Bâtir les villes face au dérèglement climatique

PRISE DIRECTE. Comment penser des villes résilientes face aux crises sanitaires, climatiques, sociales ? Comment verdir les métropoles dans un environnement à fortes densités ? Pour y répondre, lors du Forum Zéro Carbone organisé par La Tribune et la Mairie de Paris, Nathalie Bardin, directrice marketing stratégique, RSE et Innovation d’Altarea, Célia Blauel, adjointe à la Maire de Paris chargée de la Seine, de la Prospective Paris 2030 et de la Résilience, Pierre-Yves Dulac, délégué régional Ile-de-France, d’Engie et Ludovic Toro, Maire de Coubron (Seine-Saint-Denis) et Président de la commission santé et solidarités de la Métropole du Grand Paris.

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« Si on ne fait rien, on va prendre 4 degrés à la fin du siècle et 2 en 2050. Ca va être une révolution en termes de santé publique : 2050 c'est demain ! Il y a urgence à agir » alerte Ludovic Toro, maire (UDI) de Coubron (Seine-Saint-Denis) et président de la commission santé et solidarités de la Métropole du Grand Paris. Le dérèglement climatique rattrape les grandes agglomérations qui tentent d'évoluer vers une urbanité moins polluante et plus verte.

Dans ces conditions, comment faire entrer la nature en ville ? « Nous avons un besoin structurel de logements en France mais on peut trouver des solutions intelligentes pour loger dans un cadre contraint. Nous militons pour une ville vivable » explique Nathalie Bardin, directrice marketing stratégique, RSE et innovation du promoteur Altarea. Exemples avec le projet l'Air du Temps à Paris 13ème, un immeuble/pont en bois doté d'un pôle santé et numérique et d'un jardin médicinal. Autre réalisation : la transformation à Issy-les-Moulineaux de l'ancien centre de R&D de France Télécom qui sera chauffé par géothermie et aura sa « forêt urbaine », à la fois Îlot de fraîcheur et puits de carbone.

La géothermie est une ressource assez abondante en région parisienne, comme le rappelle Pierre-Yves Dulac, délégué régional Île-de-France d'Engie : « les collectivités réclament cette énergie quand elle est disponible, comme c'est le cas à Paris ». Pour Célia Blauel, adjointe (EELV) à la maire de Paris chargée de la Seine, de la Prospective Paris 2030 et de la Résilience, solaire et géothermie sont les deux énergies renouvelables privilégiées par la Ville de Paris.

Des réponses plus radicales

La pertinence de ces îlots de fraîcheur n'est pas évidente selon Ludovic Toro, pour qui « ils sont très chers et on ne peut pas en installer partout ». Pour le maire de Coubron, qui est aussi médecin, mieux vaudrait commencer par protéger les espaces naturels existants : « les gens doivent certes dormir mais aussi vivre. Or la pollution atmosphérique remplit les services de pédiatrie d'enfants asthmatiques ».

Célia Blauel est rassurée par la volonté politique des décideurs de rendre les villes plus résilientes, mais elle a malgré tout le sentiment « qu'on n'y est pas vraiment : il faut être plus radical dans nos réponses et démonter nos certitudes. Il nous manque une vision et un récit pour embarquer nos concitoyens ».

Montrés du doigt, les promoteurs se rebiffent par la voix de Nathalie Bardin : « il n'y a pas les gentils et les méchants. On nous demande de construire en bois mais celui-ci vient d'Autriche. C'est le même problème pour le béton décarboné. À chaque fois, on a un bout de solution de façade derrière laquelle se cache la question de son cycle de vie sur cinquante ans ».

Sa solution : « bâtir la ville sur la ville » en transformant les bâtiments déjà construits, y compris dans leurs usages. La question du coût de ces bâtiments plus respectueux de l'environnement mais aussi plus onéreux est incontournable et se pose à toutes les parties prenantes.

Enclencher la machine

« Ces transformations urbaines passent par des investissements massifs. À la sortie du premier confinement, nous avons élaboré un plan de relance énergétique d'un montant de 13 milliards d'euros sur trois ans avec 47.000 emplois à créer. Il faut enclencher la machine » décrit Pierre-Yves Dulac.

Ludovic Toro aimerait lui que l'État transfère les 4 milliards d'euros destinés à la rénovation des bâtiments publics du Plan de Relance aux collectivités, qu'il juge « plus efficaces » : « Soit on prend des décisions rapidement, soit on continue de faire des COP et des grands PCAET (plan climat-air-énergie territorial). Il est temps de fixer deux ou trois actions à réaliser puis de faire un bilan à un an ».

Nathalie Bardin propose elle de créer « un label Haute Qualité Résiliente corrélé à un fonds carbone ». Quant à Pierre-Yves Dulac, il suggère d'ajouter un E pour environnement au CPE (contrat de performance énergétique). Rattrapées par l'urgence climatique, les villes ont largement élargi leurs prérogatives comme l'explique Célia Blauel : « nous avons désormais notre propre politique agricole, avec une dérogation de la Communauté Européenne ».

Encore faut-il éviter la démagogie : « la filière bois n'existe pas, les compétences dans les métiers de la rénovation énergétique sont impossibles à trouver » remarque l'adjointe à la Maire de Paris. Bâtir des villes plus résilientes face à l'urgence climatique est définitivement un work in progress.

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Commentaire 1
à écrit le 21/01/2021 à 10:44
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Justement, face au déréglementation climatique toute concentration est a proscrire et inutile! Car sa raison être de loger le monde ouvrier a disparue!

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