Les achats responsables restent l'apanage des grandes entreprises

Les groupes cherchent à limiter les coûts et le risque fournisseur, bien plus qu'à appliquer des critères de responsabilité sociale et environnementale à leurs achats.

La mode des « achats responsables » est-elle révolue ? Selon une étude publiée par le cabinet de conseil en achats AgileBuyer et l'association des anciens HEC, les critères RSE (liés aux aspects sociaux et environnementaux) sont loin de dominer dans les choix des acheteurs : 39 % des directeurs et coordinateurs achats affirment avoir des objectifs en la matière, mais seuls 10 % toucheront en 2011 des primes en conséquence. Cette année, comme en 2010, les principaux objectifs des acheteurs interrogés sont la réduction des coûts et la gestion du risque fournisseur.

Mais « le risque fournisseur ne se limite pas à l'aspect RSE », précise Olivier Wajnsztok, directeur associé chez AgileBuyer. Les grands constructeurs automobiles ou aéronautiques craignent plus la défaillance financière et la rupture d'approvisionnement. Ces secteurs sont d'ailleurs ceux qui manifestent le moins d'intérêt pour la RSE appliquée aux achats. Or « l'automobile est le secteur dans lequel la part des achats ramenée au chiffre d'affaires est la plus importante », observe Olivier Wajnsztok. Autrement dit, celui dont l'action a le plus d'incidence sur les autres entreprises. C'est aussi l'un de ceux qui vantent le plus son positionnement « vert », via la voiture hybride ou électrique... À l'inverse, les secteurs de la construction ou de l'agroalimentaire sont les meilleurs élèves, réglementation et préoccupations des consommateurs obligent.

Résultats en demi-teinte

Pierre-François Thaler, cofondateur d'EcoVadis, agence de notation RSE pour fournisseurs, nuance ces résultats en demi-teinte. « Selon une étude que nous avons menée avec l'Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (Orse, Ndlr) en septembre, auprès d'entreprises du Global 500, 51 % des entreprises ont des objectifs quantitatifs en matière d'achats responsables. » Une autre étude, réalisée avec l'Insead, a montré que pour ces grands groupes, le risque fournisseur liée à la RSE représente en moyenne 12 % du cours de Bourse. « Mais comme pour tout ce qui a trait au développement durable, il n'est pas simple d'élaborer des critères quantitatifs sur lesquels calculer les primes des acheteurs de terrain », reconnaît Pierre-François Thaler. Pour preuve que le sujet intéresse les grandes entreprises, et même de plus en plus, il se félicite d'un doublement de l'activité d'EcoVadis entre 2009 et 2010 et de carnets de commandes laissant présager la même évolution pour 2011. Et rappelle que chez Shell, depuis 2010, 20 % du bonus des dirigeants sont liés à la note de l'entreprise dans le DJSI (Dow Jones Sustainability Index). Y compris celui du directeur des achats. Dominique Pialot

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