Norvège : le premier fonds souverain du monde veut "verdir" ses pétro-couronnes

Le fonds souverain norvégien devrait doubler ses investissements dans des actifs favorables à l'environnement. Parallèlement, un groupe d'experts a été mis sur pieds pour réfléchir à une éventuelle sortie des énergies fossiles.
Alors que les hydrocarbures représentent près de 25% de sa richesse nationale, la Norvège réfléchit à des mesures pour une économie plus verte.

Pétrole et "green attitude" feraient-ils bon ménage ? Le gouvernement norvégien a annoncé vendredi vouloir "verdir" son fonds souverain, en quasi-doublant ses investissements dans des actifs bénéfiques à l'environnement. Une décision qui a de quoi surprendre quand on sait que le fonds, qui pèse 5.122 milliards de couronnes (près de 625 milliards d'euros), est de fait alimentée par les revenus pétroliers de l'Etat, qu'il investit hors de Norvège en actions, obligations et, dans une moindre mesure, dans l'immobilier.

"Verdir" jusqu'à 4,5 milliards d'euros

La Banque de Norvège chargée de sa gestion était jusqu'à présent autorisée à investir entre 2,5 et 3,5 milliards d'euros dans des "green assets". Cette part pourra désormais être atteindre entre 3,5 et 4,5 milliards d'euros, a déclaré vendredi la ministre des Finances, Siv Jensen, à l'occasion de la publication du Livre Blanc annuel sur la gestion du fonds pétrolier.

La proposition est cependant très éloignée des attentes des défenseurs de l'environnement. La présidente de la branche norvégienne du Fonds mondial pour la nature (WWF), Nina Jensen, qui n'est autre que... la sœur de la ministre des Finances, a parlé de "gigantesque promesse trahie" par les deux partis au pouvoir, les conservateurs et la droite populiste. WWF souhaitait que le fonds consacre 31 milliards d'euros à des investissements verts.

Séparer le fonds souverain de la politique étrangère

Le Livre blanc propose également d'accorder à la Banque de Norvège davantage de prérogatives en matière d'éthique, en lui permettant notamment de décider elle-même des entreprises exclues de son univers d'investissement. Une décision actuellement aux mains du ministère des Finances, qui impose ses choix à la Banque de Norvège.

L'idée est de permettre au fonds de "parler d'une seule voix" à l'étranger, et d'éviter que les décisions d'exclusion n'y soient perçues comme relevant de la politique étrangère, a fait valoir Siv Jensen.

Les règles en vigueur interdisent au fonds d'être investi dans les groupes coupables de violation des droits de l'Homme, dans ceux fabriquant des armes "particulièrement inhumaines" ou encore produisant du tabac notamment. Une grosse soixantaine d'entreprises en ont fait les frais, dont EADS, Boeing, Safran, Philip Morris ou encore Wal-Mart.

Vers une sortie des énergies fossiles ?

Vendredi, Oslo a aussi dévoilé le mandat et la composition d'un groupe d'experts chargés de réfléchir à un éventuel désengagement du fonds des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). Une initiative en apparence paradoxale dans un pays où les hydrocarbures représentent près de 25% de la richesse nationale, mais qui s'explique par des préoccupations climatiques et des intérêts économiques.

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Commentaires 2
à écrit le 04/04/2014 à 23:02
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La Norvège devrait être un exemple pour nous tous...

le 05/04/2014 à 23:07
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ouais enfin , avec du pétrole à foison c'est à dire le pillage du sous sol marin sans vergogne , tout est plus facile ..

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