Eolien offshore : Areva n'a peut-être pas tout perdu

Alors que le groupe nucléaire n'a été retenu que pour le seul site de Saint-Brieuc lors de la première tranche de l'appel d'offres, il maintient son projet industriel d'implanter deux unités de fabrication et d'assemblage sur le port du Havre. Objectif : profiter du portefeuille de ses partenaires Iberdrola et RES pour prendre sa part du marché britannique.
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C'est une folle semaine qui s'achève ce vendredi 6 avril avec l'annonce par le ministre de l'Industrie et de l'Energie, Eric Besson, des résultats de l'appel d'offres éolien offshore lancé en juillet dernier. Le site du Tréport (Seine-Maritime), n'ayant pas été attribué en raison d'un tarif trop élevé proposé par le seul candidat en lice (GDF Suez associé à Areva), ce sont finalement  quatre lots qui ont été distribués. Ils représentent un total de 1.928 mégawatts (MW) alors que cette première tranche était conçue pour atteindre un maximum de 3.000 MW.

Donnés gagnants sur toute la ligne en début de semaine avec quatre parcs attribués, EDF EN et le danois Dong Energie en remportent finalement trois : Fécamp (Seine-Maritime), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Saint-Nazaire (Loire-Atlentique). Et comme prévu, Alstom, leur fournisseur exclusif pour les turbines, construira quatre usines à Saint-Nazaire et à Cherbourg.

Constitution d'une filière industrielle pérenne

GDF-Suez, associé à Areva sur trois sites, repart bredouille. En revanche, le groupe nucléaire fournira le parc de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor), où le consortium européen constitué par l'espagnol Iberdrola et la filiale française du britannique RES l'a emporté. Plus surprenant, alors qu'il n'a eu de cesse de clamer qu'il implanterait deux usines au Havre si, et seulement si, il était choisi sur au moins deux sites, une condition précisée une nouvelle fois dans le courant de la semaine dans un courrier au Premier ministre, Areva maintient son projet industriel.

Cela permet au ministre, Eric Besson, de se féliciter de la constitution d'une "filière industrielle pérenne" en France "regroupant plusieurs acteurs". Une configuration qui permet de "répartir les risques sur plusieurs opérateurs", et de bénéficier de l'expérience dans l'éolien offshore de l'espagnol Iberdrola et du danois Dong, deux partenaires rassurants pour se lancer dans "ce qui demeure une aventure".

Repêchage

Pour le ministre, c'est ce pan industriel (7 milliards d'euros et 10.000 emplois directs et indirects) qui justifie le "repêchage" de ce consortium, malgré un écart de prix défavorable. Des considérations plus politiques ont dû peser aussi. Le député-maire UMP du Havre, Edouard Philippe, ne cache pas qu'il est intervenu sur le dossier. "Il est bien naturel qu'il y ait eu des interventions de la communauté havraise sur un dossier aussi stratégique. Pour Le Havre et son port, c'est l'opportunité d'une nouvelle filière industrielle. Il est légitime que l'Etat ait aussi une réflexion d'aménagement du territoire".

Or c'est à Saint-Brieuc que l'écart de tarif entre les deux consortiums était le moins important. Ce qui tombe bien. "Nous l'avons emporté avec nos partenaires sur le champ le plus convoité, où notre technologie était en concurrence avec celles de Siemens et d'Alstom", se réjouit le président du directoire d'Areva, Luc Oursel. Surtout, il n'aurait certainement pas décidé d'implanter ses usines au Havre s'il n'avait été choisi que pour un parc opéré par GDF Suez, totalement absent de l'éolien offshore.

Des partenaires bien implantés  outre-Manche

Tout le contraire d'Iberdrola et Eole-RES. "En dehors des critères retenus par la CRE (Commission de régulation de l'énergie), la valeur de notre projet est liée à la pérennité des emplois, très corrélée à notre capacité à ouvrir des marchés à l'export", souligne le PDG d'Eole RES, Jean-Marc Armitano. RES Offshore, qui a participé aux trois appels d'offres britanniques, en a retiré 5.000 MW de projets. Quant à Iberdrola, son carnet de commandes outre-Manche atteint 9.500 MW, dont 7.200 MW sur le parc d'East Anglia, pour lequel il est sur le point de lancer les appels d'offres fournisseurs

Quelle part de ce gâteau Areva peut-il espérer obtenir ? Le directeur général d'Iberdrola France, Jean-Christophe Chomette, et Luc Oursel restent évasifs. Mais, quand le premier se contente de confirmer que cela représente « un potentiel » pour les partenaires français du consortium (Areva, mais aussi Technip ou STX), le second évoque "quelque chose de plus engageant", qui aurait été formalisé ces derniers jours.

Grâce à cette commande de 100 éoliennes pour le site de Saint-Brieuc, qui s'ajoutent aux 120 en fabrication pour le marché allemand, Areva se proclame d'ores et déjà "numéro deux de l'éolien offshore en Europe derrière Siemens".

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Commentaires 5
à écrit le 07/04/2012 à 22:43
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L'Allemagne pris en modèle sur le solaire chute. Q cells a mis la clé sous la porte mardi dernier. Leader européen de son secteur. 1,1 milliard d'€ de CA pour 850 millions de déficit. L'état à cessé de porter à bout de bras un secteur non rentable. L...

à écrit le 06/04/2012 à 21:05
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Une industrie qui naît

le 07/04/2012 à 7:48
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une industrie qui est mature et existe deja dans les pays nordique et evidement l'Allemagne. on ne vas pas reenventer

le 07/04/2012 à 9:38
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Avec des gens comme vous, alors pas la peine de faire des voiture en france ... y'en a déjà en allemagne ! Sauf que le confort de Citroën est bien meilleur que WW ... c'est pareil pour les éoliennes : il y a plein de progrès à faire, et des choix tec...

le 07/04/2012 à 13:27
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1 MWatt d'éolien = 1MWatt de gaz ou de pétrole pour palier aux absences de vent ou aux vents trop violents. C'est ce que font les allemands.

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