Chantier naval militaire : "pas de démantèlement de DCNS", affirme son PDG

Dans son audition à la commission de l'assemblée nationale, le nouveau PDG de DCNS souhaite renforcer le cœur de métier du groupe naval.

Pour sa première sortie publique, le tout nouveau PDG de DCNS (le grand chantier naval militaire français), Patrick Boissier, qui attend toujours sa lettre de mission, bloquée pour l'heure par des nombreux allers-retours entre la Délégation générale pour l'armement (DGA) du ministère de la défense et Bercy, a tracé quelques pistes pour l'avenir du groupe naval. "Ma vision n'est pas celle d'un démantèlement mais, bien au contraire, d'un renforcement de l'entreprise dans son c?ur de métier", a-t-il récemment confié aux députés de la commission de la défense.

Selon lui, "il n'est pas question de toute faire nous-mêmes mais nous ne devons pas devenir une société sans usine". Tout en estimant qu'après seulement quinze jours à la tête de DCNS (ex-DCN, Direction des constructions navales), il n'avait "pas une vision parfaitement claire de la stratégie de l'entreprise". Le patron de DCNS estime toutefois disposer "de quelques mois pour étudier tous les problèmes de l'entreprise, pour bien la connaître et pour définir une stratégie".

Dans ce contexte, Patrick Boissier, qui s'inscrit plutôt dans une stratégie "de continuité d'évolution" que de "rupture", souhaite que le groupe naval puisse "maîtriser l'essentiel". Aussi "maintenir et développer notre c?ur de métier en France est possible" et, a-t-il assuré, "la délocalisation de certaines activités n'est absolument pas inéluctable". En revanche, pas question que le groupe soit "seulement un ensemblier, c'est-à-dire une entreprise qui maîtrise uniquement la conception et la réalisation de l'ensemble complexe qu'est un navire de surface ou un sous-marin". Car, selon lui, "certains qui exercent le métier d'ensembliers finissent par se faire absorber par les ensembliers intégrateurs". En outre, il n'est pas hostile "au développement d'autres activités", à l'image de celle dans le nucléaire, à condition "de disposer d'un avantage compétitif dans un domaine connexe".

En revanche, il a acquis une certitude : "DCNS ne peut rester une entreprise purement française uniquement dédiée à satisfaire le marché national". Trop tôt pour lui pour se prononcer sur une alliance avec un industriel européen, TKMS (Allemagne), BAE Systems (Royaume-Uni), Navantia (Espagne), Finmeccanica (Italie) pouvant "être des candidats dans tel ou tel domaine". L'objectif de Patrick Boissier "est de faire en sorte que DCNS prenne une place majeure dans la recomposition à venir" du secteur naval.

Patrick Boissier est également revenu sur l'article 10 du projet de loi de programmation militaire (LPM) permettant de filialiser des activités de DCNS dans lesquelles le groupe ne sera pas majoritaire. Toutefois, a-t-il affirmé, "il faudra que DCNS accepte dans certains cas de ne pas être majoritaire, soit parce qu'il y aura plus de deux partenaires, soit parce que le partenaire sera plus fort dans le domaine en question". A l'image de l'entreprise commune que DCNS veut créer en Malaisie pour assurer le maintien en condition opérationnelle des sous-marins Scorpène. Pas question enfin de transférer à une filiale minoritaire des "activités essentielles" de DCNS. Selon Patrick Boissier, "l'actif essentiel pourrait être défini comme l'actif en l'absence duquel l'industriel perd la maîtrise de son c?ur de métier".

En outre, DCNS ne peut pas envoyer dans des filiales où il est minoritaire "l'un de ses personnels mis à disposition, sauf à ce qu'il renonce à son statut. Demain, la loi le permettra". Il a plaidé pour un assouplissement de ce projet en y introduisant "au moins dans le décret d'application la possibilité d'un droit de retour pour ces personnels, non pas ad vitam, mais après une certaine période qu'il faudra définir".

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