« Face à la cause des océans, je revendique l'optimisme » (François Gabart)

Avec sa société MerConcept, le navigateur au palmarès exceptionnel propose de nouvelles technologies de propulsion des navires par le vent, une réponse à l’impératif de décarbonation. Il revient également sur les enjeux de la ressource eau et rappelle à l'envi l'impérieuse nécessité de rester optimiste. Rencontre. (Cet article est issu de T La Revue n°10 - "Pourquoi faut-il sauver l'eau ?", actuellement en kiosque).
(Crédits : Hamilton de Oliveira pour La Tribune)

François Gabart est deux hommes à la fois. D'abord, un marin au palmarès exceptionnel : de 2012 à 2017, il a remporté successivement le Vendée Globe, la Route du Rhum, la Transat Jacques Vabre, la Transat anglaise, et il a pulvérisé le record du monde en solitaire, en 42 jours, 16 heures, 40 minutes et 35 secondes. Ensuite, il est aussi un entrepreneur qui a créé en 2006 la société MerConcept alors qu'il était encore étudiant ingénieur à l'INSA de Lyon. MerConcept, installée à Concarneau, est devenue une écurie de course renommée, qui emploie 80 salariés, héberge huit bateaux, et est entièrement dévolue à l'innovation technologique. Au service des Formules 1 des mers programmées pour la compétition - comme sa nouvelle embarcation SVR-Lazartigue, un géant de 32 mètres de long et 23 mètres de large, à bord duquel il participera à la prochaine Transat Jacques Vabre -, mais pas seulement : en témoignent le petit trimaran de douze mètres, récemment inauguré, qui littéralement vole au-dessus de l'eau, et le développement de technologies aux débouchés pluriels, y compris dans les marines de plaisance et de commerce.

MerConcept, c'est désormais aussi une entreprise à mission, et cette mission est de faire converger ces innovations technologiques vers un dessein d'intérêts partagés par l'ensemble du monde marin, encadré par une responsabilité sociale, sociétale et environnementale exigeante. Et, depuis l'arrivée du nouveau sponsor Kresk, elle est encore plus sensibilisée à la protection des océans.

À la fois acteur et observateur des mers, le bientôt quadragénaire est bien plus qu'un « citoyen sur les océans » - ainsi se définit-il - : il est un « citoyen des océans » ; un multi-aventurier à la parole d'une grande sagesse, qui destine son « optimisme » et sa foi d'entrepreneur à une obsession : donner du « sens au progrès ».

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LA TRIBUNE- Que représente l'eau à vos yeux ? Un partenaire de jeu, votre outil de travail, un adversaire, votre « maîtresse » ?

FRANÇOIS GABART- Depuis que je suis enfant, être sur l'eau, naviguer sur l'eau, glisser sur l'eau, me passionne. La mer est mon terrain de jeu et de travail. Et un univers si plein de mystères, si plein de ressources... La vie vient des océans, l'océan héberge l'immense majorité des espèces vivantes, notre corps est composé à 65 % d'eau, la vie des hommes est totalement dépendante de l'eau et des existences qui y évoluent. L'eau, c'est ce formidable gisement de vie, et pourtant elle est d'une fragilité extrême et trop peu considérée.

À la base, l'eau est un trésor et un bien commun universel... or, ce n'est plus le cas. Lorsque vous naviguez, quelle forme le dépérissement de l'océan, les pollutions, l'anéantissement de la biodiversité prennent-ils ?

La cause des océans souffre d'une particularité : la grande majorité des fléaux environnementaux ne sont pas visibles. Ni des baigneurs, ni des nageurs, ni des navigateurs. Seuls les scientifiques en ont la pleine mesure. Bien sûr, nous croisons des quantités de plastiques flottants, et cela nous alerte ; mais ce n'est rien comparé à ce qui gît sous la surface de l'eau. Et c'est cet invisible qui provoque le plus de dégâts aux écosystèmes, au plancton, à la capacité de l'océan à capter du CO2 et à générer de l'oxygène dans l'atmosphère. L'acidification des océans et, dans le même ordre, le dérèglement climatique - nonobstant quelques situations ou images spectaculaires -, ne se « voient » pas. Difficile dans ces conditions de sensibiliser l'opinion publique, de provoquer l'émotion légitime, et de déclencher les réactions à la hauteur de l'enjeu. Pour cela, il faut faire confiance au travail des scientifiques et à l'accumulation de conclusions devenues indiscutables. Et, surtout, il faut les intégrer à notre modèle de société.

