Le vrai prix du sauvetage de Photowatt

Annoncée par Nicolas Sarkozy et NKM lors de leur déplacement chez le leader français de l'énergie solaire, la hausse de 10 % des tarifs de rachat de l'électricité produite à partir de panneaux fabriqués en France est encore vague et ses effets incertains.
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C'était le meilleur moment (à la veille de la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy) mais aussi le meilleur endroit pour annoncer cette décision. C?est en effet devant les salariés du seul fabricant français de panneaux solaires intégré (présent sur toute la chaîne de fabrication, depuis la cellule jusqu?au système regroupant plusieurs panneaux) que le président a présenté son projet pour consolider la filière industrielle solaire en France : il s?agit d?augmenter de 10 % les tarifs de rachat par EDF de l?électricité issue de panneaux solaires dont au moins 60 % de la valeur ajoutée à été produite en France.

Relayée aux rencontres parlementaires des énergies renouvelables qui se tenaient mardi à Paris, la nouvelle y a cependant été accueillie avec un enthousiasme modéré. Plus qu?à une hausse, la filière aspire à une stabilité des tarifs ou au minimum, à une lisibilité sur plusieurs années. « Surtout les PME qui, ayant peu de fonds propres, sont contraintes d?emprunter auprès de financiers sur la base de business plans fiables », explique l?avocat spécialisé en environnement, Arnaud Gossement.

Quels projets ?

En outre, actuellement,  en dehors des petits projets inférieurs à 100 kWc (kilowatt-crête), c?est-à-dire majoritairement ceux développés pour les particuliers et les agriculteurs, les autres sont soumis à une procédure d?appel d?offres, et donc non concernés par une hausse quelconque. Le syndicat des énergies renouvelables (SER) plaide pour un réhaussement de ce plafond de 100 kWc à 250 kWc, et la publication des résultats de l?appel d?offres en cours pour les projets supérieurs à 250 kWc, attendus en mars. D?aucuns craignent en effet qu?il ne subisse le même sort que celui qui prévoyait une méga-centrale au sol par région, discrètement déclaré infructueux au cours de l?été dernier.

La puissance cumulée des projets déposés dans le cadre de cet appel d?offres (4.000 MW selon une estimation du SER) a largement dépassé les 450 mégawatts (MW) mis en compétition. « Le gouvernement évoque une trajectoire cible de 500 MW par an correspondant à l?objectif de 5.400 MW en 2020, mais on ne sait pas bien s?il s?agit d?un plancher ou d?un plafond », regrette Arnaud Gossement. Lui plaide pour « casser le système d?appel d?offres, augmenter les tarifs et en assurer la lisibilité sur au moins cinq ans ».

Quels composants ?

Quant à l?identification des panneaux concernés, on ignore encore quels sont les composants visés. Certains (terres rares, composés chimiques) sont systématiquement produits à l?étranger mais la plupart des panneaux installés en France y sont assemblés. Concernant les règles de concurrence européennes, le gouvernement se montre confiant. Un système similaire mis en place en Italie n?est tombé sous le coup d?aucune procédure d?infraction.

Quant à la reprise plus que probable de Photowatt par EDF (dont le patron Henri Proglio était du voyage à Bourgoin Jallieu hier), et en dehors de toute considération politicienne, c?est plutôt une bonne nouvelle, juge Arnaud Gossement. Pour les emplois préservés, évidemment, mais aussi parce qu'il « faut en finir avec cette guerre stérile entre PME et grands groupes, affirme-t-il Les PME ont besoin des grands groupes pour accéder à des financements ».

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Commentaires 2
à écrit le 17/02/2012 à 13:27
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Cette technologie n'est pas rentable en France mais ,pour l'instant donc ,que NKM polytechnicienne vienne travailler dans cette boite ,elle doit bien avoir des compétences non !Il faut que des ingénieurs soient embauchés meme avec des aides d'EDF don...

à écrit le 16/02/2012 à 22:50
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Il est surtout important de garder des brevets et des savoir faire en France. C'est encore une base de recherche pour l'avenir en tentant des panneaux plus performant que les chinois, et probablement plus solides.

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