Bâtiments connectés : Intent Technologies en passe de s'imposer

Découverte par latribune.fr en 2013, Intent Technologies n'a pas perdu de temps : déjà 200 000 logements sont connectés à sa plateforme. La mayonnaise prend et la start-up semble réussir à embarquer avec elle toute la filière française et bientôt européenne. Le point avec Benjamin Ulrich, co-fondateur, qui réalise sa 3ème levée de fonds.

Cleantech Republic : En quelques mots, rappelez-nous votre service de bâtiments connectés...

Benjamin Ulrich : Nous proposons de connecter les bâtiments de nos clients. Pourquoi connecter les bâtiments ? D'abord pour optimiser l'exploitation et l'efficacité des contrats avec en ligne de mire une baisse des charges. Et aussi pour faciliter la distribution de services numériques adaptés à chaque usager du bâtiment, chaque habitant... Pour faire un parallèle, notre marché est en train de vivre la même transformation que dans l'automobile avec la voiture connectée. Pour accompagner nos clients dans cette transformation, nous avons créé une plateforme logicielle dédiée au bâtiment, dénomée IntentOS. Elle permet de partager entre tous les acteurs de l'écosystème (gestionnaires de parc immobilier, prestataires de service, fabricants d'équipements connectés, etc.) un même socle technique facilitant l'exploitation et le partage de données puis la distribution de services à travers un store d'application utilisable par les professionnels et comme par les particuliers.

Un exemple illustrant votre activité ?

Le bailleur social Habitat du Nord nous a demandé de connecter initialement une quarantaine de logements pour offrir à ses locataires des services de maîtrise de leurs consommations énergétiques, ainsi qu'une aide au maintien à domicile pour les personnes âgées. Aujourd'hui, le gestionnaire peut également optimiser l'exploitation de tout son patrimoine immobilier (10 000 logements) grâce à des alertes sur ses bâtiments directement partagées avec ses prestataires et ses locataires (en provenance de services et équipements disponibles tels que le chauffage collectif, le comptage d'eau, l'ascenseur, la sortie des poubelles...).

Vous annoncez 200 000 logements connectés en trois ans seulement. Comment expliquez-vous une telle croissance alors que la domotique peine encore à décoller ?

Précisons d'abord que nous adressons en priorité le marché du logement existant et géré. Nous nous adressons encore peu au secteur tertiaire et pas aux particuliers. Nos clients sont donc principalement des bailleurs sociaux, des investisseurs institutionnels, des gestionnaires de parcs et bientôt des syndics de copropriété. Je pense que la réussite vient surtout de notre capacité à comprendre et à connecter l'écosystème complexe du bâtiment. Par exemple, nous avons rapidement identifié pourquoi les gestionnaires ne passaient pas à l'acte, tout en étant parfaitement conscients de l'intérêt de connecter leurs bâtiments. Quelle norme choisir ? Les équipements physiques seront-il compatibles ? Où seront mes données ? Comment les rapatrier ? quels services ? Pour eux cela fait beaucoup de questions à régler. Plutôt que d'attendre une hypothétique standardisation nous avons choisi de faire le boulot !

Comment évolue votre modèle économique ?

Au début, en phase d'évangélisation du marché, nous avons dû équiper nous même quelques bâtiments. Aujourd'hui, nous distribuons encore les équipements de nos partenaires afin d'offrir un "one stop shopping" à nos clients. Mais le modèle principal est celui du logiciel en SaaS (ndlr : Software as a Service, logiciel intégralement en ligne). Le tarif de l'abonnement annuel varie en fonction de la valeur ajoutée de la plateforme pour chaque type d'acteur, et selon l'unité de compte de son métier (par logement, par m2, par puissance...). Ainsi, un gestionnaire et un exploitant vont payer typiquement entre 1 et 3 € par logement et par an. Les habitants peuvent ensuite accéder aux applications gratuites ou payantes, selon la volonté de nos clients et des fournisseurs de services. Nos revenus dépendent donc du cumul des ces rétributions, ce qui nous pousse à fédérer un maximum d'acteurs.

Comment voyez-vous l'avenir ?

Plutôt sereinement car le principe même de plateforme commune génère de la viralité et s'auto-consolide. Pourquoi allez voir ailleurs si tous les acteurs sont là ? De plus, nous signons des contrats de longue durée, entre 5 et 15 ans ! Nous prévoyons 1 million d'euros de chiffre d'affaires récurent à fin 2015. A plus long terme, nous visons 4 à 7% de part de marché en France (ndlr : sur un marché estimé entre 500 M€ et 1 Mrds€ à moyen terme), et souhaitons nous développer en Europe du Nord. Nos besoins en fonds propres vont donc augmenter rapidement. C'est pourquoi nous menons actuellement notre 3ème levée de fonds (3 M€) qui nous permettra de consolider notre place et d'atteindre l'équilibre dès 2016.

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Intent Technologies en bref

  • Création : 2011
  • Effectifs : 21 personnes
  • Chiffre d'affaires 2014 : 1,4 million d'euros
  • Références : Dalkia, COFELY, IDEX, Pas de Calais Habitat, Bouygues Construction, Total, Poste Immo, GDF...

Cleantech Republic

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Commentaire 1
à écrit le 15/02/2015 à 8:37
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C'est vraiment innovatrice et je félicite les concepteurs mais je reste sceptique face à une électronisation de ce niveau et encore moins les connexions sans fil type wifi ou bluetooth qui utilisent les mêmes fréquences que les four à micro-ondes. Je...

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