Cette funeste réalité, comment le compétiteur que vous êtes s'en empare-t-il ?

La compétition, c'est extraordinaire. Mais à quoi bon dans un monde qui ne fonctionne plus ? Et, en ce qui me concerne, une course de bateaux a-t-elle du sens sur un océan en crise ? Tout compétiteur peut être tenté par une lecture très égocentrée et, par exemple, redouter qu'un débris de plastique se fiche dans les appendices de son monocoque. Sauf qu'aujourd'hui, nous sommes tous pleinement conscients de la mauvaise santé des océans, et donc nous devons adopter une attitude responsable et qui dépasse notre seule situation. Nous devons tous agir, et chaque marin en particulier.

En février 2022 s'est tenu à Brest the One Ocean Summit, censé voler au secours des océans et déployer les parades contre la pollution plastique et le dépérissement de la biodiversité. Quelques actes, beaucoup de promesses, et au final la déception : c'est le sentiment partagé par la plupart des observateurs, comme pour la Cop26 à Glasgow. C'est aussi le vôtre ?

Le One Ocean Summit a eu le mérite d'exister, de braquer les projecteurs sur une cause fondamentale, et c'est important. J'ai assisté à des échanges précieux, j'ai participé à des rencontres utiles, j'ai croisé des experts passionnés, j'ai écouté des politiques extrêmement concernés. Tous tournés vers un même but : sauver les océans. Est-ce suffisant ? Évidemment, non ! Mais critiquer ce type d'initiative est régressif, et même contre-productif.

S'il y a une leçon à tirer, c'est que le monde politique est essentiel, mais que les solutions sont surtout entre les mains des citoyens, des innovateurs, des entrepreneurs. Stigmatiser tel ou tel groupe social n'a pas de sens ; il faut au contraire faire converger toutes les énergies, et à cette fin chacun doit accepter sa part de responsabilité et celle de contribution à la réparation, niveau par niveau : d'une entreprise, d'une commune, d'un territoire, d'un pays, d'une société... et de la planète. C'est à la condition d'une remise en cause personnelle puis de l'addition desdites remises en cause que l'objectif peut être envisagé. Je revendique l'optimisme !

Un paquebot de croisière géant convoyant un troupeau de plusieurs milliers de touristes avachis sur leur transat, dévorant des buffets pantagruéliques, s'abrutissant au casino du 8e étage, s'enivrant d'alcool à volonté, sillonnant les travées illuminées de boutiques clinquantes, déversant dans la mer toutes sortes de pollutions - à commencer par le gaspillage -, cela peut-il vous inspirer d'autres sentiments que le dégoût ?

Lors de mon premier tour du monde - c'était le Vendée Globe en 2012 -, je traversais les mers du Sud. Cette partie du monde avait toujours été l'un de mes rêves. J'étais alors dans un endroit extrêmement sauvage. Mes seuls compagnons étaient les albatros. Au fur et à mesure que j'approchais du cap Horn, je me rapprochais de la civilisation. Et voilà que surgit un paquebot de croisière, que je faillis percuter. Imaginez le choc ! Il était multiple : celui de manquer de peu une catastrophe, celui de me confronter si brutalement à un symptôme aussi spectaculaire de la civilisation, celui d'imaginer le voyage de ces touristes et de le mesurer au mien. Je ne veux pas porter de jugement. Et je crois que la solution est moins dans la condamnation que dans l'accomplissement d'un objectif : encourager l'humain à s'émerveiller de l'océan, à jouer avec l'océan, à célébrer l'océan. Nul doute alors qu'une partie de ce tourisme de masse se détournera des paquebots parce qu'elle aura pris conscience des véritables trésors de l'océan.

