82.000 emplois en France dans les énergies marines renouvelables en 2030 ?

Dans leurs prévisions les plus optimistes, les professionnels de la mer regroupés au sein du GICAN espèrent plus de 80.000 emplois autour des énergies marines à l'horizon 2030. Mais un tel résultat suppose de mettre le turbo rapidement, aussi bien du côté du gouvernement, des nombreuses régions concernées, que des industriels, grands groupes et PME, qui doivent s'astreindre à unir leurs forces dans cette bataille pour un marché mondial.
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« Embarquez-nous ». C'est l'appel que lance René Le Vourch, vice-président du comité des énergies marines renouvelables (EMR) au sein  du groupement des Industries de Construction et Activités Navales (GICAN) où il représente les ETI et PME. Il s'adresse ainsi aux grands groupes tels que DCNS et STX, déjà bien présents dans les différentes technologies.
Les professionnels de la mer, grands groupes de construction navale et PME confondus, représentant pas moins de 400 entreprises, misent sur les énergies marines renouvelables. Le 17 janvier, leur syndicat professionnel, le GICAN, a rendu publiques les conclusions d'une étude qui conforte leur optimisme : jusqu'à 82.000 emplois pourraient voir le jour d'ici à 2030 autour des différentes énergies marines renouvelables.

37.000 emplois en 2020 selon les objectifs du Grenelle

Celles-ci englobent l'éolien posé en mer, les hydroliennes (qui exploite l'énergie des courants), les houlomoteurs (qui transforment celle des vagues en électricité), l'énergie thermique des mers (qui exploite la différence de température entre les eaux de surface et les eaux profondes dans les zones tropicales) et l'éolien flottant, qui émerge à peine. Et d'après les prévisions du GICAN, ce sont 37.000 emplois qui devraient être créés à l'horizon 2020, correspondant aux 6 gigawatts (GW) prévus par le Grenelle de l'Environnement.

L'éolien flottant fera la différence en 2030

A l'origine, ces 6 GW devaient intégralement être produits par des éoliennes posées en mer, mais au vu des premiers appels d'offres lancés en 2011 puis début janvier 2013, cela risque d'être difficile. En effet, les deux premières tranches ne représentent qu'un peu moins de 3 GW, faute d'avoir pu identifer suffisamment de sites propices au large des côtes hexagonales. Soit, comme c'est le cas en Méditerranée, les fonds atteignent rapidement une profondeur trop importante pour pouvoir y poser des turbines ; soit les oppositions suscitées par les conflits d'usage potentiels avec les riverains, professionnels du tourisme et pêcheurs, rendent impossible le montage des projets. Les 6 GW, s'ils sont atteints, seront donc un mix entre l'éolien posé, l'hydrolien, et l'éolien flottant. Cette dernière filière, sur laquelle cohabitent aujourd'hui plusieurs technologies encore au stade du prototype, jouera un rôle plus déterminant encore dans la décennie suivante.

En effet, les prévisions du GICAN reposent sur deux scénarii, dans lesquels les EMR produisent entre 15 et 20 GW en 2050, soit 10 % de l'électricité consommée en France. Et la différence tient uniquement au développement plus ou moins important de l'éolien flottant, qui en représenterait de 4 à 9 GW. En termes d'emplois, cela donne de 55.000 à 82.000 emplois...

Impliquer les PME très en amont

Mais au-delà, les membres du GICAN réunis le 17 janvier pour présenter ces estimations, en ont profité pour rappeler leurs attentes vis-à-vis du gouvernement et mettre en garde contre des erreurs qui pourraient réduire à néant d'aussi réjouissantes perspectives.

Dans un même élan, Laurent Castaing, directeur général de STX (chantier naval qui fabrique notamment des fondations pour l'éolien posé en mer) et René Le Vourch invitent l'ensemble des professionnels à travailler ensemble, notamment en impliquant très en amont les PME et ETI, à l'image de ce qui se pratique en Allemagne ou dans la Région Pays de la Loire avec la structure Neopolia, dont les membres partent unis à l'assaut des marchés étrangers, comme l'avait expliqué à la Tribune son président Jean-Claude Pelleteur.

