Gasland, le cauchemar du gaz de schiste

Le point de départ de Gasland est une lettre adressée à Josh Fox, le réalisateur. Elle lui propose 100.000 dollars pour pouvoir forer des puits d’exploitation du gaz de schiste sur sa propriété, un Eden forestier bordé par une rivière cristalline. Avec ce documentaire-réquisitoire façon Michael Moore, Josh Fox dépeint une réalité cauchemardesque avec les armes de l'ironie.

Le point de départ de Gasland est une lettre adressée à Josh Fox, le réalisateur. Elle lui propose cent mille dollars pour pouvoir forer des puits d'exploitation du gaz de schiste sur sa propriété, en Pennsylvanie, un "Eden forestier" bordé par une rivière cristalline, affluente du Delaware, où ses parents, dans les années 1970, ont construit une maison de bois idyllique.

Sachant que George W. Bush, en 2005, a dispensé les industries de l'énergie du respect des lois environnementales protégeant l'air et l'eau, et que la multinationale Halliburton, qui fut dirigée par l'ex-vice-président Dick Cheney, est pionnière dans l'exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique, Josh Fox, pour savoir à quoi il s'expose, entreprend d'enquêter à travers le pays armé d'une caméra, de son banjo et d'une curiosité naïve mâtinée d'humour noir.

Puisqu'il s'agit d'injecter violemment dans le sol, à quelque 2.500 mètres de profondeur, un cocktail de 596 substances chimiques, dont beaucoup sont dangereuses, comme les éthers de glycol, comment les compagnies, et les autorités qui leur délivrent des permis d'exploitation, garantissent-elles la sécurité de ceux qui vivent à proximité ? La réponse, stupéfiante, apparaît d'emblée, pour se confirmer tout au long d'un périple à travers les dizaines d'États concernés : elles ne la garantissent pas !

Une eau du robinet inflammable

Par la voix des victimes et de certains experts (aucun des représentants des industries n'a accepté de s'exprimer), on découvre que les centaines de milliers de puits qui défigurent les paysages à grande échelle riment avec l'empoisonnement des nappes phréatiques, la présence de gaz naturel dans les réseaux d'adduction (avec eau du robinet inflammable !) et de graves problèmes sanitaires.

Des dommages collatéraux manifestement négligeables pour l'administration Obama, au regard d'une industrie censée faire des États-Unis une "nouvelle Arabie saoudite". Comme le montre aujourd'hui Josh Fox dans la suite qu'il a tournée, Gasland II, son pays n'a pas même essayé de réguler sa croissance exponentielle...

Banjo et masque à gaz

Du gros ventre de Michael Moore aux petites lunettes de Josh Fox en passant par les kilos McDonald's de Morgan Spurlock, le capitalisme dérégulé a suscité un nouveau héros de cinéma : le documentariste solitaire en lutte contre la toute-puissance des multinationales.

Certes, Gasland n'a pas suffi à enrayer la terrifiante ruée vers le gaz qu'il documente. Mais pour contrer les lobbyistes, les stratèges publicitaires, les experts achetés et les avocats de l'Amérique corporate, il offre des images fortes et des idées simples qui en ont fait un étendard de la mobilisation anti-gaz de schiste à travers le monde : comme ces visions récurrentes d'eau en feu, ou ce plan de Josh Fox, masque à gaz sur le crâne, jouant du banjo devant un splendide panorama hérissé de puits d'extraction.

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>>> VOD  "Gasland" sur Arte boutique

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Commentaires 3
à écrit le 21/08/2014 à 15:40
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GASLAND devrait être projeté au grand public sur écran ou au minimum rediffusé. Ce film doit être diffusé également à tous les députés et sénateurs de tous les pays d'Europe et aux députés européens, avec obligation d'y assister. Il doit aussi entrer...

à écrit le 21/08/2014 à 11:14
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Il est sérieux cet article? Il n'est même pas signé... Bon il faut rétablir certaines choses et non des moindres concernant cet article très partial et ce reportage "Gasland" tout aussi dénué de fondement et de vérification scientifique. L'image qu...

le 26/08/2014 à 12:17
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Mais pour vous suivre, il faut faire fonctionner sa cervelle... Il est plus facile de jouer sur les peurs (irrationnelles ou non) que sur la raison, la recherche et l'enquête à charge et à décharge.

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