Idée reçue #10 : "Les énergies renouvelables ne polluent pas"

Si elles n'émettent pas de gaz à effet de serre pour produire de l'énergie, leurs impacts sur l'environnement en amont et en aval peuvent être significatifs.
Reuters

Par définition, les énergies renouvelables fonctionnent à partir de sources non fossiles et non épuisables, vent, soleil, mer, ou encore végétaux dont on peut conserver un stock constant. Si elles sont irréprochables en phase de production, il en va autrement des phases qui précèdent ou qui suivent.

Ainsi, la fabrication des panneaux solaires consomme beaucoup d'énergie (généralement non renouvelable, celle-ci). Pour atteindre la « qualité solaire », le silicium, la matière de base de la plupart des panneaux, doit être porté à très haute température. La production de verre, autre élément indispensable aux panneaux traditionnels, est également fortement émettrice de gaz à effet de serre. Quant aux panneaux qui utilisent moins, voire pas de verre, les « couches minces », ils recourent parfois à des produits très nocifs. Ainsi du tellure de cadmium, utilisé notamment par l'Américain First Solar. À ce jour, aucune étude réellement indépendante ne conclut à l'innocuité de ce produit, notamment en cas d'incendie.

Et la question de la pollution se révèle aussi en fin de vie des panneaux. Soucieuses d'éviter le précédent de l'électronique, dont les déchets sont aujourd'hui encore envoyés dans des pays en développement où ils sont démantelés au mépris de toutes les précautions d'usages, parfois à mains nues par des chiffonniers dans des décharges sauvages, des associations de protection de l'environnement s'y sont intéressées en raison de la similitude des composants utilisés. L'association californienne Silicon Valley Toxics Association a ainsi évalué les pratiques des principaux fabricants et cette information est notamment utilisée par des fonds d'investissement spécialisés dans les cleantechs, qui estiment que les dommages causés à l'environnement par l'industrie solaire peuvent réduire à néant son impact positif en matière de production d'énergie.

Le solaire n'est pas le seul concerné. L'éolien consomme du ciment et de l'acier, dont la fabrication est très émettrice de gaz à effet de serre. Quant à l'hydroélectricité, championne des renouvelables avec 89 % de l'électricité « verte » mondiale, ce n'est pas non plus la panacée. Malgré certains progrès réalisés en matière de protection de la flore et la faune locale (construction au fil de l'eau, passes à poissons, etc.) les barrages présentent de gros enjeux de déplacement de populations, d'assèchement des nappes phréatiques, voire de risques sismiques. De façon tout à fait inattendue, les autorités chinoises ont d'ailleurs récemment reconnu la nécessité de s'atteler aux problèmes posés par le gigantesque barrage des Trois Gorges, le plus grand du monde, mis en service en 2006 après avoir déplacé 1,6 million de personnes. Il est accusé de provoquer à la fois inondations et sécheresses.

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