Paris-Tokyo en 2 h 30 contre près de 13 heures aujourd'hui! Le tout sans polluer ou presque ! C'est l'incroyable projet développé par EADS en collaboration avec le centre français de recherche aérospatiale (l'Onera ) et le Japon, dévoilé samedi par le groupe aéronautique et de défense. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) soutient l'initiative.
Une maquette de 4 mètres de cet avion hypersonique pouvant voler à près de 5.000 km/h (mach 4 ou quatre fois la vitesse du son) sera présentée lors du Salon du Bourget. Son nom, le Zhest ("zero emission high speed transport"). D'une capacité de 50 à 100 personnes, il pourrait entrer en service vers 2050. Un premier démonstrateur pourrait voir le jour en 2012.
"Ce n'est pas un avion, pas une fusée, c'est un avion-fusée commercial", résume Jean Botti, directeur général délégué technologie et innovation chez EADS.
Cette prouesse écologique provient du fait que cet avion, qui ressemble au Concorde, volerait en croisière, juste au-dessus de l'atmosphère. En faisant découvrir un film à la presse, Jean Botti a présenté cet appareil. Celui-ci décolle avec des moteurs classiques alimentés avec un biocarburant à base d'algues. Puis, à une certaine altitude, les moteurs fusées se déclenchent. Fonctionnant à l'hydrogène et à l'oxygène, ils seraient donc "totalement propres et ne dégagent que de la vapeur d'eau". A 32 km d'altitude, l'avion atteindrait son altitude de croisière (qui est de 10.000 mètres pour les avions commerciaux aujourd'hui).
Trois motorisations
"Vous ne polluez plus, vous êtes dans la stratosphère, la pollution est transparente pour nous", a expliqué Jean Botti. Pour l'atterrissage, les moteurs sont coupés et l'avion descend en plané. Avant l'atterrissage, les moteurs classiques sont rallumés.
Les technologies nécessaires sont déjà développées, souligne-t-on chez EADS. Astrium, filiale spatiale d'EADS, a déjà développé les moteurs fusées pour le tourisme spatial. Les carburants à base d'algues ont déjà fait l'objet de vols d'essais sur des avions commerciaux.
Il y aurait trois motorisations. Les turboréacteurs, les moteurs fusées et les statoréacteurs. Ces derniers sont considérés comme "simples" à fabriquer, ce qui n'engendrerait pas de dépenses exorbitantes. Le président d'EADS Louis Gallois a expliqué qu'à la fin des années 1950 des avions et des missiles disposaient de statoréacteurs. Il a rappelé que, avec les Russes, l'Aerospatiale "a été la première société occidentale à maîtriser cette technologie".
"Nous la maîtrisons mieux que quiconque." Les principaux enjeux concernent donc les conséquences sur le corps humain. Le décollage est assez raide et il faut s'assurer que la capacité d'accélération ne dépassera pas 1,2 G comme prévu, sinon les passagers devront suivre un entraînement particulier.
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