Transition écologique : les défis du futur probable président de l'Ademe, Boris Ravignon

Sous réserve de validation par le Parlement, le maire de Charleville-Mézières (Ardennes) va prendre la tête de l'Agence de la transition écologique (Ademe). Le budget de cette dernière sera de 4,2 milliards d'euros en 2023, dont 1,7 milliard d'euros pour la décarbonation de l'industrie. Pour avoir les moyens de ses ambitions, ses effectifs vont augmenter de 10% l'an prochain. Décryptage.
César Armand
(Crédits : Olivier Mirguet)

Le poste était vacant depuis six mois et le départ d'Arnaud Leroy pour d'autres horizons. Le président de la République a trouvé le nouveau président de l'Agence de la Transition écologique (Ademe). Via un communiqué lapidaire envoyé le 3 décembre, Emmanuel Macron a annoncé, « envisage[r], sur proposition de la Première ministre », de nommer Boris Ravignon, le maire (LR) de Charleville-Mézières (Ardennes).

Les deux hommes se connaissent depuis près de vingt ans. Entre 2004 et 2005, ils ont travaillé ensemble à l'Inspection générale des Finances. A l'époque, l'édile du Grand-Est, chargé de mission auprès du chef de service, fixe la feuille de route des inspecteurs. Autrement dit, il est le chef de l'actuel chef de l'Etat.

« Cela m'a valu de discuter avec Emmanuel des missions dont il allait s'occuper. Je me souviens par exemple d'un travail sur l'allégement de la taxe foncière des exploitations agricoles », confiait Boris Ravignon en 2017 à L'Union ardennais.

Un budget de 4,2 milliards d'euros en 2023

Cinq ans plus tard, sous réserve de validation par le Parlement, l'élu local, qui a parrainé le président-candidat dans sa course à la réélection en 2022, va donc prendre la tête de l'Ademe. Un établissement public au service de l'Etat, des entreprises et des collectivités territoriales pour baisser les consommations d'énergie, développer les énergies renouvelables et réduire les émissions de gaz à effet de serre.

« Accélérer la transition écologique en mettant en œuvre les fonds programmatiques ''France 2030'', le ''Fonds vert'', poursuivre l'accompagnement des politiques publiques par son expertise, renforcer l'action territoriale en étroite collaboration avec les préfets et les régions, et enfin poursuivre la transformation de l'agence : stratégie client, simplification et clarté des parcours afin de changer d'échelle », tels sont les défis qui attendent Boris Ravignon, selon une source proche du dossier.

Hasard du calendrier, le conseil d'administration de l'Agence de la transition écologique vient d'adopter, le 1er décembre, son budget 2023. Doublé par rapport à celui de 2022, ce dernier vient en effet d'être porté à 4,2 milliards d'euros. Depuis le lancement en octobre 2021 du plan d'investissement « France 2030 » pour une durée de cinq ans, l'Ademe s'est déjà vu confier, par l'Etat, une enveloppe de 9 milliards d'euros. Comme opérateur, elle a déjà lancé 25 appels à projet en 2022 pour accompagner, en 2023, le financement de projets d'innovation, de démonstration, d'industrialisation et de déploiement sur les thématiques de l'industrie, de l'hydrogène, de l'économie circulaire, des produits biosourcés, du bâtiment, de la forêt-bois, des mobilités et des énergies renouvelables, rappelle l'agence sur son site Internet.

1,7 milliard d'euros pour la décarbonation de l'industrie

Grâce à « France 2030 », ses fonds programmatiques vont parallèlement gagner en volume. Ainsi, le fonds de décarbonation de l'industrie devrait engager près de 1,7 milliard d'euros l'an prochain. Deux cibles : la décarbonation des sites très émetteurs - l'aciérie, la chimie lourde, les cimenteries et l'aluminium - et le déploiement de solutions matures - la chaleur renouvelables, l'efficacité énergétique et matière, l'électrification -. Objectif : « permettre une réduction massive des émissions de gaz à effet de serre et le soutien à la compétitivité de l'industrie française dans le contexte d'augmentation des prix de l'énergie et des matériaux », écrit l'Ademe dans une déclaration transmise à la presse.

