Le BTP dubitatif sur le marché de l'éco-efficacité énergétique

L'Observatoire national des travaux et services liés au BTP a mené une étude sur les perspectives d'évolution de ce marché à l'horizon 2020. Dans trois scénarios sur quatre, il ne décolle pas ou peu.

On m'a dit que j'étais assis sur une mine d'or, je n'ai pas encore trouvé une pépite ! » Cette petite phrase résume l'inquiétude de beaucoup d'entreprises : le marché de l'éco-efficacité énergétique, présenté comme le nouvel eldorado, va-t-il décoller ? La France s'est dotée, avec le Grenelle de l'environnement, d'un cadre réglementaire très innovant. Pour autant, rien n'assure que le marché sera vraiment au rendez-vous.

Philippe Dresto, l'un des sept consultants de l'Observatoire national des travaux et services liés au BTP (ONTSBTP), a mené une étude prospective sur ce sujet, avec des groupes de travail rassemblant l'ensemble de la filière du bâtiment : fabricants, distributeurs, installateurs-entrepreneurs jusqu'aux énergéticiens.

Or, les scénarios d'évolution de ce marché à l'horizon 2020, qui se dessinent au vu de cette étude, apparaissent très contrastés. « Dans un seul scénario, le deuxième, où la croissance économique revient, où le prix de l'énergie est durablement élevé, avec des banques qui jouent le jeu et un État qui tient la barre, le marché de l'éco-efficacité énergétique s'installe et s'impose même comme une nécessité vu le prix élevé de l'énergie », détaille Philippe Dresto.

Mais dans les trois autres scénarios décrits par l'ONTSBTP, le marché ne décolle pas ou peu. « Dans le premier scénario, le marché de l'éco-efficacité énergétique reste limité. Il demeure ?un problème de riches?, du fait d'une conjoncture économique morose qui casse toute dynamique constructive et favorise l'inertie », poursuit le consultant. « Dans le troisième scénario, le marché décolle, mais par nécessité : les donneurs d'ordre modifient leurs arbitrages de dépenses ou de consommation. Cependant, sa mise en oeuvre se fait souvent dans la douleur, reflet de fractures sociales et de la précarité énergétique que connaissent certains ménages. » Dans le quatrième, enfin, « une grande partie des agents économiques n'a pas les moyens de suivre l'éco-efficacité énergétique et paye le prix fort de l'énergie. La crise est alors à la fois économique, sociale et énergétique », ajoute-t-il.

Facteurs exogènes

« Le problème, c'est que le décollage du marché est lié presque uniquement à des facteurs exogènes que l'on ne maîtrise pas, reprend Philippe Dresto. À savoir l'environnement économique, le prix de l'énergie, la politique de l'État français [selon qu'il maintient ou non des incitations fiscales et/ou qu'il ouvre ou non la voie à une dérégulation des prix de l'électricité], la politique suivie par les grandes banques, selon qu'elles suivent une logique purement financière et commerciale ou jouent un rôle moteur. »

Le prix de l'énergie a ainsi connu des oscillations très significatives : « En mars 2008, le prix du baril de pétrole avait atteint les 120 dollars, en décembre 2008, quatre mois après la faillite de Lehman Brothers, il était retombé à 34 dollars et, aujourd'hui, il est revenu aux alentours de 85 à 90 dollars », rappelle Philippe Dresto.

Portée de l'incitation fiscale

De même, selon que l'État incite ou non à la rénovation du parc immobilier résidentiel en mettant en place des incitations fiscales, voire des malus écologiques, le potentiel de développement du marché sera fondamentalement différent. « Les incitations fiscales seront majeures dans la mesure où on peut estimer le coût de chauffage d'un mètre carré à 20 euros, mais son coût de rénovation à 200 euros », conclut-il.

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