Analyse : "Stress tests", le joli coup de "com" de Washington

Qu'ils l'affirment franchement ou à mots couverts, les professionnels partagent le même avis sur les "stress tests" menés par l'administration américaine sur les principales banques du pays : l'opération communication est un succès.

Quel bilan tirer des stress tests américains? Les avis divergent et surtout, beaucoup adoptent le discours optimiste proposé par les communicants de la Maison Blanche: les tests de résistance appliqués aux dix-neuf plus grandes banques des Etats-Unis ont révélé une situation solide, à condition de procéder à un total de 74 milliards d'euros de recapitalisation.

Les bons élèves (Goldman Sachs, JPMorgan...) se sont vu exemptés de levée de fonds et pourraient même être autorisés très prochainement à sortir du cadre du TARP, le plan de soutien américain au banque. Les mauvais, Bank of America et Citigroup en tête, ont reçu l'ordre de se recapitaliser.

Longtemps attendues, les conclusions des stress tests n'ont pas surpris. Leur orchestration, en revanche, est une première. Difficile d'imaginer que les différents gouvernements ont injecté des milliards dans leur système financier sans prendre le temps de vérifier la santé de leurs établissements auparavant. La seule nouveauté de cette opération est le fait que les conclusions, à savoir les besoins de recapitalisations des banques et les pertes potentielles, aient été rendues publiques, ainsi que la méthodologie utilisée.

Sur ce point, tout le monde est d'accord donc: les stress tests constituent une opération de communication réussie. En revanche, quand on demande aux banques françaises leur avis sur les conclusions en elles-mêmes, et surtout les besoins de financement du système financier américain, les réponses sont plus compliquées à obtenir.

Seul Crédit Agricole est un peu sorti de sa réserve. Dans une note hebdomadaire, la banque verte juge ces résultats "crédibles malgré leurs imperfections". Et se réjouit surtout qu'ils n'aient pas "provoqué de panique boursière ni de crispation politique".

Tout de même, l'établissement s'inquiète du fait qu'il resterait encore aux principales banques américaines 300 milliards de dollars de pertes à enregistrer, soit autant que celles déjà publiées depuis le début de la crise financière. A long terme, Crédit Agricole redoute donc "des résurgences périodiques des inquiétudes sur le niveau réel de solvabilité des banques américaines".

Chez Groupama A.M, Marie-Pierre Peillon, directrice de l'Analyse financière et extra-financière, tient un discours plus direct. Selon elle, ce n'est pas le montant des pertes potentielles des banques américaines pour 2009 qui crée la surprise, celui-ci "apparaît élevé face aux recapitalisations annoncées : 74 milliards de dollars, cela parait peu".

Le FMI, qui prévoit un déficit global en 2009 équivalent à celui anticipé par l'administration américaine, soit 500 à 600 milliards de dollars, estime dans ses perspectives pour l'économie mondiale d'avril que "le montant de capital nécessaire pourrait être de l'ordre de 275 à 500 milliards de dollars pour les banques américaines".

L'Europe à la traîne

D'un interlocuteur à l'autre, la tendance change donc radicalement. La raison de ces variations pourrait se trouver dans une annonce de l'Union européenne la semaine dernière. Elle aussi semble vouloir soumettre son système bancaire à des "stress test". Une décision qu'appuie le FMI. Mais là où les Etats-Unis ont joué le jeu d'une certaine transparence, en publiant les résultats de leurs tests de résistance, la version européenne devrait restée confinée dans la pénombre des ministères et autres instances de régulation financières.

Car "l'Europe est très en retard par rapport aux Etats-Unis dans ses passages de dépréciations", rappelle Marie-Pierre Peillon. Des pertes importantes sont encore à prévoir sur le Vieux Continent en 2009. Le FMI en attend pour 750 milliards de dollars, contre seulement 134 milliards en 2008. Le montant des recapitalisations nécessaires pour les banques européennes risque d'être colossal. Dans ses perspectives pour l'économie du mois d'avril, l'institution évoque une fourchette de 475 à 950 milliards de dollars! Pas étonnant que les Européens ne se pressent pas pour dénoncer la faiblesse de la recapitalisation américaine.

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Commentaires 5
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je trouve plutot inquietant que tous ces gouvernement jouent justement a ne pas comme le stipule la note du Credit Agricole"provoque de panique boursiere,ni de crispation politique",on est dans le meilleur des mondes ,dormez tranquilles braves gens ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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si le tress des banques est un "etat de leurs santés" ,comparons donc avec la medecine.etre malade c'est quoi?Entre etre mourant ,affaiblie,en voie de guérision,ext...il existe quelques nuances qui peuvent s'appliquer aux banques ,mais les banques "...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Communication réussie en effet ! Comment croire à une opération vérité de la part de gens qui nous prennent pour des truffes depuis des années ? Je suivrai le conseil de Warren Buffet : investir dans ce que je comprends ! Autrement dit fuir le secteu...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Nous avons eu de la part des états unis une bonne com. , car tout le monde sous-entend à mots comptés que les 74mds sont une goutte d' eau par rapport aux besoins réels qui avoisinent les 300à500 mds !!! Nous,, européens , ne seront pas capables de...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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SVP, faîtes attention à la grammaire! "la version européenne devrait restée(!!!) confinée... si c'était dans Picsou Magazine ou Libé, je n'y verrai aucune offense... on dit bien "qui aime bien châtie bien...

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