« Certaines villes se vantent d'actions environnementales qui sont en fait obligatoires »

Un périple cycliste à la découverte des initiatives « durables » menées sur le littoral français. C’est le défi que s’est lancé cet automne Jean-Charles Pentecouteau, déjà à l’initiative du festival Deauville Green Awards. Partie de Deauville le 15 septembre, son opération « Un Vélo pour la Planète » s’est achevée le 3 octobre à Nice. Ce sportif engagé nous présente ses coups de cœur et ses déceptions tout au long d’un parcours de quelques 3 000 kilomètres.

Cleantech Republic : A l'issue de votre périple, distinguez-vous des particularités régionales en matière de pratiques durables ?

Jean-Charles Pentecouteau : Chaque territoire présente ses caractéristiques même si la proximité de la mer offre de nombreuses préoccupations communes si l'on pense à la gestion de la faune marine par exemple. La question souvent posée est de savoir comment allier préoccupations économiques et environnementales. Les entretiens effectués en Normandie illustrent assez bien cette problématique. Confrontée à la prolifération des algues vertes, le maire de Grandcamp-Maisy m'a confié être totalement dépassé notamment d'un point de vue logistique lors des épisodes aigües du phénomène.

L'industrie porcine est pourtant bien responsable de cette prolifération...

Des études réalisées avec le concours du CNRS démontreraient que cette dernière n'est pas forcément à l'origine de cette pollution mais qu'elle serait plutôt due à des phénomènes naturels. Dans bien des cas, l'incrimination des acteurs économiques relèverait plus des sentiments de peur de la population que d'impacts bien visibles. Cependant, certains projets font bien peser de réelles menaces. L'association Le Peuple des Dunes de Trégor en Bretagne milite ainsi contre l'extraction du sable coquillier. Une telle action pourrait faire fuir les poissons avec des conséquences catastrophiques pour la pêche et de ce fait, pour les emplois locaux.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets d'initiatives locales pertinentes que vous avez découvertes sur votre parcours ?

Je citerais deux initiatives qui démontrent que la mise en place de bonnes pratiques durables peut parfaitement s'intégrer aux exigences économiques. Tout d'abord la gestion du port de Lorient. Une attention particulière est portée à l'entretien des bateaux ainsi qu'à la transformation des déchets de la pêche ce qui n'empêche pas le site - deuxième port de pêche français - d'être viable. Ensuite, dans la région Poitou-Charentes, l'entreprise ARC Environnement s'est lancée dans le recyclage des bateaux de plaisance hors d'usage. Les composants revalorisés réintègrent ainsi l'industrie nautique sous forme de matière première secondaire.

Et pour les non professionnels de la mer...

En matière de promotion du littoral, un événement a occupé une place importante dans la thématique du parcours : la Fête de la Corniche. De Ciboure à Hendaye, sept kilomètres de côtes redeviennent accessibles à tous au cours d'une journée. Co-organisée par l'association Surfrider Foundation Europe, de nombreuses activités ont eu lieu pour sensibiliser les différents publics à la sauvegarde et à la gestion durable du littoral. A en croire le nombre de participants, entre 20 et 30000, il faut croire que les messages souhaitant être véhiculés rencontrent un franc succès.

A l'inverse, avez-vous été déçu par l'action de certaines collectivités ?

Certaines villes présentent leurs avancées en matière environnementale de manière proactive alors même qu'elles sont dans l'obligation de le faire. Cela relève  d'opérations de communications plutôt décevantes. Dans les faits, il est néanmoins difficile de tirer des conclusions hâtives sur l'engagement des différents acteurs confrontés au règlement de ces questions.

Certains interlocuteurs ont-ils refusé de vous rencontrer ?

C'est toujours un peu décevant lorsque l'on se déplace d'essuyer des refus. Rencontrer des interlocuteurs travaillant pour AREVA ou EDF aurait pu permettre une confrontation de points de vue sur le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest par exemple. A ce titre, j'ai néanmoins pu échanger avec le laboratoire associatif d'analyse de la radioactivité de l'Ouest ACRO qui affiche une totale indépendance en termes de mesures.

Estimez-vous avoir réussi votre pari ?

Complètement ! Le vélo a eu un fort impact en matière de création de lien social. Ce Tour a ainsi confirmé l'attrait des gens pour ce mode de transport à travers l'existence d'une multitude de pistes cyclables dont est doté le territoire. J'ai pu ainsi emprunter une portion de la Vélodysée, cette véloroute de 1400 km longeant l'Atlantique jusqu'au Pays Basque.

Aucune ombre au tableau donc sur ce parcours...

Quelques aléas ont en effet ponctués le trajet ! La traversée de Palavas les Flots s'est ainsi effectuée sur des pistes cyclables complètement inondées au lendemain d'intempéries violentes dans la région. Certaines étapes ont aussi été très longues, telle que celle reliant Brest à Concarneau avec 260 km ! J'ai été heureusement bien entouré médicalement et moralement. Je pense particulièrement à la quarantaine de personnes m'attendant à Trébeurden dans les Côtes d'Armor. Partout, une certaine synergie a opéré.

Comptez-vous renouveler l'opération l'année prochaine ?

Compte tenu du succès de cette première édition, je pense organiser un second parcours sur la Route des Vins en passant par des régions comme les Pays de la Loire, la Champagne, la Bourgogne ou l'Alsace. Ce sera l'occasion de parler d'autres problématiques comme la biodynamie et l'agriculture raisonnée

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« Un Vélo pour la Planète » en quelques chiffres :

  • Distance totale : 3000 km
  • 7 régions traversées : Normandie, Bretagne, Poitou Charentes, Aquitaine, Provence Alpes Côte d'Azur
  • Nombre d'étapes : 17
  • Rythme : 180 km/j ; 20 à 25 km par heure en moyenne
  • Dates : 15 septembre (Deauville) au 3 octobre (Nice)
  • Site officiel : Un vélo pour la planète

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Bio express de l'auteur

Contributrice de Cleantech Republic, Colette Alcaraz est diplômée de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS).

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