La terre vue du ciel et celle vue de l'écume des mers forment une seule terre. Vous avez eu l'occasion de dialoguer de cela avec Thomas Pesquet, et de voir ensemble ce que l'air et l'eau ont de commun ou, au contraire, de singulier. L'espace est devenu un terrain de conquêtes militaires et technologiques effrénées, un terrain nouveau de pollution, un terrain de rivalités entre milliardaires de la tech qui veulent le coloniser et le mercantiliser à des fins de tourisme, mais plus encore, de pouvoir et d'hubris. L'océan connaît-il d'ores et déjà un même sort funeste ?

J'ose espérer que non... L'espace, et de manière générale le ciel et l'univers, a toujours fasciné l'humain. S'y concentre une notion d'inspiration et de fascination que je trouve plutôt géniale. Si cette attraction a un équivalent pour l'océan, c'est, selon moi, positif... à condition, bien sûr, de ne pas verser dans les dérives que vous énoncez à propos de l'espace. Ces dérives ont-elles commencé ? C'est probable, mais ce n'est pas définitif, et la marge de manœuvre est grande pour y remédier.

Vous êtes sensible à une interrogation, une quête cardinale : quel est le sens du progrès ? Cette fascination de l'humain pour les territoires inconnus, quelles limites faut-il lui imposer afin d'assurer au sens du progrès de ne pas se dissoudre ?

Je n'ai malheureusement pas de réponse à cette question centrale, mais si quelqu'un en propose, je suis preneur (rires) ! Mon optimisme et ma confiance en l'avenir, je les puise dans ma passion pour la technique et l'innovation, que j'affecte à ma passion pour les bateaux. Pour autant, je ne suis pas candide. Nous ne pouvons pas, et même ne devons pas, nous abriter derrière la technique, et espérer d'elle qu'elle résolve tous les problèmes. Mais l'inverse vaut pareillement : ce n'est pas parce que la technique n'est pas une solution universelle, ce n'est pas parce que la science n'est pas une parade infaillible, que nous ne devons pas les considérer ! Tout est question d'équilibre. J'ai effectué mon cursus dans une école d'ingénieur où l'on enseigne les humanités ; cela fait-il de moi un expert ès sens et philosophie adaptés à la science et aux techniques ? Non, bien sûr. Mais au moins ai-je été sensibilisé, et c'est déjà important. Décloisonner les spécialités, les faire débattre ensemble, est essentiel pour avancer vers un progrès riche de sens, dont profiteront notre civilisation en général et les océans en particulier.

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À l'université comme dans la plupart des écoles de commerce, où sont enseignées des visions anachroniques, cette sensibilisation est loin d'être de mise. Idem au collège et au lycée. Comment espérer changer le monde si le système éducatif demeure fossilisé dans ses représentations désormais obsolètes du monde ?

En tant que père de trois garçons, je suis très conscient du rôle prépondérant que doit exercer le modèle éducatif. Celui de l'enseignement, mais aussi bien sûr celui de parent. Comment fait-on pour aider les enfants à grandir dans le sens de la responsabilité, de l'autonomie de penser et de critiquer ? La question est d'autant plus vertigineuse à l'aune d'une époque si complexe, où la notion même de vérité est contestée. Les problématiques environnementales sont insuffisamment traitées à l'école. Mais lorsque je dialogue avec des étudiants, je suis surpris de constater combien d'entre eux sont sensibles, regorgent d'initiatives et de projets allant dans le sens d'une planète sauvegardée. Voilà une autre raison d'être optimiste...

Que vous inspirent les projets, réalistes ou fantasmés, qui « envoient » l'Homme habiter un jour l'océan ? Habiter, c'est-à-dire en faire un lieu de travail, de loisirs, de consommation, de mobilité, et donc un lieu d'exploitation et d'aliénation ?

Il existe, dans ce domaine, de très belles utopies. Et elles m'inspirent en premier lieu de la fascination et de l'engouement. Pour autant, j'ai aussitôt le même réflexe qu'à propos de l'espace : le meilleur endroit pour vivre sur la planète, c'est à sa surface ! Et il faut savoir raison garder : imaginer que l'océan abritera un jour des milliards d'habitants serait une utopie, cette fois-ci effrayante.

