Vers une nationalisation complète de Lloyds Group et RBS

Les appels à la nationalisation complète de Lloyds Group et de Royal Bank of Scotland se multiplient en Grande-Bretagne. Alors que le secteur bancaire demeure historiquement bas en Bourse, de sérieuses voix se font entendre pour demander d'en finir avec l'incertitude actuelle.John McFall, député travailliste et président du comité parlementaire sur le Trésor, et Jon Moulton, le fondateur du fonds de private equity Alchemy Partners, ont jeté un pavé dans la marre dans une tribune publiée dans le « Financial Times ». « Les choses vont mal ? sans précédent ? et nous devons donc envisager des actions radicales, qui auraient été considérées lunatiques il y a un an. » Ils estiment que Lloyds Group et RBS, désormais possédées par Downing Street à 43 % et 70 %, sont actuellement prises en étau?: d'un côté, le gouvernement leur ordonne d'augmenter leurs prêts, de l'autre les actionnaires veulent qu'elles maximisent leurs profits. « La probabilité du succès du modèle ?presque nationalisée' est faible. (?) S'il faut les nationaliser, le plus tôt sera le mieux. »Pour l'instant, Gordon Brown et les dirigeants des banques refusent cette solution. Mais le dévissage boursier ne leur laissera peut-être pas le choix. Les actions bancaires, bien qu'elles aient réduit leur chute en fin d'après-midi, restent à des niveaux dangereusement bas. EffondrementLa capitalisation boursière de RBS est sous la barre des 5 milliards de livres, soit le quart de la recapitalisation opérée en novembre?! Celle de Lloyds Group est de 7,4 milliards, deux fois moins que les 17 milliards injectés par l'État. Quant à Barclays, elle vaut 5,5 milliards, alors que les fonds souverains d'Abou Dhabi et du Qatar viennent d'injecter plus de 7 milliards.« Les marchés ne sont pas d'humeur à croire ce que les banques disent?: mais pourquoi le devraient-ils?? », s'interroge Simon Denham, directeur de Capital Spreads. L'annonce, lundi, par RBS, que sa perte pourrait s'élever à 28 milliards de livres (31 milliards d'euros) a provoqué un vent de panique. Barclays, qui avait tenté de rassurer, vendredi, en affirmant que son bénéfice 2008 serait supérieur au consensus des analystes de 5,3 milliards de livres, n'a visiblement pas convaincu. « Il y a une vraie peur des actionnaires, qui craignent une nationalisation », estime Simon Maughan, de MF Global Securities.Quant au plan de sauvetage bancaire présenté lundi par Downing Street, il n'a pas eu non plus le moindre effet sur les marchés. Le principal problème est qu'il reste d'importantes interrogations sur les détails de l'aide. Quel sera le niveau de l'assurance gouvernemental sur les actifs toxiques?? À quel prix??Bien entendu, la nationalisation complète des banques apporte aussi de graves dangers. La dette publique ferait un bond (peut-être à 300 % du PIB), risquant de faire baisser la note souveraine de l'État britannique. Les banques nationalisées pourraient également prêter trop facilement, provoquant une nouvelle bulle. « Mais les choses vont si mal que la moins pire solution est d'accepter la nationalisation », répondent John McFall et Jon Moulton. n
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