Un enjeu d'industrialisation pour faire baisser les coûts

Ils appellent à une structuration par bassin, technologie ou nation, à ne pas se disperser mais au contraire concentrer leurs efforts. Toutes les façades maritimes sont concernées et les industriels français sont présents sur toute la chaîne de valeur. Ce qui fait dire à leurs représentants : « On a la ressource pour gagner, à condition de collaborer sur l'ensemble du parcours », affirment-ils. L'enjeu d'industrialisation et donc d'économies d'échelles, notamment sur l'éolien flottant que vise à moyen terme un coût de production de l'énergie au dessous de 100 euros par mégawatt, est en effet à ce prix.

Plusieurs appels d'offres attendus

Du gouvernement, qui vient, après des mois d'attente, d'annoncer le prochain lancement d'une deuxième tranche d'appel d'offres pour l'éolien posé, les industriels attendent qu'il « avance sur les décisions déjà prises » et « en prenne d'autres rapidement », pour éviter de se faire devancer par d'autres pays très volontaristes sur les EMR (dont le Royaume-Uni, le Canada, la Chine, etc.).

A court terme, ils se contenteraient déjà d'un deuxième appel à manifestation d'intérêt de l'Ademe sur l'éolien flottant, d'un appel d'offres (déjà promis par le précédent gouvernement) de plusieurs centaines de mégawatts sur l'hydrolien et du véritable lancement de celui sur l'éolien posé, pour lequel le cahier des charges est actuellement en cours d'élaboration.
 

 


 

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Commentaires 24
à écrit le 19/01/2013 à 15:21
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Remerciements à "jean" pour ce commentaire qui change des autres ! Ces "autres" qui sont encore à répéter que le modèle actuel est tenable quelques siècles ! Nous sommes en train de payer notre "indépendance " énergétique par l'intervention dans le S...

le 21/01/2013 à 14:23
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+1, Je serai bien curieux de savoir ou on va trouver nos 90 000 tonnes d'uranium annuel (sans compter les contra d'approvisionnement d'Areva à l'étranger) si Aqmi met la main sur le Nord du Niger.

à écrit le 19/01/2013 à 14:34
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Exactement comme pour les précédentes énergies du futur qui ont fait le bonheur des élus, des fournisseurs étrangers et qu'on a fini par payer les yeux de la tête. Il suffit de voir comment nous allons encore une fois payer au travers d'EDF ce qui n'...

le 19/01/2013 à 23:18
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Simple Citoyen il faudrait peut être mettre à jour vos connaissances qui visiblement datent un peu ;o) Parmi les fournisseurs d'éolien français vous avez entre autres Alstom, c'est un français et d'autres notamment dans les éoliennes flottantes etc e...

à écrit le 19/01/2013 à 13:43
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Pourquoi la Tribune a-t-il censuré l'article Non à l'anarchie et la corruption éolienne qui se retrouve désormais sur ce journal ? http://www.economiematin.fr/les-experts/item/3263-energie-eolienne-loi-batho-brottes

à écrit le 19/01/2013 à 11:14
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Pourquoi pas un million pendant qu'on y est ?

à écrit le 19/01/2013 à 9:15
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Encore un chiffre sorti du chapeau comme bien d'autres ! Mais sur quelles bases ? .,.. 2030 c'est un peu loin pour être crédible dans les chiffres!

à écrit le 19/01/2013 à 7:49
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l'important , c'est le point d'interrogation de votre titre... A comparer, aux milliers d'emplois supprimés dans les industries de base, polluantes, chez nous , pas ailleurs !!!!

le 19/01/2013 à 23:29
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Non les énergies renouvelables qui sont récentes créent bien évidemment beaucoup plus d'emplois locaux que les énergies fossiles et nucléaires. Donc le bilan est très positif, sans compter le potentiel export très élevé. Normal puisqu'elles font appe...

