L'écologie industrielle entre dans les moeurs

À Dunkerque, sous l'impulsion de l'association Ecopal, 266 entreprises mutualisent la collecte de leurs déchets et se les échangent, en partie comme matière première.

Créé en 2001 sous l'impulsion d'Arcelor, d'Ascométal et de Gaz de France, Ecopal est un pionnier de l'écologie industrielle. Avec près de 300 adhérents, des entreprises auxquelles s'ajoutent quelques organismes et institutionnels locaux, cette association insuffle sur tout le Dunkerquois une nouvelle culture industrielle axée sur développement durable local. Car c'est bien là tout l'enjeu de l'écologie industrielle.

Collecte mutualisée

Le système industriel est considéré comme un écosystème naturel qui échange ses matières, ses énergies et ses informations.

Rien ou presque ne doit se perdre grâce à la collaboration des entreprises entre elles. Elles échangent les informations, organisent des transferts énergétiques, mutualisent des services et réutilisent les déchets industriels de leurs voisins dans leur cycle de production.

« Ecopal change progressivement leurs habitudes pour le plus grand bénéfice de notre territoire qui renforce ainsi sa compétitivité et son attractivité », se félicite Yannick Vissouze, directeur du développement économique et du tourisme de la communauté urbaine Dunkerque Grand Littoral. C'est un travail de longue haleine qui n'aurait aucune chance d'aboutir sans l'adhésion des acteurs locaux du développement économique. Pour mener à bien sa mission, Ecopal est soutenue par la communauté urbaine, la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Côte d'Opale, la Région, le département du Nord, l'Ademe, la Dreal et la préfecture du Nord?Pas-de-Calais.

« Dunkerque est l'agglomération industrielle française la plus avancée en matière d'économie circulaire. Plusieurs villes telles que Marseille et Le Havre la sollicitent pour témoigner de ses actions », avance Antoine Bousseau, président d'Ecopal et directeur régional de la Lyonnaise des Eaux.

La centrale électrique DK6 est souvent citée en exemple. D'une puissance de 790 mégawatts, elle fonctionne alternativement tantôt au gaz naturel et tantôt avec les gaz issus des hauts-fourneaux d'ArcelorMittal. Le sidérurgiste valorise également 90 % de ses laitiers de fonte auprès des cimentiers. La chaleur produite par ses ateliers sert à chauffer 15.000 logements à Dunkerque via des canalisations d'eau.

Le précurseur ArcelorMittal a ensuite fait des émules avec Ecopal. En 2009, l'association a organisé la collecte mutualisée de 100 tonnes de papiers et cartons, 6 tonnes de DTQD (les déchets toxiques en quantités dispersées) et 26,5 tonnes d'archives confidentielles. Plus d'une centaine d'entreprises participent à au moins l'une de ces actions.

D'autres synergies sont aussi en cours d'expérimentation. « Nous avons recensé 5.000 flux de matières pour un poids total annuel d'environ 15.000 tonnes », indique Agnès Delamarre, responsable chez Ecopal d'un inventaire détaillé des flux réalisé auprès de 147 entreprises. Plus de 130 flux de matières, d'eaux et d'énergies ont été identifiés et une cinquantaine d'entreprises se sont engagées à tester d'ici fin 2011 plusieurs solutions originales d'échanges et de mutualisation. Se met également en place une collecte de déchets fermentescibles qui seront traités dans une unité de biométhanisation à Calais. Une dizaine d'entreprises gèrent conjointement un dispositif d'assainissement avec séparateurs d'hydrocarbures. Différents usages de déchets de non tissés sont actuellement à l'essai. Enfin, d'autres déchets sont pressentis pour servir au revêtement de pièces métalliques.

A Dunkerque, l'écologie industrielle est déjà bien plus qu'un concept. n

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