Cleantech : les principaux fonds européens de capital risque réunis par KIC InnoEnergy

Réunir le top 10 des fonds européens de capital risque spécialisés (VC) dans les cleantech au sein d’une même communauté. C’est le tour de force réussi par KIC InnoEnergy. Interview.

Encore peu connue chez nous, l'entreprise européenne KIC InnoEnergy - dont le siège social est basé aux Pays-bas et le fonctionnement financé en partie par l'Institut Européen d'Innovation et de Technologie (EIT) - entend ainsi booster les start-ups qu'elle accompagne. Tandis que les VC partenaires y voient un apport pertinent dans une activité à la fois très technologique, risquée et consommatrice de capital. Entretien croisé avec Frédérique Pedreno, Business Creation Officer France pour KIC InnoEnergy, et Benjamin Wainstain, Directeur d'Investissement chez Demeter Partners, acteur majeur du capital investissement européen dans les éco-industries et éco-énergies.

Cleantech Republic : Comment est-née cette idée d'une communauté ?

Frédérique Pedreno : L'idée est ancienne puisqu'elle faisait partie de la stratégie de KIC InnoEnergy dès sa création, mais il nous fallait faire nos preuves avant de solliciter les meilleurs fonds. C'est-à-dire : avoir une assise européenne, convaincre les meilleurs projets, les meilleures start-up, les meilleurs partenaires scientifiques et grandes écoles de nous rejoindre. Le principe de cette communauté est simple et gagnant-gagnant : nous partageons des informations et des avis sur les start-up du secteurs, et plus largement, nos visions respectives du marché européen des clean-tech.

N'est-ce pas inhabituel dans ce métier ? On imagine les fonds de capital risque plutôt concurrents…

Benjamin Wainstain : Nous sommes dans une concurrence qui n'exclut pas la coopération ! Ce type de réseau existe déjà, au sein du Cleantech Group par exemple. De plus, KIC InnoEnergy concerne surtout des start-up en « early stage », qui auront essentiellement besoin d'amorçage ou de premiers tours. Or la concurrence est clairement moins rude pour ce type de projets qui requièrent des soutiens financiers forts et dans la durée. Nous pensons qu'on est plus intelligent à plusieurs et sommes intéressés à partager des investissements si cela crée des synergies.

Qu'en attendez-vous d'un point de vue opérationnel ?

F.P : Il est toujours intéressant de pouvoir échanger avec les financiers que nos start-ups ont ou vont solliciter. Pour savoir, par exemple, en toute transparence - c'est le sens de la charte qui nous lie - pourquoi un fonds refuse de financer un projet, ou au contraire, connaitre le type de projet qu'il aimerait compter dans son portefeuille. In fine, l'un des enjeux est de maximiser les chances de financement de nos jeunes pousses, et ce, dans un temps plus court puisque les fonds et les entrepreneurs se connaitront déjà. Ce nouveau réseau pourra aussi leur faciliter l'ouverture de marchés à travers l'Europe.

B.W : D'abord, nous trouvons très louable l'envie de KIC InnoEnergy de recueillir l'avis circonstancié des investisseurs sur le long terme. Cette approche augmente effectivement les chances de lever des fonds et peut générer de l'efficacité, c'est-à-dire créer plus de valeur. Côté opérationnel, nous sommes intéressés par un deal flow européen auquel nous n'aurions pas forcément accès car les projets concernés sont très jeunes, parfois même encore dans des labos et/ou dans des pays où nous n'avons pas de représentation. Enfin, même si nous n'investissons pas dans un projet, l'étudier pour donner un avis contribue à notre connaissance du secteur et des différentes technologies en cours de développement.

KIC InnoEnergy considère que le risque d'investissement sera moindre. Qu'en pensez-vous Benjamin Wainstain ?

B.W : Le risque reste toujours très important dans notre activité, surtout en amorçage. Cependant, il est probable que la relation sur le long terme avec les porteurs de projets et l'évolution de leur business model en fonction des retours des fonds, permettent effectivement de réduire partiellement certains risques. En tout cas, cela crée indéniablement des conditions d'évaluation plus "confortables" pour nous.

Quels sont les termes plus formels de cet accord ?

F.P : Comme je vous le mentionnais, nous avons signé une charte qui prévoit notamment le partage de notre deal-flow, l'engagement des fonds à étudier nos dossiers et à donner une réponse sincère et détaillée, ou encore l'obligation d'informer leurs confrères en cas d'intérêt pour un dossier. Bien sur, les fonds partenaires auront un accès privilégié aux start-up que nous accompagnons dans la « Highway », notre accélérateur européen. Enfin, les membres pourront participer aux évènements organisés par KIC InnoEnergy, comme par exemple notre Business Booster - prochaine édition les 23 et 24 octobre 2014 à Barcelone - au cours duquel ils pourront côtoyer les entrepreneurs.

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Les fonds de la communauté KIC InnoEnergy

  • ABB VC
  • Aster Capital
  • Capricorn Venture Partners
  • Demeter Partners
  • Emerald Technology Ventures
  • Espirito Santo Ventures
  • Icos Capital Management
  • Inversiones Financieras Perseo
  • MVP

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Demeter Partners en bref…

  • Création : 2005
  • Activité : Capital développement, capital risque, et amorçage dans le secteurs des éco-industries et des éco-énergies.
  • Portefeuille : 45 investissements
  • Fonds d'amorçage : 9 investissements depuis sa création (sept. 2012)

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KIC InnoEnergy en bref…

  • Création : 2010
  • Activité : soutien de start-up à fort potentiel et d'innovations technologiques dans le domaine des énergies durables, afin d'assurer la compétitivité mondiale de l'Europe.
  • Présence : Pays-Bas, Benelux, France, Allemagne, Espagne, Portugal, Pologne, Suède.
  • Moyens : 700 millions d'euros sur 2011-2015 (apportés par les membres fondateurs et l'UE)
  • Partenaires (non exhaustif) : Areva, Schneider Electric, Total, EDF… ainsi que des centres de recherche et de formation tels que le CEA, Grenoble INP, Grenoble Ecole de Management, l'INSA de Lyon…

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Cleantech Republic

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Commentaire 1
à écrit le 19/03/2014 à 21:22
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Dommage que ces fonds ne soient pas ouverts au grand public, soit directement avec déduction fiscale pour les risques relatifs, soit par cotation en bourse.

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