PSA : quand l'état ne peut pas tout...

8 000 suppressions de postes, fermeture du site d'Aulnay : les décisions de PSA Peugeot Citroën en pleine crise provoquent une vraie tourmente socio-politique. C'est le premier vrai test pour le gouvernement socialiste. Un plan auto est prévu pour le 25 juillet...
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L'annonce, jeudi 12 juillet, par PSA de la fermeture de son usine d'Aulnay en région parisienne et de 8 000 suppressions d'emplois a plongé la France dans une formidable tourmente syndicalo-médiatico-politique. C'est le premier grand test socio-économique du gouvernement socialiste. Au total, environ un emploi sur dix dans les activités automobiles de PSA en France va disparaître. Dramatique, alors que la filière automobile occupe au sens large près de 10 % des actifs dans l'Hexagone.

François Hollande a affirmé, samedi 14 juillet, que le plan de restructuration de PSA était « en l'état inacceptable » et devait être « renégocié ». Mardi dernier, Arnaud Montebourg a reçu les représentants syndicaux du constructeur et, mercredi, il devait s'entretenir avec Philippe Varin, le patron de PSA.
Le gouvernement a promis de présenter un plan pour l'automobile en Conseil des ministres, le 25 juillet prochain. Un plan « pour toute la filière, PSA, Renault et la sous-traitance ». Ce même 25 juillet se tiendra aussi le prochain comité central d'entreprise (CCE) de PSA, qui marquera le début de la négociation entre direction et syndicats. Ce jour-là, Philippe Varin présentera aussi les (mauvais) résultats financiers semestriels de son groupe. Philippe Varin a déjà annoncé que le constructeur consomme 200 millions d'euros de cash par mois. La firme en avait déjà avalé « 1,46 milliard au second semestre 2011 ». Le flux de trésorerie aura donc été négatif de près de 3 milliards d'euros sur une année. Et le patron de PSA prévoit « un retour à l'équilibre du cash flow opérationnel à la fin... de 2014 ». Pas avant !

Fortes dettes et chute des ventes

Philipe Varin avait déjà également indiqué, le 12 juillet dernier, que son groupe enregistrait une perte opérationnelle de 700 millions d'euros pour la division automobile au titre des six premiers mois de 2012. Et ce après une perte de 497 millions au deuxième semestre de l'an dernier. Le résultat net du groupe était « négatif au premier semestre 2012 », a-t-il ajouté.PSA est du coup le plus endetté des grands groupes automobiles mondiaux, après Fiat-Chrysler, selon un tableau comparatif que le patron a montré lors de sa conférence de presse du 12 juillet. La dette était de 3,4 milliards d'euros au 31 décembre 2011. Et elle s'aggrave, avec « des taux d'intérêt qui pèsent ». PSA est donc dans une très grave crise. Ses ventes mondiales étaient en effet en recul de 13 %, à 1 619 000 unités au premier semestre. Peugeot baisse de 12,5 %, à 955 000, et Citroën de 13,6 %, à 664 000 exemplaires. Sur la seule Europe, les ventes du groupe ont dégringolé de 13,6 %, à 994 000 unités, presque deux fois plus que le marché lui-même. La production de PSA s'est en conséquence contractée de 18 % au premier semestre, compte tenu du nécessaire ajustement des stocks. Le taux moyen d'utilisation des usines européennes de PSA s'est détérioré, à 76 % au premier semestre, contre 86 % en 2011. Et ce n'est pas la récente alliance, jugée discutable par bien des experts, avec l'américain GM, dont les activités européennes sont déficitaires depuis une dizaine d'années, qui peut changer grand-chose dans l'immédiat.

Rien n'a filtré à ce jour sur le plan automobile concocté par le gouvernement. Certaines personnes influentes au sein de la majorité de gauche poussent à une intervention plus directe de l'état dans PSA, voire à une prise de participation. Mais, le problème crucial du groupe automobile, c'est... la mévente de ses voitures, arrêter l'hémorragie d'argent frais en réduisant son potentiel industriel, et se bâtir une vraie stratégie. Et ça, on ne voit pas très bien en quoi l'état peut faire quelque chose ! Arnaud Montebourg a évoqué mercredi sur France Inter un soutien massif à la filière auto pour les véhicules hybrides et électriques. Et une « bonne mesure » pour aider les consommateurs à « accéder à la voiture moins chère» sans inciter au surendettement, mais sans prime à la casse.

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Commentaire 1
à écrit le 31/07/2012 à 17:45
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test

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