L'espace et l'eau comme une « fuite » de nos responsabilités sur terre...

Absolument. De toute façon il n'existe pas encore de projet solide et crédible dans ce sens. Toutefois, dans le même esprit que l'exploration de Mars, l'aventure scientifique dans les fonds marins - d'une distance maximale de seulement 11 000 mètres - peut se révéler très utile. Car ce sont de multiples disciplines scientifiques qui en tirent alors de précieux enseignements. Tout est question de discernement au moment d'acter un projet de cet ordre par nature extrêmement consommateur (d'énergie, de financements, de moyens humains, et d'impacts environnementaux) afin de répondre à LA question : à quoi et à qui cela sert-il ? Et les bénéfices attendus sont-ils supérieurs aux dépenses engagées et aux risques encourus ?

« Nous devons changer de système économique », estimez-vous lorsqu'il vous est demandé si le modèle capitaliste actuel est compatible avec l'aggiornamento écologique qu'imposent la situation et l'avenir à très court terme de la planète. Y croyez-vous ? Que pèsent les petits signaux de TPE audacieuses face au rouleau compresseur du greenwashing dicté par la spéculation et les marchés financiers ?

Oui, il faut un changement. Mais à toute révolution je préfère l'évolution. Celle-ci débute par une remise en question en profondeur, ensuite on regarde les formes qu'elle peut prendre, les impacts sociaux, économiques, technologiques, et enfin on arbitre les mises en œuvre.

C'est valable pour un pays comme pour une entreprise. Voilà ce qui a guidé l'évolution de votre société MerConcept vers le statut d'entreprise à mission ?

Exactement. Je suis fier de cette transformation. J'aime créer des projets, prendre des risques, et je suis convaincu qu'une entreprise a des devoirs vis-à-vis de toutes les parties prenantes de son écosystème, des salariés à l'environnement, des fournisseurs aux actionnaires. Penser l'entreprise dans l'exercice de sa responsabilité à l'égard de la société, et justement dans sa contribution à cette évolution du système, est passionnant.

Quel type de patron êtes-vous ? Skipper et chef d'entreprise usent-ils d'un même modèle managérial pour entraîner leurs équipages respectifs ?

Difficile de me définir... Demandez à mon équipe ! (rires) Que je sois à la tête de mon équipage ou de mon entreprise, je délègue beaucoup et fais confiance. Je conçois mon rôle d'entrepreneur comme un semeur de projets, qui vont se concrétiser grâce aux initiatives, au travail, à l'enthousiasme de toute l'équipe. Lorsqu'on part d'une page blanche et qu'on la noircit à force de cogiter, de rassembler, de (se) confronter, de partager, de rebondir, la satisfaction est immense. Quel bonheur de voir une réalité finale dépasser de si loin la petite idée (ou folie) de départ ! Et quel plaisir de saisir combien seul, sans tout le collectif, on n'est rien. La notion, à mes yeux, centrale du patron, à savoir le sens et l'exercice des responsabilités - vis-à-vis des salariés, des financiers, des sponsors -, prend alors toute sa dimension.

L'exercice de la responsabilité, vous l'avez éprouvé douloureusement lorsqu'en 2020 votre partenaire historique, la Macif, a décidé de mettre fin au partenariat, plaçant MerConcept et votre projet de trimaran en grande difficulté. Même chez les enseignes que l'on croit les plus valeureuses, la notion de RSE a ses limites...

Cela fait partie de la vie, tumultueuse, des entreprises. Être patron, c'est accepter dès le départ que le fleuve ne sera jamais tranquille. C'est affronter chaque obstacle et lui trouver une parade ou une riposte. Et ces écueils sont proportionnels à l'envergure des projets et à l'ambition des chantiers poursuivis... je vous laisse deviner ce que cela signifie chez MerConcept ! Mais quel bonheur lorsqu'on parvient à dépasser ces obstacles ! Bonheur intime, bonheur altruiste, bonheur partagé avec tous ceux que l'épreuve a précipités dans l'incertitude ou mis en danger. Et l'un de ces bonheurs, nous le devons au groupe de cosmétologie Kresk, qui nous accompagne dans le développement du SVR-Lazartigue.

