Soitec mise sur le solaire et l'éclairage pour rebondir

Le spécialiste du semi-conducteur à hautes performances a présenté lundi de lourdes pertes, liées pour partie à ses investissements dans le solaire et l'éclairage, dont il attend d'ici quelques années des revenus équivalents à ceux de son activité historique, l'électronique.
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Pour la cinquième année consécutive, le leader mondial de plaques de silicium sur isolants (SOI) Soitec, basé à Grenoble, a présenté ce lundi des résultats dans le rouge. Cela ne devrait guère s'améliorer dans les prochains mois, mais à moyen terme, son PDG André-Jacques Auberton-Hervé mise sur deux segments d'application, le solaire et l'éclairage, pour tirer sa croissance.

Ses semi-conducteurs à haute efficacité sont en effet utilisés dans l'électronique (serveurs, PC, et de plus en plus, smartphones et tablettes), mais aussi dans le solaire à concentration et les LED (diodes électroluminescentes). Au cours de l'exercice qui s'est achevé le 31 mars, son marché historique a généré 316,6 millions de chiffre d'affaire sur un total de 323,4 millions d'euros.

Si le groupe a peu souffert des suites de l'accident de Fukushima, la perte opérationnelle de 45,8 millions d'euros (en ligne avec les prévisions) malgré une hausse de 15 % du chiffre d'affaires, s'explique par les inondations en Thaïlande et la crise de la dette dans la zone euro. « En période d'incertitude et de déstockage, toute l'industrie voit ses marges se dégrader », souligne le directeur financier Olivier Brice. Le groupe reste d'ailleurs prudent et prévoit pour le prochain semestre un chiffre d'affaires de 140 millions.

Nouvelles capacités industrielles et  R&D

D'ici quatre ans, Soitec espère dégager sur les deux autres segments un chiffre d'affaires équivalent à celui de l'électronique, mais à ce jour le solaire représente moins de sept millions d'euros et l'éclairage n'a pas encore dégagé de revenus.

D'importants investissements sont également réalisés dans ces nouveaux secteurs. Cela concerne notamment la montée en puissance des capacités de production industrielles dans le solaire à Freiburg (Allemagne) et le financement de la R&D sur la prochaine cellule solaire, plus efficace encore que l'actuelle. En concentrant les rayons du soleil, la technologie CPV de Soitec, qui utilise aussi des trackers permettant de suivre la course du soleil, affiche un rendement trois fois plus élevé que le photovoltaïque standard.

Mais dans le solaire, c'est le coût du watt qui sert d'étalon. « Grâce à l'automatisation de notre fabrication de cellules, à des terrains plus petits et des techniques d'assemblages moins onéreuses, nous affichons un LCOE (levelized cost of electricity) compétitif », affirme Gaetan Borgers, tout nouveau vice-président exécutif en charge de la division solaire, venu de l'américain Dow Corning. Comme ses concurrents, Soitec vise un LCOE d'environ 10 euros le kilowattheure à l'horizon 2015. Le carnet de commandes solaires atteint aujourd'hui 350 mégawatts (MW), pour un chiffre d'affaires de 700 millions de dollars (547 millions d'euros).

Opportunités sur les marchés en croissance

« La situation actuelle du marché solaire mondial représente une opportunité pour Soitec », se réjouit Gaetan Borgers. Si le marché européen, historiquement subventionné, s'effondre avec le niveau des tarifs de rachat, les pays émergents promettent en revanche une croissance à deux chiffres. « Dans ces zones où le solaire ne bénéficiera pas des mêmes aides, l'ensoleillement et le rendement seront encore plus déterminants, et notre offre répond parfaitement à ce besoin ».

Soitec mise notamment sur des grandes fermes au sol, et ses chercheurs s'emploient à faire passer l'efficacité de sa cellule de 40 % aujourd'hui à 50 % dans les 5 ans (soit de 30 % à 40 % pour les modules), deux à trois fois plus que les technologies concurrentes. Soitec a également mis au point un système intégre « plug and sun » qui gère l'énergie et la stocke, adapté aux zones sans réseau, en Afrique par exemple . A terme, la rentabilité visée pour le segment solaire est d'environ 15 %, comme pour l'électronique. « Mais avec une intensité capitalistique deux fois moins élevée », rappelle André-Jacques Auberton-Hervé.

Dans l'éclairage, une division qui a vu le jour cette année, Soitec adopte une stratégie d'alliance, illustrée par son partenariat avec le japonais Sumitomo. « Les marchés LED sont essentiellement en Asie, mais nous souhaitons conserver la technologie ici », précise-t-il.Depuis le début de l'année, le cours de l'action a baissé de 26,2% après un recul de 46,85% en 2011.



 

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Commentaire 1
à écrit le 22/05/2012 à 13:47
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10 euros le kilowattheure à l'horizon 2015 ??? ce ne serait pas plutôt 10 c? ???

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