Solaire : le chinois Suntech ne craint pas le protectionnisme américain

Dans un marché mondial en plein tempête, le fabricant chinois de panneaux solaires vise partout 10 % de parts de marché et se montre sceptique sur les mesures envisagées en Europe ou aux Etats-Unis pour lutter contre les importations chinoises, qu'il juge vouées à l'échec.
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A l'instar de ses concurrents, Suntech s'attend à une sérieuse baisse de régime pour les deux prochaines années, notamment en Europe. Comme eux, et de façon plus violente encore, il a essuyé de fortes pertes en 2011.

Mais à moyen et long terme, tous les voyants sont au vert pour l'entreprise chinoise, au coude à coude avec l'américain First Solar (positionné sur une technologie différente) en tête du classement mondial des fabricants de panneaux solaires. Et ce, en dépit des tentations protectionnistes qui se font jour de part et d'autre de l'Atlantique pour tenir à distance la concurrence chinoise à bas coût. Celle-ci déferle sur les marchés occidentaux et contribue à fragiliser les acteurs américains et européens, frappés par la situation de surcapacité et la dégringolade des prix, plus rapide encore que celle des coûts.

Suntech aime d'ailleurs à se distinguer des autres fabricants chinois. Dans les années 1990, son fondateur, Docteur Shi Zhengrong, a travaillé pour Pacific Solar en Australie où il avait étudié. Le management compte d'ailleurs des Australiens et des Américains, et les antennes hors de Chine sont dirigées par des locaux, à l'instar de Jean-Yves Lindheimer, à la tête du bureau de Grenoble ouvert il y a deux ans. Le marché français, d'environ 1 GW en 2010 et 2011, et aujourd'hui plafonné à 500 MW, présente, selon lui, un potentiel situé entre 1 et 2 GW par an.

Le plus cher des fabricants chinois

« Il y a deux catégories de fabricants, précise-t-il. D'un côté, les européens et les américains (dont SunPower, détenu par Total à 60 %, qui propose l'efficacité la plus élevée du marché), qui misent essentiellement sur l'efficacité de leurs équipements. Et de l'autre, les asiatiques, chinois et malaisiens en tête, qui se concentrent surla gestion des coûts.  Suntech se situe entre les deux. » Se présentant comme « le plus cher des fabricants chinois », Suntech rappelle qu'il est exclusivement dédié au solaire depuis 20 ans, qu'il a été le premier à atteindre le gigawatt de capacité installée, le premier à s'introduire en Bourse...

L'Europe pèse près de 50 % de son chiffre d'affaires aujourd'hui, le reste se répartissant à parts égales entre l'Asie-Pacifique et les Etats-Unis, où Suntech possède une unité d'assemblage. Une exception qui pourrait devenir la règle. « L'objectif, à terme, est de s'implanter au plus près des marchés », insiste Jean-Yves Lindheimer. « Pas pour des raisons de coûts, mais pour une meilleure réactivité, précise-t-il. Cela ne concerne  pas la fabrication des cellules, qui se transportent facilement. » Il faut néanmoins un marché stable et d'au moins 150 MW pour justifier une implantation. Or, à l'inverse des Etats-Unis les 27 états européens forment une juxtaposition de multiples tarifs et réglementation, susceptibles de varier d'un jour à l'autre comme ça a été le cas ces derniers mois.

Des mesures protectionnistes inutiles

Les Etats-Unis, en revanche, menacent de taxer les importations de panneaux chinois pour compenser l'effet des subventions reçues par ces fabricants dans leur pays. « La différence de prix entre nos panneaux et les panneaux américains est d'environ 10 %, alors que la taxe qui pèserait sur Suntech si cette loi était votée serait de 2,9 % », observe Jean-Yves Lindheimer. Autrement dit, cela n'empêcherait pas les importations mais renchérirait les coûts pour les clients américains. « Depuis que cette rumeur est née en octobre on a observé un ralentissement du marché », regrette-t-il.

Même scepticisme concernant le projet du gouvernement d'accorder un tarif de rachat supérieur à l'électricité produite par des panneaux à 60 % français. En effet, Suntech est estampillé « Union européenne » pour le marché italien, où un système similaire existe. Et ce, uniquement parce qu'ils contiennent des composants européens, essentiellement allemands d'ailleurs. Aucun bénéfice pour les acteurs italiens du solaire, donc.

Quant à son marché domestique, la Chine, qui pourrait peser entre 5 et 6 GW en 2012, Suntech vise environ 10 % de part de marché. « L'objectif est le même dans tous les pays où nous sommes présents », rappelle Jean-Yves Lindheimer
 

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