Un ex-banquier d'UBS raconte comment il "recrutait" ses clients français

Un ancien chargé d'affaires de la banque suisse UBS a témoigné sur ses années de travail dans les colonnes du journal Le Temps. Il décrit en particulier les pratiques utilisées pour démarcher les riches clients en France, et les stratagèmes pour leur proposer de placer leur argent non déclaré hors du territoire.
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Jean [le prénom a été modifié] a travaillé pendant dix ans pour la banque UBS dans l'un des Desk France, qui s'occupe de gérer le patrimoine des clients qui sont résidents en France. Il était « conseiller à la clientèle », ce que l'on appelle en France un « CA », autrement dit un chargé d'affaires. Les CA sont soupçonnés par la justice française de démarchage illicite de riches personnes accusées d'avoir aidé à exfiltrer de l'argent non déclaré en Suisse. UBS nie cependant avoir eu recours à ce genre de pratiques. Jean admet qu' «il n'y a pas de preuve de ce que nous avons fait dans ces années-là, car tout était arrangé pour effacer les traces, et les instructions n'étaient jamais données par écrit». Il est donc difficile d'enquêter sur certaines activités de la banque, en raison du manque de documents.

>> UBS aurait démarché en France pour ouvrir des comptes en Suisse

"Vous ne posez pas de questions"

Les faits se déroulent aux alentours de 2003. Jean s'occupait à l'époque de 300 clients dont les revenus se situaient entre 250.000 et 2 millions de francs suisses. Ces clients, contribuables français, étaient médecins, avocats, ou encore chefs d'entreprise, et possédaient en général des comptes ouverts par voie numérique. Et d'après Jean, la grande majorité d'entre eux ne déclaraient pas en France leurs placements en Suisse. Mais il explique que ce n'était pas de son ressort :  « On nous disait que c'était la responsabilité du client, contribuable français, de déclarer son argent. S'il ne le faisait pas, cela ne nous regardait pas. »

Dans ces conditions, les banquiers avaient tout intérêt à rester discrets. Jean parle alors de « non-dits », et évoque un « métier d'argent », où « vous ne posez pas de questions ». « A partir de 2008 et 2009, il ne fallait surtout rien demander » : Si le client expliquait que l'argent n'était pas déclaré, le banquier n'était plus en droit de l'accepter. Jean donne alors des détails sur les pratiques « paranoïaques » des clients Français : langage codé, appels donnés depuis des cabines téléphoniques... Il explique que le client n'utilisait sa vraie identité que lors de l'ouverture du compte. Ensuite, il utilisait un pseudo et ne communiquait que par langage secret.

Démarchage à Paris

L'ancien banquier explique s'être rendu à plusieurs reprises à Paris, pour aller à des rendez-vous avec ses clients. Mais aussi dans des dîners, pour « vendre la popote » en ventant l'image respectable d'UBS. Il explique qu'entre 2003 et 2007, les ouvertures de compte se faisaient directement sur place, en France par le biais d'un stratagème informatique. Les banquiers faisaient remplir les documents, les renvoyaient en Suisse et ne les complétaient qu'une fois retournés là bas.

UBS a été mise en examen le 6  juin dernier pour démarchage illicite. Mais la banque se défend d'utiliser de telles pratiques, et explique que se déplacer en France afin d'entretenir le contact entre clients et banquiers est autorisé. Mais Jean n'y croit pas. Il questionne : « Pourquoi aller en France si ce n'était pour prospecter et acquérir de nouveaux clients? Vous pensez qu'UBS payait quatre ou cinq voyages par an [...] pour aller serrer des mains? Cela n'aurait pas de sens. » Il ajoute : « Notre mission, ce n'est pas seulement de gérer un portefeuille, c'est de le développer et d'acquérir de nouveaux clients ».

Un document interne à la banque, daté de 2005, montre que celle-ci était consciente des règles en matière de démarchage des clients. il y est écrit que «seules les entités autorisées» sont «légitimées» à démarcher en France et les contacts «non sollicités» sont interdits lorsqu'il s'agit «d'induire les personnes ciblées». Cependant, ce même document fournit aussi des techniques pour contourner ces règles, dont celle que Jean utilisait.

Aujourd'hui, cet ancien banquier souhaite dénoncer « l'hypocrisie » qui fait peser les charges uniquement sur les conseillers à la clientèle et non sur la banque.

Voir l'article complet sur Le Temps

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Commentaires 20
à écrit le 15/06/2013 à 10:28
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exactement ce que j ai dis dans ce forum depuis des mois: les employés doivent se mettre sous protection de témoin car leurs employeurs vont les laisser tomber. Allez voir la justice francaise et les services fiscaux avant qu on ne vous arrête. Votre...

