"Caddie était peu endettée, c'était son principal problème"

La mésaventure de Caddie a ceci d'exemplaire qu'elle tendrait à faire penser que les banquiers n'apprécient guère les entreprises... peu endettées !
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La reprise du fabricant de chariots de supermarché Caddie par Altia, prononcée le 21 mai 2012 par le tribunal de commerce de Strasbourg, a soldé une série de man?uvres financières avortées qui auraient abouti, sans repreneur, à la disparition du savoir-faire de l'entreprise alsacienne. Wanzl, le concurrent allemand de Caddie, a été parmi les premiers éconduits. « Caddie nous a fait une proposition de rachat à 20 millions d'euros, il y a deux ans. Nous avons négocié à 5 millions d'euros, ils ont refusé », explique Jacques de Beauval, directeur commercial chez Wanzl. Le fonds de retournement Per-ceva, spécialisé dans la reprise de sociétés en difficulté, n'a pas donné suite quand Caddie s'est déclarée en cessation de paiement, le 5 mars 2012. Confrontée à des déficits chroniques d'exploitation (10 millions d'euros de pertes en 2011), après une série d'exercices dans le rouge depuis 1999, l'actionnaire Alice Deppen-Joseph, 83 ans, était arrivée à court de ressources financières quand il aurait fallu injecter, une dernière fois, 15 millions d'euros de trésorerie.

Le besoin d'argent frais fait douter Les banquiers

Entre-temps, un projet d'accord avec Supercart, fabricant de chariots d'ori-gine sud-africaine, avait semé le doute quant au périmètre réel des activités de l'entreprise alsacienne.
« Cette consommation d'argent frais a conforté les doutes des banquiers, qui ont décidé de ne plus suivre Caddie à l'annonce de sa restructuration industrielle, en 2009. L'entreprise était peu endettée, c'était son principal problème », observe Pascal Gaden, conseiller aux mutations économiques à l'Adira, l'agence de développement économique du Bas-Rhin. Un projet à 15 millions d'euros imaginé par Stéphane Dedieu, son directeur général, aurait permis à Caddie de gagner en productivité sur un nouveau site industriel désenclavé, à Drusenheim (Bas-Rhin). Mais les banques avaient perdu confiance : lors d'une réunion à laquelle étaient conviées une dizaine de banques de référence de Caddie, deux créanciers porteurs de 200?000 euros d'avoirs n'ont même pas fait le déplacement.
Reste maintenant, pour Altia, à financer la stratégie de reconquête de Caddie, devenue Altia KDI. En Alsace, le nouvel actionnaire a repris 384 salariés sur 508. Une unité secondaire au Portugal, Farame, a été cédée au groupe français Phoenix, et sa production relocalisée en Alsace. « Nous pouvons rapidement reprendre 20 à 30% de chiffre d'affaires », annonce Stéphane Roecker, directeur financier d'Altia KDI. En 2012, ce chiffre devrait rester stable, autour de 60 millions d'euros.

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