la France et le monde dans la récession, les clivages ont vite repris le dessus sur certaines propositions, moins consensuelles que la rénovation énergétique ou la promotion du vélo.

Comme les transports routier et aérien, gros pollueurs mais aussi gros employeurs et très fragilisés par la crise. Le gouvernement a d'ailleurs mis des milliards sur la table pour les constructeurs automobiles ou Air France.

Les organisations professionnelles du transport routier de marchandises ont ainsi dénoncé après une rencontre samedi "une réunion sans espace de concertation" et "des mesures inadaptées pour un enjeu pourtant crucial pour la profession", en "décalage avec les exigences de compétitivité".

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La réunion sur le transport aérien se tient mercredi, après avoir été repoussée de plusieurs jours. Mais les ONG environnementales, ultra-minoritaires dans la quarantaine d'invités, ont décidé mardi soir de boycotter "un processus biaisé".

Les ONG déconcent une étude d'impact à charge

Elles dénoncent notamment une étude d'impact "à charge", insistant par exemple sur l'estimation de 70.000 emplois et 3 milliards de PIB que coûterait l'interdiction des vols intérieurs s'il existe une alternative en moins de quatre heures.

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"Si on ne présente qu'une vision catastrophiste, à quoi ça sert?", lance Sarah Fayolle, porte-parole Transports de Greenpeace. Le Réseau Action Climat, fédération d'associations, rappelant l'engagement présidentiel à transmettre "sans filtre" les propositions de la CCC.

"Travaux d'ajustement" et vigilance

La sortie du ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, estimant lundi sur Europe 1 que les mesures de la CCC allaient "achever un secteur déjà à terre", a été particulièrement remarquée.

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Une position "personnelle", assure-t-on au ministère de la Transition écologique, qui explique que les concertations doivent permettre "d'associer les Citoyens jusqu'au bout". Mais pas question de s'engager sur la transposition telle quelle des propositions de la CCC dans le futur projet de loi.

"Le président avait dit d'emblée qu'il y aurait des travaux d'ajustement. Au final c'est le gouvernement qui décidera," assume l'entourage de Barbara Pompili.

Les "citoyens" ne revendiquent d'ailleurs pas autre chose.

"On n'est pas là pour écrire la loi, on est là pour expliquer et défendre nos propositions. C'est le boulot du gouvernement de traduire ça, nous on va être vigilants", souligne Grégoire Fraty, co-président de l'association de participants à la CCC "Les 150".

On n'est pas là pour détruire un secteur

Et d'insister sur les nécessaires mesures d'accompagnement des entreprises et personnels affectés.

"On voit bien les difficultés, on n'est pas là pour détruire un secteur. On comprend les divergences, mais il faudra trouver un consensus."

La CCC attend donc de juger la loi sur pièces. Puis se réunira une dernière fois, comme prévu dès sa création, pour évaluer publiquement la réponse des autorités à ses propositions.

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Commentaires 4
à écrit le 06/10/2020 à 13:22
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le transport aérien représente entre 2 et 3% des émissions mondiales de GES: il ne peut être qualifié de "gros pollueur"!

à écrit le 17/09/2020 à 9:13
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Encore une initiative de notre président qui nous coûte un pognon de dingue puisque ne servant strictement à rien, même pas à tromper les écolos surtout après une déclaration aussi idiote ! Il prépare le terrain à E. Philippe moi je vous dis...

à écrit le 16/09/2020 à 17:49
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Encore une commission DUDULE qui coûte cher et ne sert à rien. En France on adore tout ce qui ne sert à rien, cela fait avancer le schimblic.

à écrit le 16/09/2020 à 15:31
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"Si on ne présente qu'une vision catastrophiste, à quoi ça sert ?" à expliquer les conséquences. Réduire le CO2, avoir moins de vols ça crée des pertes d'emplois, le réalisme n'a rien de catastrophique, il faut anticiper, gérer, comme réduire le nomb...

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