à écrit le 14/06/2013 à 22:15
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on ne peut pas comparer la perf du dax et du cac car dans le dax; les dividendes ne sont pas soustraits de l'indice. Si on ajoute 100 points par année depuis 1999 au cac et si on les actualise, on se rapproche des plus hauts.... Mais aller en suisse,...

le 16/06/2013 à 12:21
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Moi j'ai compris ce qu'étaient les Conseillers Financiers. J'achète de l'or que je mets en sûreté dans un coffre à la banque.

à écrit le 14/06/2013 à 18:22
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Y sont blaireaux ! Y a beaucoup plus simple : faut faire comme moi ! Devenir le pote à Tonton et à Nico et palper l'oseille en toute légalité

à écrit le 14/06/2013 à 18:20
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De quoi vivent les Banques françaises qui ont des filiales dans le monde entier? Du mécénat? Que seraient ces banques si elles n'avaient pas de clients dans les pays où elles sont installées?

à écrit le 14/06/2013 à 17:57
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Il ne faut pas tout mélanger non plus. Il y a des épargnants qui placent leur argent en toute légalité, en Suisse ou ailleurs, et d'autres qui font de l'évasion fiscale. Si la zone Euro est en difficulté, ce n'est la faute ni à la Suisse, ni au Japon...

à écrit le 14/06/2013 à 17:38
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ET SI FH ET VT COMMENCAIENT PAR MONTRER L EXEMPLE ? http://by-jipp.blogspot.ch/2013/06/contre-enquete-interdite-xavier-kemlin.html

à écrit le 14/06/2013 à 15:54
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dans le monde de la finance (aussi en France) cette opération on l'appelle " optimiser son capital " pas plus. Mais les énarques de Bercy n'utilisent pas le meme language....

à écrit le 14/06/2013 à 15:45
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Et bien dites donc en ce moment c'est la grande lessive, le nettoyage de printemps, on lave le linge sale politique, fiscale chaque jour amène son lot de nouvelles affaires j'espère qu'il y en a que cela empèche de dormir tel "Le Savetier" de La Font...

à écrit le 14/06/2013 à 14:43
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Je le redis : pour combattre la fraude fiscale il suffit d'y mettre de la prison ferme. Pas trop, disons 5 ans. Ça aura de l'effet, croyez moi.

le 16/06/2013 à 10:01
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il y aurait donc plein d enfants dont les parents sont en tôle.. comme moi.. Pour éviter la tôle aux parents, j ai bien contacté les services fiscaux en leur disant où est planqué le fric, mais ils ne voulaient pas le savoir "enfant ingrat" "règlemen...

à écrit le 14/06/2013 à 14:37
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je ne vois pas en quoi aller démarcher à l'étranger serait illégal. Toutes les entreprises installées à l'international le font ou l'ont fait. Même le président de la République en déplacement va vanter la salade française. D'autre part, ce n'est pas...

le 16/06/2013 à 9:55
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pas si facile que ca.. UBS pourrait démarcher en colombie et fermer les yeux? non. Ils ont un devoir de vérification d'où vient le fric et si il a été bien déclaré. Au moins, il faut qu ils recoivent une absolution des services fiscaux comme quoi tou...

à écrit le 14/06/2013 à 14:21
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je ne vois pas en quoi cette information est un scoop... toutes les banques suisses le font et elles profitent toutes de l'évasion fiscale .... et si la france avait le même statut que la France , toutes nos banques le feraient.

à écrit le 14/06/2013 à 14:17
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Est-ce que les citoyens français ont été menacé par des gros bras de l'UBS? Jusqu'à preuve du contraire, ce sont les riches français ayant déposé de l'argent en Suisse sans le déclarer qui sont fautifs et condamnables. A moins que, comme dans le cycl...

à écrit le 14/06/2013 à 13:59
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Et quand je pense pque les politiques jouent la montre pour la prescription.....

à écrit le 14/06/2013 à 13:35
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mais tous les organismes financiers le font, j'ai bien eu 2 mormons qui ont sonné a ma porte.

à écrit le 14/06/2013 à 13:18
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Surtout faire vite une amnistie sinon restera plus de politiques ! lol http://by-jipp.blogspot.ch/2013/06/contre-enquete-interdite-xavier-kemlin.html

à écrit le 14/06/2013 à 12:51
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Aucune banque étrangère n'a le droit de venir démarcher des clients en France. La France et le pré carré des banques françaises. Si un client prend contact avec une banque étrangère pour affaire ou à titre personnel, ce ne peut être que de sa propre ...

à écrit le 14/06/2013 à 12:18
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on veut des noms!

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