L'une de vos principales ambitions est de faire le tour du monde en moins de 40 jours, et d'atteindre la barre des 1 000 milles en 24 heures. Toujours plus vite, plus haut, plus grand : cette équation est la devise bien comprise de tout compétiteur, mais est-elle compatible avec l'exigence de sobriété et celle de ralentissement, que réclament l'état de la planète et les figures les plus emblématiques de la cause environnementale - de Jean-Marc Jancovici aux experts du GIEC et à tant d'autres penseurs ou spécialistes ?

Nous sommes tous exposés à nos paradoxes. Ralentir la vitesse de course ne fait évidemment pas partie de mon vocabulaire ! Je préfère insister sur l'alliage auquel MerConcept se consacre : proposer des technologies qui permettent de glisser plus vite sur l'eau mais en optimisant l'emploi de l'énergie primaire qu'est le vent. Je ne nie pas que nos bateaux de course ont un impact : leur fabrication recourt au carbone, issu du pétrole. Mais une fois sur l'eau, cet impact fond. N'est-il pas fascinant de traverser aujourd'hui l'Atlantique en quatre jours à la seule force du vent ? Lorsque je navigue, seul, sur mon nouveau trimaran SVR-Lazartigue, un géant de 32 mètres et de quinze tonnes, et que je dépasse les 100 km/h avec pour seule énergie consommée celle de mes bras et celle du vent, lorsque dans les mêmes conditions énergétiques j'ai couvert le tour du monde à une vitesse moyenne de 27 nœuds, soit 50 km/h, au final lorsque nous prenons conscience qu'il est possible de capter sur ces bateaux une énergie extrême, n'est-ce pas à la fois stimulant, responsable et plein d'espoirs ?

Lorsqu'on s'engage dans un tour du monde en solitaire, le plus excitant mais aussi le plus effrayant, est-ce d'anticiper les éléments naturels hostiles auxquels on va se heurter, ou de s'imaginer (selon les circonstances) avec ou face à soi-même ?

Je n'ai jamais souffert de la solitude, car elle est choisie. Physiquement on est seul, et certes on ne peut compter que sur soi en cas de problème, mais on est en contact avec le reste de l'équipe sur terre. Mon goût pour les courses en solo n'a jamais résulté d'une volonté de fuir ou d'être recroquevillé sur moi-même ; en revanche, l'exercice est extrêmement intéressant. Le reste du temps, j'ai trop peu l'opportunité de me retrouver avec moi, car je suis toujours en interaction avec d'autres - famille, collaborateurs, amis, interlocuteurs de toutes sortes. Une fois sur le bateau, il m'arrive de regretter l'hyperconnexion qui est désormais la réalité des courses, et d'ailleurs je m'astreins à des plages de déconnexion - chacun d'entre nous devrait d'ailleurs s'imposer ces moments de liberté.

La pandémie a été l'occasion pour nombre d'humains de mettre en lumière des aspérités, des pans de vulnérabilité, une conscience de la finitude qui leur étaient jusqu'alors inconnus. Cette révélation introspective peut-elle profiter au regard que collectivement nous devons réserver à la planète ?

Cette période si particulière a permis, à ceux qui y étaient disposés, de se poser des questions de fond. Et, il faut l'espérer, de progresser, notamment dans l'exercice de leurs responsabilités. Mais mon optimisme naturel a une limite : le principe de réalité. Et l'approche sociologique ou philosophique de la pandémie a de commun avec celle de la guerre en Ukraine et, plus globalement, celle de toute crise, le constat d'un éventail extrêmement large de raisonnements : des gens révèlent une formidable dynamique de sensibilité et de transformation, d'autres se distinguent par le statu quo, d'autres encore s'enferrent dans la cécité et l'irresponsabilité. Et je crains que les fractures se soient aggravées, au point que ressouder l'humanité s'avère être une chimère.

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Article issu de T La Revue n°10 spécial "eau" actuellement en kiosque et disponible sur notre boutique en ligne

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