La croissance verte n'est pas un remède miracle à la crise

Une étude, présentée mardi, détaille les freins qui ralentissent l'essor des éco-industries en France et liste des pistes permettant aux entreprises de les surmonter. Mais le nombre d'emplois créés ne devrait pas dépasser 200.000.

La croissance verte n'apportera pas de solution miracle à la crise économique, et son impact serait loin d'atteindre les 600.000 créations d'emplois évoquées en juin 2009 par le Boston Consulting Group (BCG) et rappelées depuis à l'envi par le gouvernement. Dans une étude rendue publique mardi, le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger établit un constat plus cohérent avec les 200.000 emplois calculés en janvier par le Conseil d'orientation pour l'emploi.

Chiffres à l'appui, les consultants mettent en évidence des prévisions surestimées ou au minimum anticipées dans le temps pour les filières vertes. Ils constatent que dans leur grande majorité, les entreprises se contentent de transformer légèrement leur offre sans modifier en profondeur leurs modèles économiques. Pour 76 % d'entre elles, cela représente moins de 10 % de leur chiffre d'affaires.

À leur décharge, elles sont confrontées à de nombreux obstacles. Les technologies « vertes », bien que pléthoriques et souvent peu éprouvées, ne constituent pas le principal frein. Plus problématique est le hiatus entre les attentes exprimées par les consommateurs, leur comportement et l'offre des entreprises. Un manque de professionnalisation, de coopération et de coordination nuit par ailleurs à l'élaboration de véritables filières industrielles. En termes de financement, l'étude souligne une multiplicité de solutions, la complexité et le manque de lisibilité des critères d'éligibilité ou encore la frilosité des assureurs.

La réglementation, moteur historique de la croissance verte, souffre d'un manque de visibilité dans la durée et pose la question du choix des filières stratégiques.

Compétitivité et rentabilité

Mais, rappellent les experts de Roland Berger, c'est la capacité des entreprises à prendre le relais d'une réglementation favorable en développant des offres compétitives et rentables qui peut seule résoudre les blocages constatés. Elles y parviendront notamment en s'engageant sur des résultats, comme dans le cadre de contrats de performance énergétique. Ou en simplifiant leur offre, par exemple, dans la construction durable, en regroupant différents corps de métiers au sein d'une même solution proposée au consommateur. Mais aussi en mettant mieux en lumière les bénéfices pour le client des produits ou services « verts » en intégrant l'investissement de départ et les économies réalisées au fil du temps dans un « coût complet ». Autres pistes, mettre des démonstrateurs à disposition des prospects, impliquer un tiers neutre dans l'évaluation de leurs solutions, proposer systématiquement une offre « verte » en parallèle d'une offre standard, ou offrir une assistance à la « navigation » dans les méandres de la réglementation. L'étude mentionne aussi le partage des risques au sein de partenariats et le développement de services en complément des équipements.

En termes sectoriels, Roland Berger croit surtout au solaire à concentration, au véhicule électrique et à la biomasse pour créer des emplois locaux. Aux entreprises françaises de ne pas laisser passer ces opportunités !

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