Dépolluer par les plantes pour reconquérir le foncier

Les chercheurs de l'Ineris ont présenté une expérience écologique concluante prouvant qu'on peut dépolluer des sols par la simple intervention végétale.

Stations-services désaffectées, anciens sites d'usines chimique ou sidérurgiques, anciens garages, entrepôts divers, toutes les zones qui ont subi pendant des années une activité humaine polluante se sont transformées en sols très dégradés. Sans oublier les millions de tonnes de déchets industriels collectés chaque année et souvent simplement entreposés sans plus de traitement, dans des sites confinés. Or les plantes peuvent devenir de formidables auxiliaires pour dépolluer de façon pérenne et écologique ces sites, ont expliqué hier mardi, au cours d'une conférence de presse à Paris, des chercheurs de l'Institut national de l'environnement et des risques (Ineris).

En France, 200 ans d'activités industrielles ont laissé de nombreuses traces, qui, à l'heure où émerge la question environnementale, ne laisse d'inquièter les opinions publiques. C'est pourquoi la loi portant engagement pour l'environnement (loi Grenelle 2) fait obligation aux pouvoirs publics de poursuivre le recensement et la cartographie des sites et sols pollués et leur impose de privilégier « les techniques de dépollution par les plantes » baptisées techniques de phytoremédiation.

Deux herbacées

C'est dans ce contexte que l'Ineris a présenté mardi les résultats de ses recherches menées en collaboration avec l'école des mines de Douai (Nord) et cofinancées par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et l'Union Européenne. Sur des parcelles expérimentales prédéterminées, les chercheurs ont déversé des sédiments pollués par divers produits - cadmium, zinc, arsenic ou encore plomb. Dans certaines de ces parcelles, ces sédiments ont été laissés à l'état brut pour servir de témoins. Dans d'autres, ils ont été mélangés (« amendés » selon la terminologie scientifique) à des produits spécifiques afin de combiner leur action à celle des plantes. Les parcelles restantes ont été soumises à la simple action des plantes, en l'occurrence deux herbacées « communes en Europe du Nord » selon Valérie Bert, ingénieur à l'Ineris et responsable de l'étude, la fétuque et la canche. Les résultats sont concluants. Dans les parcelles traitées avec ces deux herbacées, les polluants ont été « absorbés par les racines des plantes » qui les ont fixés, empêchant à la fois leur dilution dans les sols et leur migration vers d'autres végétaux. Cerise sur le gâteau, la végétation nouvellement formée « est pérenne », relève Valérie Bert. L'intérêt de ces techniques est évidemment écologique. Mais il peut être également économique. Les sols ainsi traités peuvent par la suité être exploités sans danger de contamination. In fine, « on aboutit à la valorisation du foncier », notent les chercheurs de l'Ineris. Une nouvelle façon, en somme, de faire rimer écologie et économie.

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