Mauvaise réputation

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, François Hollande avalise la projection d'un déficit public de "moins de 3,7%" du PIB, les banquiers sont mécontents qu'on en veuille à leurs bonus, et le Premier ministre hongrois reste droit dans ses bottes.
François Hollande dans les laboratoires d'Urgo, à Chevigny-Saint-Sauveur. Copyright Reuters

Bien cabossé dans les sondages, le président de la république, François Hollande, a saisi l'occasion d'une visite d'un site des Laboratoires Urgo - marque des célèbres pansements - à Chevigny-Saint-Sauveur, près de Dijon pour admettre que le déficit public de la France dépasserait les 3% mais resterait en dessous des 3,7% du PIB,   chiffre annoncé par la Commission européenne.

"L'austérité est proscrite"

Devant un parterre d'élus, il a reconnu que la pression fiscale devait marquer le pas, il est vrai que selon les experts de l'OCDE, la France fait partie des champions en la matière avec des prélèvements obligatoires qui devraient représenter 46,5% du PIB en 2013 (+ 1,5 point par rapport à 2012). Conséquence, le chef de l'Etat indique qu'il faudra faire « plus d'économies » mais « sans tomber dans l'austérité qui est proscrite » !

Cette recommandation n'est pas sans rappeler celle de ces jeunes philosophes idéaliste dont se moquaient Karl Marx et Friedrich Engels dans "L'idéologie allemande" évoquant " ce brave homme qui s'imaginait que, si les hommes se noyaient, c'est uniquement parce qu'ils étaient possédés par l'idée de pesanteur. Qu'ils s'ôtent de la tête cette représentation (...) et les voilà désormais à l'abri de tout risque de noyade. Il en est de même de l'austérité : proscrivons cette idée de la tête, et le déficit public se résorbera sans coup férir.

Les banquiers se rebiffent

Sévèrement critiqués pour leur rôle joué dans la crise financière de 2008, les banquiers se rebiffent, du moins outre-Manche. Comme ils ont été déjà mécontents du coup de ciseau qui a taillé leurs bonus (la partie variable de la rémunération) en 2012, ils sont plus de 60% à considérer d'un très mauvais ?il le projet de l'Union européenne (UE) qui compter limiter le dit-bonus à une fois leur revenu de base, et à deux fois si les actionnaires sont d'accord.

Si évidemment il n'est pas question de se lamenter sur le recul des rémunérations des banquiers lié aussi à des performances moindres, l'activité économique n'étant pas florissante en ce moment en Europe, il convient cependant de prendre en compte l'âpre concurrence que se livrent les places financières, en particulier entre la City et New York, pour attirer les talents.

C'est la raison très intéressée pour laquelle le chancelier de l'Echiquier, George Osborne, freine l'ardeur de ses collègues sur ce point lors des Ecofin, ses réunions des grands argentiers européens sur ce point.

Les sportifs font le spectacle

Quant à l'industrie financière, nous devrions davantage la considérer comme un secteur comme un autre. Ainsi, on ne conteste pas avec autant de vigueur certains revenus astronomiques de sportifs - il est vrai qu'ils font le spectacle, et le banquier apparaît plutôt terne en comparaison -, de même que tous les employés du secteur bancaire ne touchent pas des revenus exceptionnels.

Sans compter que l'opinion tend à être sévère avec les banques lorsqu'elles perdent de l'argent (ce qui en bon capitalisme devrait mener à une faillite suivie éventuellement d'un rachat) alors qu'elle ne critique pas autant l'aide à la construction automobile en difficulté. Et sans en voir le paradoxe se montre encore plus dure lorsque ces mêmes banques en gagnent, ce qui devrait être une bonne chose en terme d'emplois et de taxes ! Bref, le banquier est vraiment le « bad guy » !

Mouton noir de l'Europe

Où va la Hongrie ? Son Premier ministre Viktor Orban, mouton noir de l'Europe, s'éloigne de plus en plus des règles qui organisent la vie de l'Union européenne (UD) sans d'ailleurs s'en soucier véritablement. Il a fait modifier la constitution à son avantage, dans le sens d'une restriction des libertés, notamment d'expression et de la presse, et souhaite créer une banque d'Etat.

C'était d'ailleurs sur le statut de l'indépendance de la Banque centrale du pays que les relations s'étaient refroidies entre Bruxelles et Budapest. Mais si Viktor Orban peut bien renvoyer José Manuel Barroso à la lecture des traités européens, il n'en sera pas de même pour les marchés financiers et les bailleurs de fonds internationaux. La Hongrie devrait être en récession en 2013 pour la deuxième année consécutive, et creuser son déficit public à 3,4% du PIB.

Comme d'autres Etats du continent, le pays a besoin d'une aide financière du FMI. Sans elle, le mécontentement populaire va grandir, et si Viktor Orban se moque de la mauvaise réputation qu'il a hors de son pays, il n'en sera pas de même en interne. Le temps joue contre lui.


 

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