Les piètres performances des fonds verts européens

En termes de collecte comme de performances, les fonds d'investissement dédiés aux thématiques environnementales ne sont pas à la hauteur des immenses besoins de l'économie verte.
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Sept milliards d'euros d'investissement par an seront nécessaires pour atteindre 25 % d'énergies renouvelables en 2020, (au lieu des 20 % fixés par le Grenelle de l'Environnement), d'après les calculs du syndicat des énergies renouvelables (SER). Or, à l'échelle européenne, les encours dans les fonds verts plafonnent à 13,3 milliards d'euros, et on ne compte que 865 millions d'euros investis par les institutionnels français à fin 2011. Comme le souligne l'étude que Novethic consacre aux fonds verts européens, ces derniers ne peuvent donc contribuer que de façon très minoritaire au financement de l'économie décarbonée.

Autre enseignement de ce rapport : l'évolution de ces fonds verts depuis la dernière étude effectuée il y a quatre ans met en exergue leurs piètres performances, à la fois sur le plan de la collecte et sur le plan financier. Seulement 910 millions d'euros de plus en encours en comparaison de 2008. Et une performance moyenne très volatile, qui varie de - 41,6 % en 2008 à + 27,2 % en 2009, pour retomber à - 19 % en 2011.

Cette dernière contre-performance, dans un contexte de crise global, s'explique également par la réduction des subventions publiques un peu partout en Europe, qui a dissuadé les investisseurs aussi bien institutionnels que particuliers. Pour Novethic, la fragilité de ces fonds s'explique également par la faible quantité de sociétés vertes cotées, et leur manque de liquidités.

De moins en moins de fonds strictement dédiés à l'environnement

Plus inquiétant, une ouverture des fonds verts à des entreprises aux activités plus larges, voire assez éloignées de l'environnement, n'ont pas suffi à améliorer ces piètres performances. Novethic dénombre 194 « fonds verts » en Europe, dont les deux-tiers gérés en France, en Suisse, au Royaume-Uni et en Allemagne. Mais seule une moitié d'entre eux investissent dans des secteurs reflétés par leur thématique officielle. La « confusion » la plus courante concerne les « énergies propres », que certains assimilent à « énergies moins carbonées », ce qui permet d'inclure le nucléaire et même le gaz.

Autre tendance, l'investissement dans de grands groupes où les énergies vertes ne représentent qu'une faible part de l'activité, et qui peuvent même être de grands groupes pétroliers. Résultat, 38 % des fonds sont investis, de façon certes minoritaire, dans des secteurs sans lien avec la thématique affichée : automobile, BTP, extraction minière, etc.

L'efficacité des marchés remise en question

Pendant ce temps, les énergies renouvelables voient leurs investissements croître d'année en année. La Chine dédie 300 millions de dollars sur cinq ans à son plan quinquennal destiné à atteindre 40 % d'énergies renouvelables en 2040. A l'échelle mondiale, le secteur a ainsi attiré 211 milliards de dollars en 2010, en hausse de 32 %, selon un rapport publié en juillet dernier par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Les fusions et acquisitions, elles, se sont accrues de 153 %, à 41 milliards de dollars. En France, le principal relais semble se trouver dans les rachats de PME fragilisées par de grands groupes. En tout état de cause, en Europe, les marchés financiers n'apparaissent guère comme une alternative fiable au crédit bancaire pour les entreprises cotées des cleantechs.
 

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Commentaire 1
à écrit le 17/04/2012 à 11:51
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N'y aurait-il pas une erreur concernant la Chine car 300 millions de dollars sur cinq ans me paraissent très peu pour arriver à l'objectif de 40% d'ENR en 2040... Surtout pour un pays aussi immense !

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