Ces emails qui embarrassent Goldman Sachs

Une commission du Sénat américain a publié ce samedi plusieurs emails, datant de 2007, dans lesquels notamment Lloyd Blankfein, PDG de Goldman Sachs, reconnaît que la banque d'investissement a gagné de l'argent en misant sur la baisse des crédits immobiliers à risques.

Voilà qui devrait plutôt embarrasser les dirigeants de Goldman Sachs à deux jours de l'audition de la sous-commission d'enquête du Sénat sur l'origine de la crise financière. En novembre 2007, Lloyd Blankfein, le patron de la banque d'investissement a envoyé un email laissant entendre que Goldman Sachs ne ferait pas partie des victimes de la crise des subprimes.

"Bien entendu, nous n'avons pas échappé à la pagaille des crédits immobiliers à risques. Nous avons perdu de l'argent, ensuite nous avons regagné plus que nous n'avons perdu grâce à des positions courtes", écrivait-il alors. Ce document rendu public par le Sénat n'est pas le seul à mettre Goldman Sachs en position délicate.

Dans une autre série d'emails envoyés en octobre 2007, un autre dirigeant de la banque, Donald Mullen, se montrait très affirmatif au sujet d'opérations impliquant des CDO (collateralized debt obligations) : "Il semble que allons faire pas mal d'argent".
Carl Levin, président de la sous-commission du Sénat, a déclaré que les emails montraient que Goldman Sachs avait "gagné beaucoup d'argent en pariant contre le marché du crédit immobilier".

"Les banques d'investissement telles que Goldman Sachs n'étaient pas seulement des teneurs de marché, c'était aussi des promoteurs intéressés de produits financiers compliqués et risqués qui ont contribué à déclencher la crise" a insisté le sénateur dans un communiqué.

Les mails très directs de Fabrice Tourré

Lucas van Praag, porte-parole de Goldman Sachs, a reproché à la sous-commission du Sénat d'avoir "sélectionné quatre courriels sur près de 20 millions de pages de documents et de courriels que lui avait fournis Goldman Sachs. La banque continue à assurer que ni ses dirigeants ni ses traders n'ont jamais parié contre ses clients ou contre le marché des produits immobiliers américain.

Pour prouver que ses traders étaient dès le printemps 2007 très inquiets de la situation, elle a même rendu publics quelques mails de Fabrice Tourre, le jeune et brillant Français au centre de cette affaire. Goldman Sachs a ainsi communiqué ce dimanche à l'AFP des mails rédigés par ce dernier début 2007. "Le résumé de la situation n'est pas très folichon pour le marché américain des produits immobiliers à risques... D'après Sparks (directeur des produits immobiliers chez Goldman Sachs, ndr), ce segment d'affaires est totalement mort, et les pauvres petits emprunteurs peu solvables vont pas faire de vieux os", écrivait par exemple à une amie Fabrice Tourre le 7 mars 2007. "Tout ceci me donne des idées sur mon futur à moyen terme, dans la mesure ou je n'ai pas l'intention d'attendre l'explosion totale du secteur", ajoute le trader.

Fabrice Tourre comme le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein et son directeur financier, David Viniar seront entendus mardi à Washington par la sous-commission du Sénat qui enquête sur le sujet. "Il est préoccupant que la sous-commission paraisse être parvenue à une conclusion avant même d'avoir tenu une audition", s'est donc étonné Lucas Van Praag avant d'ajouter que les déclarations de pertes et profits de Goldman pour 2007 et 2008 démontraient "de manière concluante" que la banque n'avait pas "gagné une somme d'argent importante" sur le marché du crédit immobilier.
 

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