L'Europe peut miser sur les bioplastiques

Les ventes de ces matériaux d'origine végétale et biodégradables, déjà en forte hausse, pourraient s'envoler sous l'effet de certaines réglementations.

Coton-Tige, gobelets, sacs poubelles, et même os à ronger pour chiens... on peut faire de tout, ou presque, à partir de bioplastiques. Les ventes de ces derniers, fabriqués à partir de céréales ou de fécule de pomme de terre, croissent à la faveur des préoccupations écologiques des consommateurs et des réglementations encourageant les matériaux produits à partir de ressources renouvelables. L'Italie a ainsi banni l'usage de Coton- Tige non biodégradables pour éviter l'obstruction des canalisations.

D'origine végétale à au moins 40 %, ces matériaux sont biodégradables. L'humidité, la chaleur et l'oxygène favorisent leur décomposition par des micro-organismes présents dans la nature. De quelque 500 tonnes en 1990, la capacité de production mondiale est passée à 350.000 aujourd'hui, dont 150.000 pour l'Europe. Novamont, leader européen du marché, connaît une croissance annuelle de 15 à 25 %. « Nous nous focalisons sur des produits qui présentent des problèmes de fin de vie, car ils ne sont aujourd'hui pas recyclés », précise Christophe Doukhi de Boissoudy, directeur général de Novamont en France et président du Club des bioplastiques. Pas question, en effet, de « polluer » des filières de recyclage bien établies en y introduisant des objets fabriqués dans des matériaux différents et nécessitant, de ce fait, un traitement distinct.

Il faut aussi que le produit ait un réel intérêt d'usage. Ainsi le « paillage » agricole constitue l'une des principales pistes de développement. Cette technique consistant à protéger les plantations contre les mauvaises herbes requiert de grandes quantités de films plastiques. Lorsque ceux-ci sont d'origine chimique, ils doivent être retirés une fois les plantes parvenues à maturité.

« prendre le train à temps »

Aujourd'hui, les bioplastiques ne représentent que 0,2 % du marché global des plastiques. En raison de leur prix qui, même s'il a beaucoup baissé, reste de deux ou trois fois plus élevé que celui du plastique traditionnel. Mais la profession vise une part de marché de 5 à 10 % d'ici à 2015 en Europe et mise notamment sur... les sacs poubelles. D'origine végétale, ils permettraient, en effet, un compostage de qualité. Cette « biodégradation optimisée » des déchets organiques autorisant leur retour au sol est aujourd'hui nettement plus développée en Italie du Nord, en Allemagne, en Scandinavie ou au Royaume-Uni, mais pourrait bientôt s'étendre en France (voir encadré). Avec sa chimie et son agriculture, le pays possède de sérieux atouts pour développer une industrie bioplastique. Pourtant, c'est en Italie que Novamont oeuvre aujourd'hui, « près des lieux de transformation et de consommation ». Et l'Allemagne pourrait tirer profit de ses grandes plantations de pommes de terre de l'Est pour investir le marché. Mais c'est la Chine qui apparaît la plus menaçante. Si, pour l'heure, la technologie occidentale conserve une longueur d'avance, « il faut que l'Europe prenne le train à temps », insiste Christophe Doukhi de Boissoudy. n

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Commentaire 1
à écrit le 23/02/2010 à 21:08
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J'étais ignorante du nom de la bioplastique, bien évidemment c'est un produit qui intéresse " le genre humain ". Qu'est-ce qui retient les politiques au pouvoir d'avoir sur notre sol cette industrie ? des accords avec la Chine ? ce serait un peu fort...

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