"GDF Suez est prêt pour un troisième EPR"

A l'occasion du premier anniversaire du nouveau géant européen de l'énergie, Gérard Mestrallet, son PDG, insiste dans une interview à "La Tribune" sur ses ambitions dans le nucléaire en France comme à l'international. Retrouvez le dossier complet sur ce premier bilan d'une méga fusion dans votre quotidien de ce jeudi.

Quel bilan tirez-vous à l'issue de la première année d'existence de GDF Suez ?

GDF Suez est aujourd'hui un leader mondial de l'énergie qui dispose de tous les atouts pour répondre aux enjeux énergétiques actuels. Selon le récent classement Forbes, GDF Suez se situe au 17ème rang mondial et au 2ème rang français des 2 000 plus importantes sociétés cotées. L'année qui vient de s'écouler était très particulière. Deux mois après la constitution du Groupe, la banque Lehman Brothers faisait faillite. Cinq mois plus tard, l'événement que l'Europe entière craignait s'est produit: la Russie a stoppé ses livraisons de gaz en plein record historique de consommation en France. Ces évènements exceptionnels ont tout d'abord permis de vérifier la robustesse de GDF Suez par rapport à la crise économique et financière. Dans un contexte difficile, nous avons démontré notre capacité à réagir très vite en étant par exemple la première entreprise à réouvrir le marché obligataire. Avec 12 milliards d'euros collectés sur les marchés, nous avons été le plus gros émetteur. Nous avons même réouvert le marché obligataire pour les particuliers belges et luxembourgeois en émettant 750 millions d'euros en janvier dernier, sur un marché six fois plus petit que la France. Cela montre la confiance des investisseurs et des particuliers dans la stratégie du Groupe. Quant à la rupture des approvisionnements de gaz russe, la mobilisation exceptionnelle de toutes nos équipes a permis aux Français de ne pas manquer de gaz. La création de GDF Suez a permis d'accroître la diversité des sources d'approvisionnement en gaz naturel, renforçant ainsi la sécurité énergétique française et européenne. Cela a été une démonstration grandeur nature.


La crise économique vous a-t-elle obligé à revoir vos ambitions à la baisse ?

La crise n'a épargné personne, mais les évènements récents ont permis de renforcer la logique industrielle du Groupe. Ainsi, nous avons décidé de tenir le cap et notre stratégie à long terme soutenu par un "plan global de performance" de 1,8 milliard d'euros ajoutant un milliard d'euros à nos objectifs de synergies. Nous avons par ailleurs confirmé un programme d'investissement de 30 milliards d'euros sur trois ans. Sur le plan des ressources humaines, le groupe a recruté en 2008 près de 32 000 personnes, dont 13 000 en France. Cette dynamique de recrutement va se poursuivre presque au même rythme dans les années à venir.


Comment se déroule l'intégration des équipes ?

Dès les premières semaines de la fusion en juillet 2008, nous avons annoncé une rafale de bonnes nouvelles: le rachat du premier producteur d'électricité à Singapour, de gros contrats gagnés à Bahrein et Abu Dhabi, des acquisitions aux Etats-Unis et en Turquie... Ces signatures nous ont permis de montrer que le nouveau Groupe allait de l'avant. Jean-François Cirelli et moi-même veillons au quotidien à ce que cette intégration se déroule dans une très bonne atmosphère. Cet aspect avait d'ailleurs été minutieusement préparé par 46 Groupes de travail d'août 2007 à juillet 2008.

Quelles ont été les surprises, bonnes ou mauvaises ?

Après presque trois ans de préparation, il y a peu de place pour les surprises ! L'ensemble des collaborateurs du Groupe sont de grands professionnels. Ajouté à cela, des positions industrielles de tout premier plan... Mais tout ça je le savais déjà !

Les surcapacités actuelles de gaz naturel liquéfié (GNL) vous privent d'un des atouts escomptés de la fusion ?

La fusion nous a permis de renforcer notre position de leader sur ce marché. Il existe en effet aujourd'hui des surcapacités de GNL, essentiellement aux Etats-Unis. Ces surcapacités n'altèrent pas notre vision stratégique à long terme. Nous restons convaincus que le GNL présente des atouts incontestables en terme de flexibilité et de diversification des approvisionnements. Le GNL offre une sécurité d'approvisionnement supplémentaire et nécessaire pour les systèmes gaziers.

Quelle est votre bilan sur le marché de l'électricité en France ?

Le système va beaucoup évoluer avec la fin du Tartam, la contribution climat énergie, les suites qui seront données au rapport Champsaur.
Sur le marché des entreprises, le Tartam nous a fait perdre des clients. Nous comptons aujourd'hui 200.000 clients professionnels, soit plus de 4% du marché.
Depuis l'ouverture totale des marchés, plus de 500.000 clients particuliers ont adhéré à nos offres de fourniture d'électricité. Ainsi, plus de la moitié des clients qui ont quitté leur fournisseur historique nous font aujourd'hui confiance.

