Les entreprises face à l'urgence retraite

Difficile de faire mieux comme introduction : le 17 juin, au lendemain de l'annonce de la réforme des retraites par le gouvernement, les participants à l'université Adding planchaient sur... les retraites d'entreprises.

Avec une angoisse certaine : que les salariés se retournent vers les entreprises pour compenser ce que les régimes obligatoires ne peuvent et ne pourront plus fournir. Plusieurs intervenants ont en effet souligné que la demande existe, notamment chez les trentenaires, les plus réactifs, alors que les 40-50 ans se considèrent comme la génération sacrifiée.

Les entreprises se sont donc penchées sur le sujet avec une certaine prudence. « Il n'y a pas de produit miracle », souligne ainsi Alain Polleux d'Axa. Pour lui, avant que ne soient inventées d'autres mesures, les dispositifs existants doivent être consolidés, notamment par la facilitation de sorties en capital, la mise en cohérence des multiples possibilités de déblocage des fonds et la possibilité de versements individuels et facultatifs. Ce toilettage est impératif car les PME utilisent peu les produits financiers spécifiquement destinés à l'épargne retraite. Ceux-ci, qui permettent l'abondement des entreprises, sont sous-utilisés. Ils attirent seulement 3,8 % des dépôts contre 38,8 % pour l'assurance-vie.

 

" Couteau suisse "

Face à l'urgence retraite, d'autres dispositifs sont également évoqués, notamment le compte épargne temps, qualifié par François Grimaud, d'AG2R La Mondiale, de « couteau suisse de la retraite ». Dans sa dernière mouture de 2008, il permet, indique-t-il, de prendre deux années en fin de carrière, de racheter des trimestres et même de verser du temps sur un Perco (plan d'épargne pour la retraite collectif). Reste que ces questions relèvent surtout des ressources humaines, comme le souligne André Rochez, du groupe belge Solvay. Avec son regard européen, il relève le gouffre qui sépare, dans tous les pays, l'âge légal et l'âge effectif du départ à la retraite, en se demandant si les retraités effectifs doivent être à la charge du chômage ou de l'assurance retraite.

Le défi de la communication

« En matière de retraite, la communication réglementaire ne suffit plus tant les dispositifs de retraite d'entreprise sont compliqués », insiste Pierre-Alain Marganne de BNP Paribas. Les entreprises se sont lancées, via des sites spécialisés ou des rendez-vous ad hoc, dans des explications sur les avantages fiscaux, sur les possibilités de profiter d'éventuels abondements, des propositions de simulations personnalisées. En creux, ces messages permettent également de vanter la politique sociale de l'entreprise...

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