à écrit le 19/01/2013 à 2:06
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Une idée intéressante à plusieurs titres qui peut s'appliquer dans plusieurs sites sans trop d'impact : le vice-Premier ministre belge, Johan Vande Lanotte, a exposé mercredi 16 janvier au comité portuaire de Zeebrugge un projet d?île en forme d?anne...

le 19/01/2013 à 9:07
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C'est le principe des centrales hydroélectriques de montagne qui remonte l'eau vers le barrage de retenue en période creuse...pompage et turbinage sont les 2 mamelles du stockage !

le 19/01/2013 à 14:44
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Rendement faible mais investissement élevé, l'énergie est en quelque sorte payée deux fois, à la production (l'éolien coute cher) et ensuite dans le cycle pompage/turbinage.

le 19/01/2013 à 23:42
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Le taux de charge moyen éolien terrestre + offshore est de plus de 30% en France c'est comparable au rendement d'une centrale nucléaire qui perd beaucoup d'énergie sous forme exothermique quasiment non récupérable. Le rendement d'une step est de l'or...

le 20/01/2013 à 11:37
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Votre prénom est à lui seul l'indication de votre univers intellectuel, donc la querelle de chiffres que cela induit n'aura donc que peu d?intérêt, je récuse les vôtres. Mon intervention visait simplement à énoncer des principes physiques : le pompa...

le 21/01/2013 à 0:52
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@ Gérard Couvert : mon pseudo n'a que peu d'intérêt dans la discussion, vous faîtes diversion, sans doute faute d?arguments vérifiables et crédibles. Le chiffre de 42 euros / MGWh éolien au Brésil, entre autres, est parfaitement exact : http://www.bl...

le 21/01/2013 à 2:25
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"Kévin" vous avez récité votre crédo, très bien, bravo 0 faute, vous eussiez sans doute pu le faire en américain, la novlangue impérialiste de vos maîtres ... à penser. Vous croyez que ma remarque sur votre pseudo était anecdotique, vous vous trompez...

le 21/01/2013 à 23:33
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@ Gérard Couvert : je n'ai fait que répondre à chacun de vos arguments évoqués, tels que les rendements et les coûts avec preuves à l'appui. Si vous connaissez bien le Danemark vous verrez que les danois sont sensibles à l'environnement, à la nature,...

à écrit le 19/01/2013 à 1:20
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Le secteur des énergies marines est effectivement l'un des rares secteurs où l'on n'a pas trop de retard donc on n'a plus le choix vu le potentiel mondial, il ne faut pas le râter celui-là.

à écrit le 19/01/2013 à 0:20
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Ils ont du forcer un peu trop sur le chouchen !

à écrit le 19/01/2013 à 0:18
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Ils ont récupéré l'éolienne tombée au fond de la rade de Brest ?

le 19/01/2013 à 13:40
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Dans la rade de Brest c'est une hydraulienne, pas une éolienne.

à écrit le 18/01/2013 à 22:56
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Blablabla ... Si on n'arrete pas de faire grimper le prix du kWh en France alors nos entreprises iront produire ailleurs. Que les quémandeurs de subventions aux technologies non rentables (sans subvention) se le mettent bien dans l'esprit. Mais quand...

le 19/01/2013 à 1:14
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La plupart des secteurs d'avenir et porteurs sont souvent subventionnés à l'origine (comme le sont toutes les énergies notamment) et deviennent très vite rentables. C'est le cas des énergies renouvelables : l'éolien terrestre est déjà à seulement à 4...

le 19/01/2013 à 8:39
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@Jean : +1, enfin un commentaire pondere avec une certaine vision, ca change des accumulations d'obscurantismes qu'on peut lire plus haut

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