Votre politique commerciale agressive est très critiquée... Combien avez-vous perdu de clients sur le marché français du gaz ?

Ce terme est tout à fait excessif dans un marché où, 2 ans après l'ouverture totale à la concurrence, près de 97% des clients sont encore au tarif réglementé électricité et 95% au tarif réglementé gaz. En ce qui concerne GDF Suez, nous nous sommes efforcés dès 2007 de proposer à nos clients particuliers une offre commerciale innovante et compétitive : une liberté de choix entre le tarif réglementé et l'offre de marché pour le gaz; mais également une visibilité au travers d'une offre à prix fixe pour le gaz naturel et l'électricité pendant 1 ou 2 ans. Dans un contexte de forte volatilité des prix de l'énergie, cette promesse de prix fixe a trouvé un écho fort chez les particuliers. Elle nous permet d'occuper la place de 1er challenger d'EDF. Enfin, sur les cas de pratiques de ventes contestées, il s'agit d'incompréhensions entre GDF Suez et certains de ses clients qui ont toutes fait l'objet d'un retour à la situation contractuelle initiale choisie par le client. A cet égard, nous poursuivons de façon continue la formation et l'accompagnement de nos gestionnaires de clientèle afin d'éviter ce type d'incompréhension.


Pourquoi le prix du gaz n'a-t-il pas baissé en juillet ? Tablez-vous sur une hausse à l'automne ? De quel niveau ?

Je tiens tout d'abord à vous rappeler qu'au 1er avril, les tarifs du gaz ont baissé de 11,3% reflétant ainsi la baisse des produits pétroliers. Au 1er juillet, le gouvernement a pris la décision de ne pas faire de mouvement tarifaire. En ce qui concerne octobre, il est aujourd'hui trop tôt pour se prononcer, puisque la période de référence qui permet de calculer le prix du gaz n'est pas terminée.

Quelles sont vos ambitions dans le nucléaire ?

C'est pour nous un axe de développement stratégique. Nous voulons participer au renouveau de cette énergie dans le monde. En France, nous avons été choisi par le gouvernement pour construire aux cotés d'EDF le second EPR à Penly. Le gouvernement a également reconnu notre capacité et notre volonté de construire et d'opérer le troisième EPR français. Afin de répondre aux besoins futurs, nous sommes convaincus de la nécessité d'un tel équipement pour alimenter le réseau électrique français et européen. Nous mènerions ce projet en partenariat avec de grands énergéticiens européens comme Total, E.ON, Iberdrola ... A l'international, nous participons à la constructions de deux réacteurs en Roumanie. A Abu Dhabi, nous avons créé un consortium avec Total et Areva, auquel s'est joint EDF, pour proposer la construction et l'exploitation de centrales nucléaires. En Grande-Bretagne, nous avons l'ambition de construire un ou deux EPR avec nos associés Iberdrola et Scottish and Southern Power. Enfin, le Brésil envisage de construire plusieurs centrales nucléaires. Nous occupons dans le pays une position remarquable en étant premier producteur privé d'électricité. Nous entretenons par ailleurs d'excellentes relations avec les autorités brésiliennes. Nous serions naturellement très intéressés si des projets devaient voir le jour.

Que pensez-vous de vos chances d'appel sur l'amende record que vient de vous infliger la Commission européenne pour entente avec E.ON ?

Nous contestons fermement les conclusions de la Commission européenne sur ce dossier et nous porterons cette décision devant le Tribunal de Première Instance des Communautés Européennes. Nous défendrons nos intérêts contre cette décision que nous estimons non fondée.

Quelle est la prochaine étape pour GDF Suez ?

Nous sommes engagés dans un programme de développement ambitieux malgré la crise. Nous avons investi près de 12 milliards d'euros en 2008. Le groupe a d'ors et déjà pris la décision d'investir 30 milliards sur la période 2009-2011. La base de ce programme de développement sera principalement organique. De nombreux projets industriels sont à l'étude dans le monde et beaucoup sont susceptibles de nous intéresser.

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Commentaires 5
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le nucléaire n'est pas l'avenir de la planète....

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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L'idéal serait de transformer la planète en une gigantesque usine avec des tuyaux partout pour alimenter 20 milliards d'êtres humains entassés dans d'immenses tours avec des jardins musées suspendus pour montrer au public ce qu'était jadis la vie ave...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Leader... Leader... Leader... Leader... Et alors ? Tout le monde se bat pour cela... Il y a un paradoxe à vouloir développer le gaz en france contre l'électricité et à vouloir un troisième EPR... Peu de cohérence le leader maximo !!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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FL: Magnifique texte !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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GDF SUEZ communique sur: - le nombre d'embauches, et pas sur l'évolution des effectifs réels en France - les succès dans des projets engagés avant la fusion, et ne dit rien sur les conséquences de la crise et de la chute des prix de l'énergie en ma...

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