Autres « orientations stratégiques » : 520 millions d'euros pour le fonds chaleur, 210 millions pour le fonds économie circulaire, mais aussi 50 millions d'euros pour l'hydrogène renouvelable et bas-carbone, 33 millions pour le fonds « recherche », 22 millions pour les sites et sols pollués ou encore 20 millions pour le bâtiment.

Plus généralement, l'Agence se fixe des « ambitions fortes » en 2023: 600 collectivités locales engagées dans une stratégie de transition écologique, 500 entreprises engagées dans la démarche ACT© (Assessing low Carbon Transition, d'évaluation de la transition bas-carbone, Ndlr), ou encore 100% de la population ayant accès à une information et un conseil personnalisé sur la rénovation énergétique.

10% de postes supplémentaires

Lors du congrès des maires et des présidents d'intercommunalité, l'Ademe avait, déjà, communiqué sur 336 collectivités labellisés « Territoire engagé transition écologique », un programme qui leur permet d'« atteindre les objectifs définis par leurs politiques territoriales », de « structurer leur démarche dans une logique d'amélioration continue » et de « former les équipes à la transition écologique ».

L'Agence avait également fait savoir ses « leviers d'action », comme le dispositif « conseiller en énergie partagé » qui permet aux communes de moins de 10.000 habitants un soutien à l'ingénierie territoriale dans la rénovation des bâtiments publics, mais aussi la plateforme Operat, un outil d'information clé en main qui partage les informations nécessaires à l'application de la réglementation énergétique sur le parc immobilier tertiaire.

Pour avoir les moyens de ses ambitions, ses effectifs vont augmenter, en 2023, de 10% avec la création de 90 postes supplémentaires. Soit un millier d'agents en équivalents temps plein répartis dans toute la France.

Lire aussiArdennes (5/5) Boris Ravignon : "Le territoire ardennais était descendu aux enfers"

César Armand

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Commentaires 8
à écrit le 05/12/2022 à 10:15
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Bien que je n'y connais rien... Ça sert à quoi l'Ademe, comme l'ARS et les comités Théodule..

à écrit le 04/12/2022 à 13:14
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Encore un énorme machin public qui coute une fortune avec à sa tête le copain des copains.

le 05/12/2022 à 1:17
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Il va y avoir un vrai problème avec l'ADEME qui est devenue avec le temps le bras armé des antinucléaires, ce qui n'était pas écrit à sa création en 1991 lorsqu'elle a repris, entre autres, les fonctions de l'AFME qui n'était alors qu'un appendice de...

à écrit le 04/12/2022 à 12:53
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Encore du débauchage

à écrit le 04/12/2022 à 11:44
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A votre pertinente intervention, j'ajouterais que si les pauvres ne se goinfraient pas de cochonneries sucrées et grasses, ils seraient moins gros, trouveraient du travail auquel ils pourraient se rendre en marchant au lieu d'être avachis dans leur 4...

le 05/12/2022 à 0:01
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Posez vous la question : qu est ce qui est moins cher ? Le gras sucre ou la qualité ? Des pauvres en 4x4 ? Donnez des preuves … c est plutôt la classe moyenne en mal de reconnaissance sociale ….travers bien français qu’on retrouve chez nos csp, Csp+...

le 05/12/2022 à 0:44
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Vous en êtes encore là! Avez-vous vu les récents reportages sur l'obésité et le sucre? L'activité physique n'est en aucune façon le principal remède à l'obésité. Le problème est d'abord un problème d'offre alimentaire, à coups de produits transformés...

à écrit le 04/12/2022 à 11:43
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Ecore une fois un commentaire pertinent de votre part. En effet si les chinois étaient des nord-coréens les choses ne se passeraient pas de la même façon. Et ils ne sont pas non plus des japonais ce qui peut expliquer certaines choses que vous avez b...

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